La Ville de Marseille propose de construire 4 500 logements dans le cadre du programme local de l’habitat (PLH). La Métropole, qui porte cette feuille de route, est satisfaite de cet objectif.
C’est un sujet plus que sensible à Marseille. « On est face à une véritable urgence sur la question du logement sur ce territoire », lance d’entrée Mathilde Chaboche, adjointe au maire chargée de l’urbanisme. Elle dresse le tableau : 40 000 logements indignes, 6 000 logements en copropriétés dégradées. 40 000 demandes de logement social en attente alors que 7 Marseillais sur 10 sont éligibles. 100 000 passoires énergétiques…
Un diagnostic que l’élue posait ce vendredi matin, aux côtés de son homologue aux affaires sociales, Audrey Garino. Ainsi que de la maire adjointe Samia Ghali, en charge notamment de la relation avec lʼAgence Nationale de Rénovation Urbaine. Elles présentaient ensemble les propositions de la Ville pour le programme local de l’habitat (PLH).
Il s’agit d’un document stratégique d’orientation, de programmation, de mise en œuvre et de suivi de la politique de l’habitat à l’échelle intercommunale jusqu’en 2028. C’est donc la Métropole Aix-Marseille-Provence qui le portera, en le traduisant dans le plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi), les règles qui régissent la construction sur le territoire.
Objectif : 27 000 nouveaux logements à Marseille en six ans
Mais les 92 villes de la Métropole sont invitées à proposer leurs orientations pour le PLH. Et les ambitions de la municipalité se résument en un chiffre : 4 500. Il s’agit de la production annuelle de logements qu’elle compte atteindre à partir de 2023 et sur les six ans du PLH.
Parmi eux, 2 300 devront être « abordables ». Ce terme réunit « le logement social (1 500 par an), le logement « géré », pour les publics précaires spécifiques (l’hébergement d’urgence, ndlr) », précise Mathilde Chaboche. Mais aussi « l’accession sociale à la propriété », qui permet aux ménages les moins fortunés d’acquérir un logement.
La mairie marseillaise souhaite également abaisser à 30 logements le seuil à partir duquel une opération immobilière doit comporter 30 % d’habitat social. Et ce dans toute la ville, afin qu’il soit réparti « dans tous les quartiers », précise l’adjointe à l’urbanisme. La Métropole avait accepté d’appliquer cette règle dans les zones bien desservies en transports en commun, « soit 12 % de la commune », déplore-t-elle, et de fixer le seuil à 60 pour le reste.
Renforcer la stratégie de production de logements
Pour rappel, les services de l’urbanisme ont signé la production de 3 500 nouveaux logements les 12 derniers mois. Les élus ambitionnent donc d’en construire 1 000 supplémentaires chaque année. Une augmentation significative.
Pour y parvenir, au-delà de la modification des règles d’urbanisme (PLUi), la Ville entend s’appuyer sur plusieurs leviers. Comme la concrétisation des projets de renouvellement urbains. Ils doivent accélérer alors que l’enveloppe de l’Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU) a doublé pour les 14 quartiers prioritaires à Marseille. Elle atteint désormais 650 millions d’euros.
Mathilde Chaboche prône également « une relance de la politique foncière et d’aménagement » avec la création de nouvelles zones d’aménagement concerté (ZAC) par exemple. Mais aussi intensifier la lutte contre la vacance ou l’accompagnement des grandes copropriétés dégradées.
« Marseille est prête à participer, c’est une bonne nouvelle »
Ces annonces étaient craintes par la Métropole et sa majorité de droite, pas toujours raccord avec la vision du Printemps marseillais. « Ça va être un soulagement pour tous les acteurs du logement et les habitants », se réjouit aujourd’hui le vice-président métropolitain délégué au Logement, David Ytier. « Marseille est prête à participer, c’est une bonne nouvelle ».
Car il craignait que la municipalité table sur une production moins élevée. Alors que « l’objectif intercommunal du PLH est d’approcher les 12 000 logements annuels pour les 92 communes, Marseille doit prendre sa part. Soit entre 4 000 et 4 500 pour être cohérent ». C’est donc le cas.
Restent des points de divergence qu’il faudra harmoniser entre les deux institutions. Comme le seuil de 30 logements par opération pour imposer de l’habitat social. « On va regarder comment ils prévoient ça dans leur sectorisation ».
Ou encore, l’encadrement des loyers que la Ville souhaite appliquer. « Nous y sommes défavorables à l’échelle métropolitaine. Mais pas à l’échelle de la commune, si elle le veut. La loi n’est pas claire, et il faut que le ministre [du logement, ndlr] précise si c’est applicable seulement à Marseille ».
Il pourrait être présent pour répondre à cette question lors des états généraux du logement, prévus les 28 et 29 novembre à la Friche de la Belle de Mai.