L’expédition Plastic Odyssey, qui vise à construire un réseau mondial d’initiatives pour lutter contre la pollution plastique, a débuté son tour de France en septembre 2021. Après une escale de 2 semaines à Marseille en novembre, l’équipe repartira pour son tour du monde en Afrique, Amérique du Sud et Asie, à la rencontre des entrepreneurs locaux du recyclage.
L’association Plastic Odyssey vient de partir pour une expédition de 3 ans afin de construire un réseau mondial d’initiatives locales pour lutter contre la pollution plastique des océans. L’équipage, composé d’une vingtaine de marins, ingénieurs, chercheurs ou encore reporters, bordera les côtes des trois continents les plus touchés par la pollution plastique : l’Afrique, l’Amérique du Sud et l’Asie. L’aventure débute par un tour de France, puis cap sur la Méditerranée avec l’Égypte, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc.
« Le bateau n’a pas vocation à nettoyer l’océan, contrairement à ce que l’on peut penser. Ramasser le plastique ne résoudrait pas le problème et ferait plus de dégâts, parce qu’en utilisant un filet, on pêcherait toute la vie qu’il y a avec. On se concentre sur une manière de stopper le plastique à la source, c’est-à-dire sur terre, et faire en sorte qu’il n’arrive jamais en mer », nous explique Simon Bernard, président et cofondateur du projet.
Le projet, qui compte une trentaine d’escales, est financé par les partenaires de Plastic Odyssey. Parmi eux, l’Occitane en Provence, le groupe Crédit Agricole mais aussi Clarins et la Matmut, sélectionnés pour leur engagement en faveur de l’environnement. « Trouver des sponsors qui partagent nos valeurs est compliqué, c’est pour cela que très peu de projets existent sur ce modèle », précise le président de Plastic Odyssey.
Un bateau unique au monde pour « démocratiser » des solutions de recyclage
L’expédition se déroule à bord d’un bateau unique au monde. Initialement utilisé pour la recherche océanologique, il a été racheté par Plastic Odyssey qui en a fait un laboratoire de solutions face à la pollution plastique.
Le navire est équipé d’un système de pyrolyse, utilisé pour transformer des copeaux de plastique non-recyclables en carburant, et d’un laboratoire de 200 m² proposant une dizaine de machines de recyclage libres de droit, capables de changer le plastique en nouveaux objets et matériaux de construction. Le système de pyrolyse à bord devrait permettre d’alimenter en énergie tout le laboratoire de recyclage.
« Le carburant produit pourra aussi être utilisé afin d’alimenter des groupes électrogènes en Afrique ou des bateaux de pêche, en particulier dans des zones où l’accès à l’énergie est difficile », précise Charlotte Boyer Chammard, responsable des escales de l’expédition Plastic Odyssey.
Ce navire se veut être un véritable démonstrateur « regroupant des solutions pour recycler le plastique mais aussi pour réduire sa consommation. Un outil médiatique fort qui va nous permettre de faire venir du monde à bord et montrer concrètement des solutions de recyclage afin de les démocratiser », nous confie le cofondateur.
PO LAB, l’incubateur de projets locaux
Ainsi, le laboratoire de recyclage du navire servira d’incubateur. Avec le programme d’accélération PO LAB, soutenu par le Crédit Agricole, il permettra d’accueillir et d’accompagner les entrepreneurs locaux du recyclage lors des différentes escales. Avant chacune d’elles, un appel à candidature sera lancé afin que les personnes intéressées puissent postuler.
« L’objectif est d’aider les lauréats à prototyper des produits qui répondent à un besoin local, comme un revêtement de sol, des panneaux de signalisation… à partir de gisements de plastique identifiés », nous explique Charlotte.
La première session du programme aura lieu cet été en France avec 6 projets innovants déjà sélectionnés : planche de skateboard en plastique recyclé ou encore un vélo écologique construit à partir de déchets ménagers… Ils seront incubés durant l’été. Les entrepreneurs pourront monter à bord du navire de Plastic Odyssey pour tester leurs procédés de fabrication et bénéficier d’accompagnements technique mais aussi entrepreneurial, assuré par le groupe Crédit Agricole, sa Fondation Grameen Crédit Agricole ainsi que des collaborateurs de plusieurs de ses Caisses régionales.
À relire
Départ de Dunkerque en septembre
Il est possible de suivre toute l’expédition depuis son téléphone ou son ordinateur : « L’équipe de reporters présente à bord se chargera de créer du contenu et de faire vivre les réseaux sociaux », continue Simon.
Un documentaire télé devrait également être réalisé. « Une grande partie du projet est de raconter ce qu’on fait, c’est ce qui nous permet d’avoir l’impact le plus grand possible et de diffuser un maximum nos solutions », ajoute-t-il.
Deux semaines de sensibilisation sur le Vieux-Port
Après son tour de France, l’équipage de Plastic Odyssey fera escale à Marseille pour un événement d’envergure internationale prévu du 3 au 15 novembre 2021. L’objectif : « Faire rayonner notre action à travers tout le territoire. Aujourd’hui, n’y a plus vraiment d’expéditions au départ de Marseille alors, qu’avant, la ville avait un lien fort avec la mer et les explorations. Avec l’événement, on veut vraiment lui redonner cette image de pionnière dans la protection de l’océan », nous confie Simon Bernard.
Ainsi, le bateau sera amarré sur le Vieux-Port, ouvert aux visiteurs et au centre d’événements organisés avec les partenaires de l’expédition. Un village de solutions et d’alternatives au plastique à usage unique prendra place devant le navire. Ces deux semaines seront aussi l’occasion pour les lauréats de la première session du programme d’incubation de montrer ce qu’ils ont accompli durant l’été.
Le 12 novembre 2021 aura lieu le baptême du bateau à l’occasion d’un événement privé en présence des partenaires et de la presse. Le départ pour la Méditerranée est ensuite prévu à la mi-novembre pour un retour de l’expédition en 2024, où Marseille accueillera les épreuves de voile des Jeux Olympiques.