Demain, le maire de Marseille, Benoît Payan, et sa maire adjointe, Samia Ghali, vont défendre 124 projets à l’occasion d’un comité d’engagement national de l’Anru. Plusieurs centaines de millions d’euros à la clé et une volonté affirmée de reprendre la main sur les sujets de rénovation urbaine. Illustration à La Busserine, dans les quartiers Nord.

Devant l’école élémentaire Émilie-Vayssière, à La Busserine (14e), le chek de coude est de rigueur. La scène est inédite. La crise sanitaire y est pour beaucoup, forcément, mais ce jour-là, c’est parce qu’« on n’a jamais eu de visite de maire », lâche cette habitante du quartier, qui vit au rythme des tractopelles depuis 2014.

L’année qui marque le coup d’envoi de la vaste opération de renouvellement urbain du Grand Est Barthélémy concomitant avec les travaux de la L2, ajoutant nuisances aux autres problématiques du quartier, mal-doté en termes d’équipements et en proie au trafic de stupéfiants.

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Des quartiers trop longtemps abandonnés

Dans ce contexte, l’arrivée de Benoît Payan, accompagné de plusieurs de ses adjoints, est vue d’un bon œil. L’occasion de faire remonter – encore – les difficultés, à commencer par celles rencontrées à l’école Vayssière 1. Elle est l’une des fameuses écoles de type « Geep ». Ce bâtiment préfabriqué, austère, conçu avec des structures métalliques construit dans les 1970, fait partie des 5 groupes scolaires qui seront rénovés dans quelques mois.

Un projet pour lequel la Ville de Marseille compte sur les subventions de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru). « C’est une réhabilitation lourde tout en conservant la structure métallique », précise Pierre-Marie Ganozzi, adjoint en charge du plan école, du bâti, de la construction, de la rénovation et du patrimoine scolaire. « Ces quartiers ont été pendant trop longtemps oubliés. On est en train d’écrire une nouvelle histoire ».

Dans le premier chapitre, cette visite symbolise la volonté de la majorité de mettre un coup d’accélérateur aux projets de renouvellement urbain, pour lesquels la Métropole Aix-Marseille Provence avait jusqu’ici pleinement la main. Marseille, qui avait quitté le comité de pilotage de l’Anru, revient à la table des discussions et compte faire entendre sa voix.

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Des « projets ficelés » pour décrocher les crédits nécessaires

Rendez-vous crucial demain, avec la présentation de « dossiers ficelés », insiste le maire, à l’occasion d’un comité national d’engagement de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine. Cette instance unique examine et valide des projets de renouvellement urbain présentés par les collectivités. 124 projets seront ainsi défendus par le maire et sa maire adjointe, Samia Ghali, en charge de la stratégie municipale sur les projets structurants de la ville, pour l’égalité et l’équité des territoires, et de la relation avec lʼAnru.

À la clé, plusieurs centaines de millions d’euros, et jusqu’à un milliard. « Ce qu’on a dit et ce qu’on fait au quotidien c’est d’aller chercher des crédits qui n’ont jamais été fléchés sur Marseille. Ça devient concret. Le 22 avril [demain] on a cette réunion. On va engager des crédits, pour dire qu’ici c’est une priorité. Il y a les mots d’amour et les preuves d’amour. Et les preuves c’est de commencer par ici », poursuit Benoît Payan, dans la cour de l’école, surplombée par l’un des bâtiments du Mail.

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Cette co-propriété en partie « squatée » et encore occupée par des locataires, est vouée à la démolition pour permettre de désenclaver le groupe scolaire. « Ses habitants seront relogés. L’objectif est de rattraper le retard de ces dernières années, ça ne se fera pas en 5 minutes. C’est comme si on devait rénover toute la ville d’Aubagne, ça demande de la concertation, et la tâche est aussi de coordonner tous les interlocuteurs. Il faut une volonté politique. Nous l’avons. On le fait, il faut être transparent, avec la Métropole, dans le cadre d’une gouvernance partagée », ajoute Samia Ghali, qui s’y attelle ces derniers mois.

