Le Port de Marseille-Fos annonce investir 550 millions d’euros pour développer la production d’éoliennes flottantes à Fos-sur-Mer. D’ici fin 2028, ce projet baptisé « Deos » doit transformer le port en « hub majeur » de l’éolien offshore.
« La réinvention d’un espace portuaire doit réconcilier trois grands axes d’action : la souveraineté, la réindustrialisation et l’écologie ». Ces mots de Christophe Castaner, empruntés au président de la République lors de sa visite à Marseille en juin dernier, ont introduit ses vœux le 18 janvier dernier.
En exposant sa vision, le président du conseil de surveillance du Port de Marseille-Fos veut transformer le modèle économique, majoritairement basé sur les hydrocarbures, pour « devenir un port multi-énergies dans sa capacité de développement et de production ».
L’ancien ministre de l’Intérieur d’Emmanuel Macron annonce, de fait, lancer le projet « Deos » pour accueillir des industriels de l’éolien flottant sur la zone industrialo-portuaire (ZIP) de Fos-sur-Mer d’ici fin 2028. Propulsé par la mise en service de la ferme d’éoliennes flottantes Provence Grand Large début 2024, ce projet vise à dégager 120 hectares de terrains disponibles, autant pour la logistique que la production des éoliennes offshore.
Trouver des cofinancements pour Deos
Concrètement, le port a identifié 80 hectares sur la ZIP de Fos pour construire une plateforme logistique, adossée à un linéaire de 1000 mètres à quai. En mer, 40 à 50 hectares seront également sanctuarisés pour le stockage. Ces aménagements sont chiffrés à 550 millions d’euros.
Le port ne peut assumer seul cet investissement. Ses dirigeants veulent ainsi capter de l’argent public pour éviter d’attirer des financements privés étrangers qui remettraient en jeu la souveraineté que doit porter ce projet.
Hervé Martel, le président du directoire du port, a donc annoncé « postuler à un appel d’offres qui sera lancé dans les prochaines semaines par l’État avec 100 millions d’euros de subventions à la clé au niveau national pour structurer l’infrastructure portuaire nécessaire à l’implantation et au développement de cette filière sur la zone de Fos ».
Des éoliennes pour relancer l’activité économique du port
Le projet « Deos » doit « répondre aux besoins du marché national sur l’ensemble de la façade méditerranéenne mais aussi d’une partie des pays limitrophes », explique le communiqué de presse. Chaque année, 25 éoliennes intégrées (c’est à dire une éolienne complète : le flotteur, la nacelle, la tour et le rotor) et 50 flotteurs pourraient être construits.
Ces projections impliqueraient la création de 1500 emplois pour la construction de caissons et 200 emplois pour l’intégration des éoliennes. De plus, la construction de flotteurs en béton devrait générer des besoins d’approvisionnement de 500 000 tonnes de vrac (matières premières) et 15 000 à 20 000 tonnes d’acier.
Ces futurs imports pourraient permettre au port de Marseille-Fos de relancer sa filière de vracs solides (acier, béton…) en chute de 24% entre 2022 et 2023 en raison de la hausse des coûts de l’énergie et de la baisse des importations d’Arcelor Mittal (-22%).
Le calendrier fixé
Au cours de l’année 2024, le port de Marseille va mener une concertation publique, au même titre que les autres grands projets de réindustrialisation et de décarbonation sur Fos : l’usine de panneaux photovoltaïques Carbon ou l’usine de production d’acier bas carbone GravitHy.
Au terme de ce débat avec la population et les associations, l’instance portuaire pourra acter un plan d’investissement avant de lancer les travaux au deuxième semestre de 2026.
Si le calendrier est tenu, le projet « Deos » devrait sortir de terre en 2028, deux ans après Carbon et la même année que GravitHy, pour faire de Fos-sur-Mer une terre de décarbonation.