Depuis plusieurs mois, la lutte contre le gaspillage alimentaire fait rage. Après le vote d’une loi qui empêche aux restaurants de jeter les restes dans les poubelles, c’est au tour du doggy bag de s’inviter dans toutes les conversations.
Véritable habitude systématique au Canada et aux USA, le doggy bag, autrement dit, « emportez chez vous ce que vous laissez dans votre assiette » pour ne pas gaspiller, est en train d’arriver en France. Made in Marseille fait le point sur la situation marseillaise et le changement de mentalité en cours. Car, il faut le rappeler, le doggy bag est encore une pratique malheureusement mal vue.
Le doggy bag, l’emballage dans lequel le client d’un restaurant peut emporter les restes de son repas, n’est pas encore obligatoire en France. La seule nouvelle obligation de cette année 2016 est, pour le moment, le tri sélectif pour les restaurants et les cantines scolaires et d’entreprises qui produisent plus de 10 tonnes de déchets par an. Même si les restaurateurs ne sont pas contraints de proposer à leurs clients de repartir avec un doggy bag, certains établissements marseillais ont déjà mis en place cette mesure. Un exemple à suivre puisque toutes les parties se retrouvent gagnantes.
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Seule nouvelle obligation : le tri sélectif
Depuis le 1er janvier 2016, les restaurants qui produisent plus de 10 tonnes de déchets par an doivent obligatoirement trier leurs déchets. Jusqu’à cette date, seules les cantines scolaires et d’entreprises étaient soumises à cette obligation si leur poids de déchets était supérieur à 20 tonnes. Une pratique qui a pour but de réduire le gaspillage alimentaire issu de la restauration qui représente 14% du gaspillage total.
Les établissements doivent désormais trier leurs biodéchets c’est-à-dire les épluchures de légumes, restes d’assiettes, huiles alimentaires et certains sous-produits animaux. Ces derniers seront ensuite valorisés pour devenir du compost ou être utilisés pour produire des énergies renouvelables comme du biogaz.
Des restaurants marseillais déjà adeptes du doggy bag
Certains restaurateurs marseillais n’ont pas attendu que le recours au doggy bag soit obligatoire pour le proposer à leurs clients. Une partie d’entre eux s’est d’ailleurs inscrite sur la plateforme Rest’O Resto qui regroupe les établissements s’engageant à emballer la fin des repas ou des bouteilles de leurs clients pour mettre en avant cette pratique.
« Nous proposons le doggy bag à nos clients depuis l’ouverture du restaurant en 2013 afin d’éviter le gaspillage alimentaire. Toutefois, notre clientèle n’est pas encore prête pour ce service : très peu de clients nous le demandent, parfois parce qu’ils « n’osent » pas emporter leurs restes », explique Sophie Arnoux du Burger’s Banquet, situé rue Molière (1er arrondissement).
Même son de cloche du côté de La Samaritaine, brasserie emblématique de la ville située sur le Vieux-Port. Si l’établissement est prêt à utiliser le doggy bag, dans la pratique, les clients ne le demandent pas.
Une pratique encore trop « mal vue »
Un sondage Yougov réalisé pour le quotidien 20 Minutes en 2014 révèle que pour 15% des personnes interrogées, repartir avec un doggy bag « fait radin » et même impoli pour 11% d’entre elles. Si la connotation du geste est assez négative en France aujourd’hui, l’intention est pourtant bonne et tous les acteurs sont en plus gagnants avec ce système : les restaurateurs jettent moins et les consommateurs ont une partie de leur prochain repas déjà prête. Mais pour que les mentalités évoluent sur la question, l’adoption d’une loi sera peut-être nécessaire afin d’arriver à la fin du gaspillage alimentaire au restaurant.
Par Agathe Perrier