La Ville de Marseille souhaite ajouter un plongeoir au spot de baignade en projet au pied du Mucem pour l’été 2023. L’architecte du musée, Rudy Ricciotti, se dit prêt à le dessiner.
C’est une annonce qui a déjà fait du bruit depuis sa parution sur Made in Marseille : la mairie de Marseille souhaite réaliser un spot de baignade en eaux de mer au pied du Mucem. « On y fait un point d’accès balnéaire », préfère décrire Hervé Menchon.
Avec ce choix terminologique, l’adjoint au littoral, à la manœuvre sur ce projet, marque ainsi une légère différence avec le projet porté par l’association des Libres-nageurs. Elle milite depuis plus d’un an « avec brio et enthousiasme », reconnaît-il, pour un projet « qui ressemble plus à une piscine olympique ».
« Nous optons pour un aménagement plus léger et adressé au grand public, sans couloir de nage, poursuit l’élu. Il s’agit de permettre l’accès à la baignade pour tous à cet endroit ». Il mise d’ailleurs sur un équipement « événementiel », à savoir éphémère durant la saison estivale.
Notamment pour convaincre la Métropole Aix-Marseille-Provence, qui gère ce plan d’eau. « Ils font des analyses des sédiments. Ce sont nos partenaires », assure-t-il.
« J’aimerais y ajouter un vrai grand plongeoir »
Cet aménagement léger nécessitera tout de même de répondre aux contraintes réglementaires : « des consignes, des sanitaires, la surveillance de la baignade, la qualité de l’eau… Et une démarcation avec le plan d’eau alentour, où naviguent des bateaux. Cela pourrait être un ponton flottant », précise l’adjoint.
Il va même plus loin : « j’aimerais y ajouter un vrai grand plongeoir. La discipline du plongeon est très ancrée sur le littoral marseillais. Mais sans encadrement ni sécurité, c’est une pratique dangereuse. En témoigne cet accident la semaine dernière. Jusqu’à présent, on n’y répond que par l’interdit ».
Je leur dessine le plongeoir moi, s’ils veulent. Qu’ils nous fassent pas un truc avec trois bouts de ferraille.Rudy Ricciotti
« Interdit », c’est le mot qui fait tout de suite tilter l’architecte du Mucem, que l’on ne présente plus : Rudy Ricciotti. « Quand je voyais les jeunes plonger au pied du Mucem et se faire engueuler par les flics, dès qu’ils avaient tourné le dos, je leur disais « allez-y ! » ».
Il raconte d’ailleurs avoir proposé, durant les travaux pour creuser la darse, d’augmenter la profondeur qui atteint aujourd’hui 5 mètres maximum. « J’adore la discipline du plongeon. Loulou, le plongeur des Calanques, c’est mon pote. J’avais fait un devis pour creuser plus profond, ça revenait à 7 000 euros hors taxes. Mais ça a été refusé ».
Le créateur du bâtiment à la résille iconique soutient donc l’idée d’un plongeoir. « Je leur dessine, moi, s’ils veulent. Qu’ils nous fassent pas un truc avec trois bouts de ferraille ». Il soutient également le projet « pour réserver les darses aux baigneurs afin de défendre le caractère populaire des pratiques balnéaires en eau de mer ».
« Il faut préserver la pratique sportive sauvage »
Il reste par contre opposé à « l’idée de déguisement de ce magnifique plan d’eau en piscine normalisée avec des fils d’eau et fermée sur elle-même. Le caractère naturel du lieu tel qu’il est aujourd’hui doit être maintenu ! ».
Celui qui a grandi à Port-Saint-Louis-du-Rhône se souvient « plonger en jean dans le port au milieu des navires et sortir de l’eau, fièrement, du mazout plein la gueule ». Il est peu enclin à « la discipline qu’ils veulent introduire. Il faut préserver la pratique sportive sauvage. Juste interdire l’entrée des bateaux dans les deux darses avec un fil. Ça coûte 100 euros. Puis, laisser les gens nager comme bon leur semble ». La réalité se situera certainement à mi-chemin entre sa vision, et celles de la Ville et de la Métropole.