Petite Amal arrive à Marseille le 22 septembre. Cette marionnette géante représente une jeune réfugiée qui a entamé un long voyage à travers l’Europe. Une performance artistique unique en son genre, baptisée « La Marche ». Une escale accompagnée d’animations.
8 000 kilomètres. 8 pays. 70 escales artistiques. Un message : l’espoir. Après la Turquie, la Grèce et l’Italie, la petite Amal arrive en France à partir du 21 septembre 2021. Elle sera à Marseille dès le lendemain. Elle mesure 3,5 mètres de hauteur. Cheveux au vent, impressionnante, cette marionnette est le symbole de tous les enfants réfugiés du monde.
The Walk (La Marche) est un festival artistique qui suit les pas d’une enfant syrienne réfugiée en Turquie, que la vie a séparée de ses proches. Habitée par l’espoir de jours meilleurs, elle entreprend un périple d’un bout à l’autre de l’Europe à la recherche de sa mère. Amal a quitté Gaziantep à la frontière turco-syrienne en juillet 2021 pour attendre Manchester en novembre 2021.
Mettre en lumière les invisibles
À l’origine de ce projet artistique ambitieux, l’organisation britannique mondialement reconnue Good Chance, en collaboration avec la prestigieuse et primée Handspring Pupput Compagny, qui a créé la marionnette.
Good Chance est un organisme de bienfaisance fondé en 2015 par les auteurs et dramaturges britanniques Joe Murphy et Joe Robertson. Implanté au cœur de ce qui a été surnommé « la Jungle de Calais », Good Chance Théâtre y avait établi son premier théâtre éphémère devenu le centre civique et culturel du camp, ainsi qu’une voix puissante dans le débat international sur la crise d’accueil des réfugiés et des migrants.
Après la démolition du camp, Good Chance Théâtre a créé la pièce « The Jungle », présentée à Londres, New York et San Francisco est unanimement saluée par la critique, inspirée d’histoires réelles que les deux dramaturges ont entendues sur site. La pièce avait vocation à mettre en lumière la crise des réfugiés et à lancer un dialogue international sur la migration.
Dans cette pièce, Amal représentait à l’époque les centaines de mineurs non-accompagnés. « Aujourd’hui, son grand voyage est destiné à mettre en lumière les invisibles, implorer les Hommes et les peuples, de ne pas nier leur existence », explique l’organisation.
Spectacles et animations autour de l’arrivée d’Amal
The Walk fédère artistes de renommée, institutions culturelles internationales, associations humanitaires et populations locales dans la création de ce festival artistique novateur, sous la direction artistique d’Amir Nizar Zuabi, auteur et metteur en scène associé au Young Vic de Londres.
À chaque étape de son parcours, la marionnette est ainsi accueillie par des événements artistiques, culturels et éducatifs. « Depuis longtemps, je suis convaincu que les artistes, les communautés locales et la société civile devraient se réunir autour d’œuvres d’art qui changent le monde. La Marche, c’est ce rassemblement », souligne David Lan, le producteur.
Le 22 septembre, Amal arrivera à 14 heures, en bateau, escortée par les barquettes de l’association Boud’Mer, sur le parvis du Mucem. Dans le hall du J4, des enfants accueilleront la marionnette avec des mets méditerranéens (sculptures en papier mâché) réalisés par l’artiste Mélanie Bourlon.
Rendez-vous ensuite à 16 heures dans l’auditorium du Mucem, pour « Rapture Age ». En l’honneur de la Petite Amal, l’artiste franco-syrien Rohan Houssein slame des textes en français et en arabe, accompagné par Christine Zayed au qanûn et Fred de Labo Klandestino à la guitare.
Rapture Age raconte notre voyage commun : Racines, Rupture, Ancrage. Des souvenirs d’une Syrie en paix à l’amour inconditionnel de Marseille, l’intemporalité d’une géopoésie rythmée d’un hip-hop sans frontière pour Amal, cet espoir universel qui nous anime.
Pour l’occasion, de 17 à 19 heures, l’exposition « Le grand Mezzé », qui évoque les enjeux liés à la nourriture en Méditerranée, sera exceptionnellement ouverte.
Après sa longue traversée, c’est une Amal fatiguée qui va trouver un lit à la Criée. Autour d’elle, des conteurs lui racontent des histoires pour l’accompagner en douceur vers le sommeil.
50 danseurs sur la plage de Catalans
Parallèlement, la première du spectacle « Le Va et Vient des Vagues », sera interprétée à Marseille. Une danse épique honorant les pertes de vie en mer conséquences de la crise des réfugiés, mettra en scène plus de 50 danseurs locaux d’origines diverses sur la Plage des Catalans à 18 heures.
Des artistes professionnels et amateurs, des adolescents aux seniors, l’œuvre réunit des disciplines de danse classique, contemporaine, africaine, urbaine et autres à travers le mouvement, le théâtre, l’improvisation… pour explorer l’humanité et l’individualité de l’expérience des réfugiés. Au cœur de ce spectacle, Petite Amal.
« Le Va et Vient des Vagues » a été spécialement chorégraphié dans le cadre de La Marche, par Samar Haddad King, directrice artistique du Yaa Samar ! Dance Theatre (YSDT) qui en est aussi le producteur, aux côtés de La Marche ltd et Good Chance Theatre en association avec La Cité des arts de la rue, Lieux Publics et SOS Méditerranée.
D’ailleurs, le lendemain, jeudi 23 septembre, Amal arrivera à la Cité des arts de la rue au cours d’une grande parade. Elle sera accueillie par tous les enfants des écoles qui se sont préparés pour un temps festif ouvert à tous.
« En tant que fille d’un réfugié moi-même, je comprends que les réfugiés sont des personnes : chacun contenant des histoires distinctes, des décisions déchirantes, des espoirs et des rêves individuels, exprime Samar Haddad King. C’est un honneur de faire partie de ce travail important – qui traverse les frontières de la Syrie au Royaume-Uni – de partager les histoires et de célébrer l’humanité de ces personnes déplacées, et de se souvenir de ceux qui ont été perdus en cours de route. Petite Amal est un rappel important qu’un réfugié n’est pas un nombre, une statistique ou un symbole ; ce sont nos filles, nos mères, nos frères et nos fils, ils pourraient être vous ou moi ».