Arrivé en troisième position selon des premières estimations, Jean-Laurent Félizia, tête de liste du Rassemblement écologique et social, décide de maintenir sa liste pour le second tour des régionales. Retour sur sa déclaration. Une décision vivement critiquée.
Depuis son QG de campagne, vers le boulevard Baille, la déclaration de Jean-Laurent Félizia s’est longuement faite attendre. Finalement le leader du Rassemblement écologique et social annonce le maintien de ses listes. « Les électeurs de gauche attendent autre chose que l’effacement de leurs idées ! ». Pour Jean-Laurent Félizia, « notre score méritait d’être porté au-delà de ce simple premier tour ».
Le candidat, arrivé en troisième position selon les premières estimations (entre 14 et 18%); derrière le RN Thierry Mariani (34,8%) et Renaud Muselier (LR) 33,7% a dit se réjouir « que notre liste ait réussi à entamer la reconstruction de la gauche dans notre région », avant de parler du taux d’abstention« le fait majeur de cette élection ».
« La vérité » selon Jean-Laurent Félizia
La décision de se maintenir a été prise à l’issue d’un « débat collectif » et « animé ». Pour motiver sa décision, il défend « une autre vision de la société pour cette région ». « Nous n’avons pas proposé aux électeurs de la gauche et de l’écologie de voter pour leurs idées, pour leur proposer ensuite de disparaître et de s’effacer pendant les 6 prochaines années. La vérité, c’est que les citoyens de gauche attendent autre chose que l’effacement de leurs valeurs et de leurs idées, comme ils l’ont vécu depuis 2015, comme nous l’avons dit tout au long de cette campagne ».
Pour rappel, en 2015, Christophe Castaner (PS à l’époque) avait retiré sa liste pour faire barrage au Rassemblement national. C’est donc l’option d’un front républicain qui s’éloigne.
L’écologiste estime que les reports des voix de Jean-Marc Governatori, « montrent que le candidat sortant devrait être en position de l’emporter, sans avoir à chercher des alliances artificielles qui ajoutent parfois à la confusion ».
Jean-Marc Governatori, avait, quant à lui, annoncé son intention d’apporter son soutien à Renaud Muselier pour le second tour du scrutin, sous condition.
Jean-Laurent Félizia continuera à faire campagne pour défendre ses « idées » et ses « valeurs », « pour notre projet, pour l’emploi, le climat et les services publics. Nous serons une opposition claire et déterminée au service de ces idées (…) La vérité, c’est que nous avons rétabli, ensemble, avec toutes les composantes du Rassemblement écologique et social et malgré l’explosion du paysage politique, une voix de la gauche et de l’écologie dans cette région ».
L’adversaire et l’ennemi
« Dans ce second tour, nous aurons un adversaire, le candidat sortant, Renaud Muselier, et un ennemi, le Rassemblement National qui reste pour nous une force d’exclusion, de division, d’intolérance qui ne doit pas l’emporter dans cette région », déclare le candidat.
Il appelle dimanche tous les électeurs de la gauche et de l’écologie qui se sont abstenus « car ils craignaient que ce vote de premier tour soit un vote “pour rien”, à se mobiliser largement pour faire vivre les valeurs de la gauche et de l’écologie dans la prochaine assemblée ».
L’appel solennel d’Olivier Faure au retrait de la liste
D’ores et déjà, Olivier Faure, premier secrétaire du PS a affirmé sur TF1 « qu’il n’y aura pas de socialistes sur la liste » de Jean-Laurent Felizia si elle se maintenait au second tour. « Si Monsieur Mariani peut l’emporter, nous ferons notre devoir ». C’est donc une liste revisitée qui devrait être déposée en préfecture mardi.
J’appelle solennellement au retrait de la liste conduite par @FeliziaJean. Aucun risque ne peut être pris face à l’extrême-droite. #PACA #regionales2021
— Olivier Faure (@faureolivier) June 20, 2021
« Une erreur politique » pour Yannick Jadot
Cette décision n’a pas tardé à faire réagir. Sur le plateau de France 3, ce soir, Saïd Ahamada, députée LREM des Bouches-du-Rhône a réagi « J’entends la volonté des gens de gauche mais il faut tout faire pour que le RN ne prenne pas la région. Il y a un troisième scénario possible et qui n’est pas fermé, c’est que Félizia aide à construire une digue. Une fusion peut avoir plusieurs scenario ».
Pour Yannick Jadot, le maintien de Jean-Laurent Felizia est « une erreur politique ». L’euro-député EELV appelle les écologistes à « revenir sur cette décision » à quelques heures du dépôt des listes. « Je comprends parfaitement que la situation a beaucoup évolué par rapport aux sondages, mais elle n’est pas satisfaisante au regard du risque de victoire du Rassemblement national », déclare-t-il, sur BFM TV. « Je ne soutiens pas cette décision ».
Jean-Laurent Félizia
« Je n’ai pas à répondre à Olivier Faure, mais à répondre de mes actes auprès des électeurs et des électeurs, a répondu sur France 3, Jean-Laurent Félizia. Je n’ai pas à entrer dans un débat qui semble choquer les états-majors parisiens (…) La prochaine fois on va me demander de ne pas présenter des listes ».
Le maire de Marseille Benoît Payan, a réagi dans un communiqué de presse : « Nous ne pouvons nous résigner à ce que notre région sombre dans l’impasse sinistre du RN. C’est contraire aux valeurs de notre ville solidaire, fraternelle et populaire. S’il y a le moindre risque que notre région bascule aux mains de l’extrême droite, nous devrons être là où le devoir commande ».