Ophélie Cordier est une artiste. Elle brode des tableaux uniques, avec des paillettes conçues à partir de bouteilles en plastique. Rencontre.
Ophélie Cordier, 24 ans, a de l’imagination. Elle crée des tableaux brodés avec un matériau plus qu’original : le plastique, issue de vieilles bouteilles qu’elle collecte minutieusement. Des « diamants à l’état pur qui ne demandent qu’a être révélés ».
Cette artiste plasticienne de Martigues est reconnue artisane d’art brodeuse en février dernier par la Chambre des métiers de l’artisanat. « Soit je pars de la matière pour créer l’œuvre, soit j’ai une idée en tête et là, je vais choisir mes matériaux en fonction », explique la jeune artiste.
Une fois nettoyées puis découpées, les bouteilles sont transformées en paillettes. Les sequins sont ensuite brodés à la main sur du textile également récupéré. « Il me faut en moyenne 15 à 20h de broderie pour réaliser une œuvre » précise-t-elle. Toutes ses œuvres d’art représentent la mer ou l’océan pour une raison bien spécifique.
Le processus de création est toujours le même : « La « re » naissance de ces bouteilles commence par le système de la perforation. Grâce à lui je fabrique des milliers de paillettes à broder. Chaque paillettes et ensuite percée une à une en leur centre à l’aide d’un perce-papier. Vient ensuite l’étape finale, celle de broder. Tout autant chronophage que la récolte et la transformation, il s’agit d’une étape minutieuse. Mes vagues naissent pour la première fois alors que le plastique quant à lui, prend son nouveau souffle ».
Le concours révélateur
Fin d’année 2018, elle participe au concours de broderie « Madeira Embroidery Competition » qui a lieu chaque année à Londres. Cette année là, le thème se portait sur les îles. Par manque d’inspiration, elle choisit alors de s’intéresser à ce qui entoure les îles… l’océan. « Issue d’un parcours scolaire entre les arts appliqués et la mode, la broderie a toujours été intimement liée à mes projets. Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris son importance », se remémore-t-elle.
C’est après ce concours, qu’Ophélie décide de continuer, avant tout pour faire passer des messages. Elle s’emploie chaque jour à sensibiliser à travers ses oeuvres sur les dangers de la surconsommation de plastique et l’impact qu’il peut avoir sur nos océans. « J’ai découvert par ce biais l’île de plastique qu’il y a dans le Pacifique et je me suis dit que ce serait sympa de pouvoir parler de cette île-là, constituée de déchets en utilisant uniquement des déchets ».
C’est quand elle commence à récolter ses premières bouteilles, en demandant à ses proches de les mettre de côté, que la jeune femme se rend compte de la réelle consommation de plastique. Avec deux autres personnes, elle cumule, en un mois, deux gros sacs poubelles de 100 litres remplis de bouteilles plastiques.
« On a souvent des chiffres, mais là, c’était palpable et je me suis rendue compte de notre énorme consommation de plastique. C’est à ce moment-là que j’ai moi-même commencé à mieux consommer », confie la plasticienne.
De l’art pour tous
Après avoir lancé son entreprise Ophie broderie en avril 2020, la jeune toulonnaise d’origine souhaite faire des expositions. Ces œuvres sont comprises entre 240 et 500 euros. Mais, pour rendre les prix plus accessibles, elle vend des photographies de ses œuvres.
« Je sais que des fois, on peut être amoureux de l’art, mais on ne peut pas toujours s’offrir des œuvres, c’est pour ça que j’essaie de travailler en parallèle sur des tirages photographiques pour proposer des prix plus accessibles à tous ». Jusqu’au bout de sa démarche, la jeune femme fait appel à un imprimeur en France pour imprimer les photos sur du papier recyclé.