Freeman, Faf Larage et 3e Œil… la scène hip-hop marseillaise se mobilise pour l’Après M

Le vendredi 15 septembre prochain, rendez-vous pour un grand concert de hip-hop en soutien à l’Après M, restaurant solidaire des quartiers Nord, neuf mois après son ouverture.

« Peace, Love & Unity » : c’est le nom du premier grand concert de soutien organisé par l’Après M, fast-food social et solidaire du 14^e arrondissement de Marseille, neuf mois après son ouverture en décembre dernier.

Une vingtaine d’artistes et DJ de la scène hip-hop marseillaise, toutes générations confondues, se réunissent pour apporter leur soutien à ce restaurant autogéré qui œuvre pour la paix sociale en luttant contre la précarité alimentaire et pour l’emploi. Parmi eux, Freeman, ex-IAM, DJ Daz, Faf Larage, ou encore Boss One du groupe 3e Œil ont répondu présents.

« On aurait aimé inviter encore plus de monde, ça promet d’être une sacrée soirée ! », lance Kamel Guémari, président bénévole et ancien salarié syndicaliste du McDo de Sainte-Marthe. L’événement sera le « premier de cette ampleur-là, c‘est une première pour nous. On est fiers que tous ces artistes portent les valeurs et l’honneur de l’Après-M à travers leurs mots et leur musique », dit-il depuis l’Après M, entouré de quelques artistes présents.

Avec cette proposition culturelle, « on avait envie d’apporter des réponses qui tendent la main à la jeunesse de nos quartiers en lui proposant de venir partager un temps avec nous, explique Fathi Bouaroua, co-fondateur de l’Après M. Nous voulons montrer que l’Après M est plus qu’un fast-food, qu’il a une ambition plus large ».

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Une deuxième levée de fonds

« Mais c’est important aussi de parler des difficultés qu’on rencontre, pour que les gens viennent après apporter leur soutien », reprend le co-fondateur. L’équipe de l’Après M profitera de cette manifestation pour lancer un appel aux dons dans le cadre d’une levée de fonds, qui visera à financer de nouveaux projets dans cette « ZAD, pour  »zone à développer », et non pas à défendre », comme aime à le rappeler Fathi Bouaroua.

Car à ce jour, même si son activité est en progression constante, la structure se trouve à 75% de son point d’équilibre financier. Un manque à gagner de 25 000 euros par mois environ, compensé jusqu’à maintenant par les dons et les adhésions de 3 000 personnes ayant acquis une part des locaux, lors de la phase de financement participatif  »La part du peuple » en mai 2020. La Ville s’était finalement portée acquéreuse du lieu en juin 2021.

Aujourd’hui, l’Après M sert en moyenne entre 150 et 200 repas par jour. Or, « il en faudrait entre 250 et 300 pour atteindre l’équilibre, soit un chiffre d’affaires journalier de 3 200 à 3 500 euros », selon Fathi Bouaroua. Ce dernier cite les travaux sur le rond-point qui rend l’accès difficile, la concurrence et la perte de pouvoir d’achat des habitants du quartier comme les difficultés principales auxquelles fait face le restaurant.

L’insertion et l’aide alimentaire coûte que coûte

Si l’Après M a pu obtenir le soutien de la Ville de Marseille et de l’État, des associations syndicales et collectifs militants, il peine à décrocher des aides financières auprès des collectivités en charge de l’économie locale et de l’aide au développement économique, malgré un dépôt de dossier à la Région Sud. La structure ne peut donc pas pour le moment demander de prêts financiers.

« Notre pari, c’est d’arriver à faire en sorte qu’un système économique comme celui-ci soit capable, avec ses excédents, de nourrir les gens du quartier, et de poursuivre tout le travail de distribution alimentaire et d’entraide », rappelle le co-fondateur de la Société coopérative d’intérêt collectif (Scic).

En seulement neuf mois, le restaurant, qui emploie 35 salariés, a néanmoins tenu son projet de devenir un restaurant d’insertion, et distribue une aide alimentaire aux 600 à 800 familles tous les lundis, dans le Village des initiatives d’entraide (V.I.E) à l’extérieur de l’Après M. Il assure aussi la livraison à domicile pour les personnes âgées et celles à mobilité réduite.

« De futurs ‘Enfoirés’, un peu comme les Restos du Cœur »

En organisant ce premier concert de soutien, Kamel Guémari espère « pourquoi pas, lancer de futurs Enfoirés, un peu comme les Restos du Cœur, qui passent une période difficile avec l’inflation. On est de leur côté, il faut combattre la misère ! ». L’équipe attend 1 000 spectateurs pour cet événement qui aura lieu sur le parking devant le restaurant, piétonnisé pour l’occasion.

« Ce qui nous intéresse, c’est que des personnes, non seulement des quartiers Nord, mais aussi en-dehors, puissent venir et devenir des ambassadeurs des quartiers et de l’Après M, précise Boss One, membre du groupe de rap 3^e Œil. On va tout faire pour que ce soit un grand moment pour tous ».

La soirée commencera avec un set de DJ Riddle, avant de laisser place à un line up qui promet un voyage à travers les époques. Le groupe de rap marseillais Al Iman Staff ouvrira le show, suivi, de 20h à 21h, de jeunes talents comme Lansky Namek ou Flexy, avant l’entrée en scène de rappeurs emblématiques : le groupe 3^e Œil, Faf Larage, Freeman, Allen Akino… le set de clôture sera assuré par Imhotep, DJ Daz, producteur et beatmaker d’IAM, et un invité surprise.