La direction régionale des affaires culturelles a lancé une instruction pour le classement aux monuments historiques, de l’étonnante maison de « Celle-qui-peint », à Roquevaire. Le bâtiment habité par l’artiste Danielle Jacqui depuis 1985 est devenu « une œuvre totale » et pourrait ainsi être conservé.
Les édifices classés monuments historiques du vivant de leur créateur ne sont pas être légion. Danielle Jacqui pourrait connaître cette chance pour la maison de « Celle-qui-peint » qu’elle habite toujours à Roquevaire.
Le nom de l’artiste ne vous parle peut-être pas. Pourtant, les œuvres de la figure de proue de l’Art singulier (apparenté à l’Art brut) s’exposent dans le monde entier. Du Folk Art Museum à New York à la collection Neuve Invention à Lausanne, en passant par le Musée International Anatole Jakowsky à Nice. La Ville de Draguignan lui consacre même un musée depuis 2019 : l’ORGANuGAMMusEum-Danielle Jacqui.
Mais l’exposition qui lui rend le plus honneur, c’est chez elle, dans le quartier de Pont-de-l’Etoile. Beaucoup de Provençaux sont interloqués en traversant l’Huveaune sur la D96, par la façade aux mille couleurs de ce qui fut auparavant, une maison de village traditionnelle. Jusqu’en 1985, lorsque la peintre et sculptrice y a emménagé.
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Un processus long et compliqué
« À l’époque, pour moi, ça a représenté la liberté d’investir un site qui m’appartenait, ou personne n’a rien à dire. Une prise de pouvoir sur mon environnement propre », confiait-elle lors d’un précédent reportage.
Du sol au plafond, des chambres à la salle de bain, des oreillers au frigo, tout y est art. Pour la créatrice, c’est « un musée habité par l’artiste, une œuvre totale ». Ce dernier terme est d’ailleurs employé par la direction régionale des affaires culturelles (Drac) dans le dossier en instruction pour inscrire le bâtiment au répertoire des monuments historiques, comme l’indique le journal Le Monde.
« La procédure est lancée depuis novembre dernier », confirme le maire de Roquevaire, Yves Mesnard. « Mais c’est une étape d’un processus encore long et compliqué. On a commencé la démarche avec Danielle en juillet 2020 ». Le classement et l’inscription peuvent prendre de 15 à 18 mois. Une commission des affaires culturelles doit rendre un premier avis au printemps. S’il est favorable, il faudra encore franchir plusieurs étapes.
« Certains viennent de Chine pour la prendre en photo »
« C’est elle qui a initié la démarche. Car elle prend de l’âge et souhaite que son œuvre soit conservée et pérennisée. Et nous aussi ! », lance l’élu. Il accompagne l’artiste dans ce parcours du combattant administratif. « À l’heure où l’activité des petits villages est à la baisse, où les commerçants ferment face aux grandes surfaces, elle nous apporte une attractivité internationale. Des tours opérateurs amènent les touristes voir la maison. Certains viennent de Chine pour la prendre en photo ».
L’artiste est indissociable de sa maison, qui « est indissociable de Roquevaire », poursuit le maire. « C’est une originalité qui rend le village unique depuis 40 ans et dont nous sommes tous fiers. On la chérit ».