Les trottinettes électriques n’ont pas fini de rouler à Marseille. La Ville est en train de sélectionner trois opérateurs pour déployer 4 500 véhicules en libre-service à partir d’octobre. Toutefois, les règles changent : elles devront stationner dans les 900 nouvelles stations et seront bridées à 10 km/h en zones piétonnes.
Réputée pour être la ville du tout-voiture, Marseille est devenue en deux ans la ville du tout-trottinette. Elles étaient 500 en 2019, dans une première expérimentation avec la société Lime. Depuis, 1,5 million de trajets auraient été effectués sur les deux-roues électriques selon la municipalité. On en compte désormais « environ 4 500 » en libre-service et en circulation, précise l’adjointe aux mobilités, Audrey Gatian, sur les 6 000 autorisées par la mairie aux opérateurs privés.
Pour l’élue, suite aux problématiques de sécurité, de stationnement anarchique ou de pollution (durée de vie, batteries, jets à la mer), « on s’est posé la question de garder ou non cette offre, développée sous l’ancienne équipe ». Mais au vu de « leur adoption par la population », dans une ville qui souffre de « carences en transports en commun », et face aux enjeux climatiques et de qualité de l’air, « ce que proposent ces opérateurs privés est intéressant. Surtout sur les courts trajets. La mobilité est un ensemble, c’est l’intermodalité. Les trottinettes sont un pierre dans cette édifice, dont la structure doit rester les transports en communs publics, qu’il faut améliorer ».
La Ville a donc décidé de prolonger l’expérience. Un nouvel appel à manifestation d’intérêt a été lancé. Il prévoit de sélectionner trois opérateurs pour le déploiement de 1 500 trottinettes chacun à partir du 23 octobre 2021, pour une durée de deux ans. Ils devront s’acquitter d’une redevance annuelle de 16 200 € à laquelle s’ajoutera une part variable basée sur le chiffre d’affaires.
900 stations créées : « Le stationnement anarchique, c’est terminé »
Mais les règles changent. « Des améliorations sont apportées », poursuit l’adjointe aux mobilités. La première : « le stationnement anarchique, c’est terminé ». Qui, à Marseille, n’a jamais enjambé une trottinette entravant le passage d’un trottoir étroit ? Ou aperçu un engin jeté à terre sur la voie publique ? Jusqu’à présent, le service de location en libre-service était en « free-floating ». L’usager pouvait déposer le véhicule à peu près n’importe où.
Désormais, l’autorisation d’occupation de l’espace public délivrée aux opérateurs prendra la forme d’un « permis de stationnement ». Sur proposition des candidats, la Ville mettra à disposition des zones précises et délimitées pour créer, en tout, 900 stations dédiées. En dehors de celles-ci, les usagers ne pourront plus abandonner leur véhicule. Mais où trouver les 2 250 m2 nécessaires dans l’espace public ?
Alors que le déploiement de ces mobilités dites « douces » doit accompagner le recul de la voiture en ville, des places de stationnement automobiles pourront se reconvertir en stations pour trottinettes, explique Audrey Gatian. « Notamment celles en amont et en aval des passages piétons, que la loi d’orientation des mobilités (LOM) nous oblige à enlever ». En effet, le texte prévoit la suppression du stationnement motorisé sur les 5 mètres en amont des passages pour piétons. « Nous souhaitons y mettre des arceaux pour vélos et des trottinettes ».
Un service 24h/24 élargi dans toute la ville
Concernant leur répartition, aujourd’hui concentrée au centre de la ville, « le service doit bénéficier à tous les Marseillais, dans tous les arrondissements », estime l’élue. Notamment les quartiers Est et Nord. Deux tiers des stations resteront concentrées sur les arrondissements 1 à 8, le tiers restants sera réparti sur les arrondissements 9 à 16.
La création de stations permettra également au service de fonctionner 24 heures sur 24. « Avant, avec le stationnement libre, les trottinettes devaient être ramassées tous les soirs, ce qui n’était pas toujours fait d’ailleurs », rappelle Audrey Gatian. « En plus, les camionnettes rajoutaient de la circulation en ville et n’aidaient pas la diminution de l’empreinte carbone ».
Vitesse bridée à 10 km/h en zones piétonnes
Dans son appel à manifestation d’intérêt, la Ville note les problématiques de sécurité qui doivent être prises en compte par les opérateurs : « vitesse excessive, circulation à plusieurs sur un même engin, non respect de l’âge minimum, défaut de port de gants et de casque, circulation sur les trottoirs, etc. »
Concernant la vitesse excessive, particulièrement dangereuse « pour les véhicules électriques que l’on n’entend pas arriver », elle devra être « bridée dans les zones piétonnes », précise Audrey Gatian. En entrant dans ces périmètres définis par la Ville, comme la rue commerçante Saint-Ferréol, « le GPS des trottinettes enclenchera automatiquement un bridage de la vitesse en dessous de 10 km/h ». Pour rappel, ces engins atteignent en moyenne 20 km/h.
Toujours sur la sécurité, l’opérateur Tier, candidat à Marseille, propose un casque pliable et adaptable à disposition dans un coffre sur la trottinette. Les concurrents pourraient avoir à s’aligner sur ce service pour être retenus.
« Cet appel à manifestation d’intérêt les motive, ils nous l’ont dit », assure l’adjointe, qui confie avoir reçu près d’une dizaine de candidatures. « Marseille est un enjeu pour eux. Ils veulent s’inscrire dans notre stratégie mobilité ». Et inversement.
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