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De g. à d. Anne-Marie Tagawa, membre du groupe de veille de la Busserine et administratrice du centre social l’Agora, Nassera Benmarnia, adjointe chargée du retour de la nature en ville, le maire de Marseille, Benoît Payan et sa maire adjointe, Samia Ghali, chargée de la relation avec l’Anru.

Optimiser les équipements

Ici, l’élue connaît presque tous les membres du Groupe de veille de La Busserine, composé de 18 associations du quartier, et échange avec eux régulièrement. Aucune surprise pour elle lorsqu’avec les autres élus, elle pénètre dans le gymnase adjacent dégradé. « C’est magnifique hein ? » commente Marion Ricardo, de l’Association Marseille Nord Hand-ball.

Sanitaires insalubres, infiltration d’eau, terrain inondé, vestiaires en mauvais état… « Nous accueillons des équipes régionales et nationales et parfois elles ne veulent plus revenir lorsqu’elles voient les conditions », confie-t-elle. La jeune femme met également en avant quelques options, comme une meilleure optimisation des équipements hors du temps scolaire, sur des plages horaires plus larges et des ouvertures le week-end, dans une ville où seulement 30% des équipements sportifs sont utilisés.

La rénovation de l’école permettra déjà de créer une entrée du gymnase sur l’extérieur pour l’ouvrir sur le quartier. « Et pourquoi ne pas créer une école du sport ? Il manque aussi des rangements », ajoute-t-elle.

En contrebas, la nouvelle école de La Busserine, livrée par l’Anru en 2015, boulevard Charles-Mattei, fait aussi parler d’elle. Derrière son apparence « plutôt jolie », les parents d’élèves pointent les malfaçons, des affaissements dans la cour et « comme c’est plein sud, l’été il fait chaud et l’hiver très froid », explique Djamila Mostefa, présidente des parents d’élèves. Sans oublier le manque de préau, auquel le maire de Marseille entend remédier rapidement.

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De la crèche de l’Oeuf à la création de la plaine des sports et loisirs

La crèche de l’Oeuf fera elle aussi l’objet d’une réhabilitation et d’une remise en fonction, au grand soulagement des habitants. De futurs gestionnaires seront prochainement auditionnés, les Apprentis d’Auteuil, ayant quitté les lieux pour des raisons de sécurité, à la suite d’une fusillade en 2018.

Depuis leur départ l’année dernière, les locaux, propriété d’Habitat Marseille Provence, sont occupés par deux associations « pour éviter d’être squattés », explique Anne-Marie Tagawa, membre du groupe de veille de La Busserine et administratrice du centre social l’Agora. Lui aussi est concerné par des travaux, avec la création d’une entrée côté Place de la gare. Entièrement réhabilitée, cette dernière se verra supprimer son local à vélos, dégradé et inutilisable.

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Dernier point d’étape, près de la L2, sur un terrain en friche. Il sera transformé dans quelques mois en plaine des sports et loisirs [le détail du projet ici].

« C’est une vraie plus-value pour le quartier, souligne Denis Rossi, vice-président du Conseil de territoire Marseille Provence délégué à l’Anru et à la Politique de la ville. C’est un vrai challenge et on ne peut pas faire les choses à moitié pour une requalification de cette ampleur ». 

« Après toutes ces années, enfin, les habitants de ces quartiers vont avoir ce nouvel espace de vie, cette oxygénation. On va arriver au bout », poursuit, déterminée, Nassera Bermarnia, adjointe en charge des espaces verts, des parcs et jardins et du retour de la nature en ville. Une délibération pour sa création sera d’ailleurs présentée au prochain conseil municipal.

En reprenant la main sur les projets de rénovation urbaine, Marseille veut revenir dans le concert des grandes métropoles de France.

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