Depuis deux ans, les professionnels du tourisme subissent de plein fouet la crise sanitaire, qui a impacté la fréquentation, les recettes et induit des changements de comportement des touristes. Et si Provence-Alpes-Côte d’Azur s’en sort plutôt bien en 2021, c’est qu’elle a su miser sur la diversité de ses paysages et destinations, pour attirer une clientèle française, toujours plus nombreuse.
Les professionnels du tourisme de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur se sont réunis ce jeudi matin à Toulon pour dresser le bilan d’une année 2021 marquée par la crise sanitaire et fixer le cap sur 2022, autour de François de Canson, président du CRT (Comité régional de Tourisme) qui voit là l’occasion de repenser le modèle : « se contenter de « sauver » l’ancien monde sans se saisir de l’occasion de s’engager dans une construction réfléchie serait une erreur ».
Une année 2021 sauvée par la fréquentation française
Les résultats de la fréquentation touristique sur le territoire sont très nets. Cet été, la région a obtenu le meilleur revenu par chambre de toute la France dans l’hôtellerie. C’est grâce à son climat et sa diversité de paysages que la destination Provence-Alpes-Côte d’Azur a réussi à capitaliser sur une clientèle nationale. Entre janvier et septembre 2021, la région enregistre une hausse de + 20 % de fréquentation française en 2020 par rapport à 2019, et encore + 6 % en 2021 au regard de 2020.
Cette cible française, voire même locale, « restera une de nos cibles privilégiée en 2022 » explique François de Canson. Même s’il affiche ouvertement sa volonté de faire revenir la clientèle internationale, qui possède un pouvoir d’achat plus élevé et qui reste une priorité économique, notamment pour la Côte d’Azur et sa cible « haut de gamme ».
« On se doit d’aller chercher cette clientèle du grand international. C’est une clientèle qui a manqué, notamment à la Côte d’Azur. C’est ce qu’on a commencé à faire en 2021 : on a amorcé la pompe et on a eu un retour des Américains, + 70 % par rapport à 2020, même si c’est encore insuffisant. Pour retrouver l’équilibre, on a encore 10 % de retard. On va aller les chercher en développant la formation, en faisant de la montée en gamme et en faisant une opération de promotion sur tout le territoire. On va accueillir des tours opérateurs, notamment américains et coréens, et puis nous aussi on va aller chez eux, on va les démarcher ».
Un tourisme « 4 saisons »
Il faut dire que sur les 9 premiers mois de l’année, la fréquentation internationale est en chute libre, avec un taux de – 40 % par rapport à 2019, même si cette baisse est plus limitée sur le cœur de l’été (- 21 %). Dans le top 5 des pays qui plébiscitent la région pour leurs vacances, on retrouve ainsi : les Allemands, les Belges, les Néerlandais, les Italiens et les Suisses. La clientèle venant d’Italie et du Royaume-Uni, quant à elle, marque le pas par rapport aux années précédentes.
L’une des clés de la réussite selon le CRT réside entre autres dans un tourisme « 4 saisons » qui ne se contente plus d’un tourisme de masse en juillet-août, mais qui permet aux touristes français et internationaux de venir en Paca toute l’année. Et en 2021, les professionnels de l’hôtellerie et de la restauration ont été servis sur l’arrière saison, avec un mois d’octobre qui enregistre un bond de fréquentation de + 30 % et qui fait mieux que le mois de juin, grâce à un beau coup de pouce de la météo.
Des pistes d’amélioration à venir pour un tourisme plus durable
La question du retour de la clientèle internationale et la perspective de l’accueil de grands événements comme la Coupe du monde de rugby en 2023 avec des matchs à Marseille et Nice, ainsi que les JO 2024, ne doit pas empêcher de repenser le modèle touristique de « l’ancien monde ».
« Bien sûr que l’on doit accélérer nos actions de décarbonation et créer un modèle plus responsable, précise le président du CRT. Nous menons déjà de nombreux projets, comme l’électrification des postes à quai pour les bateaux de croisières, nous cofinançons avec l’État des coffres d’amarrage pour les yachts qui permettront de mieux préserver la posidonie, et nous travaillons sur des actions plus responsables pour l’accueil des grands événements à venir, comme les JO, le rugby ou le grand prix de F1 ».
Son objectif est aussi de travailler sur l’allongement des temps de séjours pour réduire l’impact carbone des acheminements et ainsi limiter les voyages multi-pays. « On n’a pas attendu la crise pour dire : « le tourisme et les mentalités sont en train de changer, et attention au tourisme de masse ! ». On avait commencé à faire des expériences avec Waze, pour voir comment on pouvait réguler les flux touristiques. Et on avait surtout développé les filières qui nous permettent de travailler à l’année. Quand un Américain arrive chez nous, il faut qu’on arrive à le garder sur notre territoire. Il atterrit à Nice et peut repartir de Marseille, il peut visiter la fondation Carmignac et le Mucem, mais il peut aussi faire de l’oenologie ou du vélo. Tout ça fait qu’aujourd’hui, contrairement à des régions comme la Catalogne ou la Toscane, on peut faire un tourisme à l’année. Je suis en Provence puis je vais dans les Alpes, ou je suis en Provence et je vais sur la Côte d’Azur, c’est tout ça qu’il faut travailler ».
Pour les années à venir, outre l’oenotourisme ou le développement des activités sportives comme le tourisme à vélo, les professionnels de la région misent aussi sur les nouvelles aspirations des touristes, comme les visites d’entreprises. Cosmétique, alimentaire ou artisanat, sont autant de secteurs particulièrement mobilisés sur le sujet qui permettent de vivre de nouvelles expériences et de donner plus de sens à ses voyages.