Comme nous l’évoquions dans notre récent dossier consacré aux cantines scolaires de Marseille, la Ville réévalue la délégation de service public (DSP), passée entre le leader de la restauration collective Sodexo et l’ancienne municipalité LR, qui prend fin en 2025. La majorité travaille sur un modèle « alternatif » qui place la restauration scolaire au centre d’un « véritable enjeu de développement du territoire ».
Près de 50 000 repas sont servis par jour aux petits Marseillais dans les 320 restaurants scolaires municipaux, via une délégation de service public (DSP) avec la Société marseillaise de restauration et services, filiale de Sodexo, signée en 2018, sous l’ancienne municipalité.
Depuis le début du mandat, la Ville travaille sur un modèle « alternatif » qui place la restauration scolaire au centre d’un « véritable enjeu de développement du territoire ». C’est ce que nous expliquait Pierre Huguet, adjoint au Maire de Marseille en charge de lʼÉducation, des cantines scolaires, du soutien scolaire et des cités éducatives, dans notre récent dossier [voir encadré] consacré aux cantines scolaires dans lequel Sodexo s’exprimait d’ailleurs pour la première fois. « Nous sommes arrivés au bout d’une logique. On est au bout d’un modèle néo-libéral qui ne correspond plus aux attentes des usagers ni à nos aspirations ».
Pour rappel, durant la campagne des municipales, le Printemps marseillais avait indiqué vouloir « sortir du monopole de la Sodexo ».
Un modèle reposant sur quatre axes prioritaires
Le nouveau projet que souhaite construire la Ville repose sur quatre enjeux : l’approvisionnement local renforcé ; la production des repas permettant de valoriser la qualité des aliments cuisinés ; le service dans les cantines mieux organisé par les personnels de la restauration, et la gestion des déchets dans un objectif de lutte contre le gaspillage alimentaire. En attendant 2025, date qui marque la fin du contrat entre le leader de la restauration collective et la Ville, l’élu nous confiait « voir comment nous pouvons améliorer la prestation dans la DSP telle qu’elle existe actuellement ».
Dans ce cadre, la Ville a publié, lundi 25 octobre, un marché d’évaluation de son service de restauration scolaire, qui étudiera plusieurs axes. En premier lieu, la qualité du service proposé actuellement dans les cantines scolaires. Dès le mois d’avril 2022, des premières pistes d’amélioration devraient être présentées, pour une mise en œuvre dès la rentrée suivante, dans le cadre de la DSP actuelle.
Horizon 2025
Une stratégie sera élaborée « visant à repenser la future restauration scolaire marseillaise à l’horizon 2025, dans la démarche environnementale portée par la nouvelle municipalité d’un modèle vertueux, qualitatif, innovant et respectueux du développement durable », explique Pierre Huguet, dans un communiqué de presse. L’éducation au goût sera également au cœur de la nouvelle ligne qui s’inscrit pleinement dans le cadre du travail lancé autour de la refondation des temps de l’enfant.
Aujourd’hui, la feuille de route est encore vierge. Cette évaluation permettra à la municipalité de s’appuyer sur une « analyse solide afin de construire la cantine de demain : une cantine plus durable, plus locale et plus qualitative pour nos enfants ».
Des recettes venues d’ailleurs
La Ville s’inspire aussi de recettes venues d’ailleurs. Marseille a récemment intégré le réseau « Un plus Bio » pour bénéficier du partage d’expériences et de mutations à l’œuvre dans de nombreuses villes françaises. « Aujourd’hui, que les villes soient en régie ou en DSP, elles font face aux mêmes enjeux et des choses bougent », affirmait l’adjoint à l’Education, dans notre dossier.
« Toutes les questions sont sur la table pour le moment », nous confiait-il, avec prudence, car une phase transitoire est nécessaire. « On ne peut pas passer d’un modèle unique de cuisine centrale préparant 50 000 repas par jour, à un modèle qui intègrerait plusieurs cuisines, du jour au lendemain. Ça demande des financements, et du temps. C’est un sujet structurel qui dépasse la seule question de la restauration scolaire ».