Les Marseillais le répètent souvent, leur ville est constituée de 111 villages qui se sont agrégés à la commune au fur et à mesure de son expansion. Mais peu d’entre eux vous parleront du 112e quartier : une cité sous-marine foisonnante dotée de 400 récifs artificiels.

Elle est invisible, et pourtant sous leurs yeux. Lorsqu’ils bronzent sur les plages du Prado, se baladent sur la Corniche ou se rendent au Frioul. Une véritable cité sous-marine se cache sous l’eau, à 25 mètres de profondeur. Les récifs artificiels de la baie du Prado s’étalent sur 220 hectares. À titre de comparaison, leur superficie est 10 fois plus grande que la cité de la Castellane, souvent considérée comme la plus imposante de Marseille.

Ces 400 structures sont composées de 35 000 m3 de béton, d’acier et de câbles. De formes et fonctions variées, elles mesurent entre 5 et 10 mètres de haut. Regroupées en grands ensembles de 50 à 60 habitats, elles forment six « villages » reliés par de véritables « voies de communication ». Il s’agit de corridors écologiques faits d’amas de blocs rocheux, de blocs en béton ou de récifs « chicane », permettant de connecter les populations aquatiques entre elles.

Opération de rénovation sous-marine

Si la plus grande opération de rénovation urbaine d’Europe, Euroméditerranée, se trouve à Marseille, la ville peut aussi se targuer d’abriter la plus grande opération de rénovation marine du continent. Elle représente à elle seule un tiers des récifs artificiels de France.

Mais s’il faut rénover, c’est qu’il y a dégradation. Celle de l’écosystème littoral de Marseille est impressionnante. Sa rade s’étale sur 57 kilomètres, et la quasi-totalité est bétonnée ou artificialisée. Rejets des eaux usées, pollution de l’eau par ruissellement, destruction des habitats naturels, nuisances des cargos, navires de croisière et activités nautiques…

« Les écosystèmes côtiers subissent une agression permanente », rappelle Sandrine Ruitton, alias « Madame récifs ». Telle la Bonne Mère avec la cité phocéenne, la chercheuse de l’Institut méditerranéen d’océanologie (MIO) veille sur la cité sous-marine depuis sa création en 2008, et assure son suivi scientifique. « Le milieu aquatique se dégrade depuis si longtemps à Marseille. Jusque dans les années 2000, où différentes mesures ont freiné les dégâts. On estime que l’état du peuplement, la biomasse des poissons, a diminué de 80 % à 90 %. Le constat est à peu près le même dans toutes les zones artificialisées de Méditerranée ».

La population a triplé en 6 ans

La pêche a joué un des rôles principaux dans la diminution des populations marines. « Celle de loisir notamment, très appréciée des Marseillais. Des études montrent qu’ils prélèvent autant que les professionnels. Sauf qu’ils sont moins sélectifs et respectent moins la réglementation ».

Les pêcheurs « au petit métier », traditionnels, majoritaires à Marseille, sont les premiers à souffrir de la disparition des poissons, tout en faisant partie du problème. C’est avant tout pour eux que la municipalité a créé les récifs artificiels, dont elle est aujourd’hui gestionnaire. Ils ont coûté 6 millions d’euros, financés largement par l’Union européenne et l’Agence de l’eau.

« Il y a toujours un enjeu économique à la création de récifs, précise Sandrine Ruitton. Si l’enjeu est strictement écologique, on protège le milieu avec des zones de non prélèvement, dont les résultats sont très impressionnants ». Mais ceux des récifs artificiels le sont aussi : « + 264 % » affiche la Ville, concernant l’augmentation du nombre de poissons en 6 ans. Sandrine Ruitton estime que la cité aquatique « produit 4 000 à 5 000 kilos de poissons chaque année ». Sans parler de leur taille qui augmente, ainsi que leur diversité.

Avec l’interdiction de prélever sur cette zone, « les pêcheurs marseillais ont d’abord été réticents. Puis ils ont compris le principe et bénéficient d’eaux poissonneuses en bordure du périmètre ». Comme pour toutes les activités humaines, « si on veut préserver la pêche traditionnelle, il faut préserver l’environnement », conclut Madame récifs.


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Découvrez le « Panier Acier » et son « sommet filière » culminant à 9 mètres. La structure est composée de 3 récifs « paniers garnis ». Ils contiennent des cubes en béton à l’intérieur desquels se trouvent des pochons de coquilles d’huître et des pots à poulpes qui favorisent leur reproduction.
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Ce chapon y a élu domicile.
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Bienvenue au récif « Panier Fakir ». Cette résidence de deux étages de cubes sur dalle de béton s’élève à trois mètres de haut. Cernée de poteaux, elle cache en son centre un empilement de 200 parpaings.
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Ce qui fait le bonheur de nombreuses espèces, des plus grandes aux plus petites, comme ce Flabellina.
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Les filières hautes vous étonneront par leur architecture tri-dimensionnelle particulière. Ce récif de 7 mètres de haut est une véritable forêt de cordages flottants. Les plantes végétales aiment venir les habiter et attirent des espèces pélagiques (planctonophages et leurs prédateurs).
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Cette girelle royale a l’air de s’y plaire.

Du 3 au 11 septembre, Marseille accueille le Congrès mondial de la nature de l’UICN. Made in Marseille, partenaire officiel de l’événement vous propose de découvrir son tout premier magazine hors-série spécial « transition écologique ».

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