La filière hydrogène s’est considérablement développée sur le territoire ces dernières années. Enjeu majeur de la relance économique, les collectivités soutiennent cette technologie d’avenir. La Métropole Aix-Marseille Provence présente aujourd’hui sa stratégie pour devenir d’ici à dix ans un hub méditerranéen de production et de distribution de l’hydrogène.
C’est un enjeu crucial de la relance. L’hydrogène est présenté comme un axe majeur de la réindustrialisation française, compte tenu des enjeux environnementaux, économiques, de souveraineté énergétique et d’indépendance technologique. Substitut aux hydrocarbures, moyen efficace pour développer différentes énergies renouvelables, entre autres, elle est « la technologie décarbonée la plus prometteuse » selon le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire. Dans dix ans, le secteur pourrait générer 100 000 emplois, et représenter 20% de la demande d’énergie en France en 2050.
Le premier coup d’accélérateur a été donné avec le plan Hulot de 2018, avec 100 millions d’euros dédiés à la création d’une filière d’excellence française de l’hydrogène. Cette tendance est définitivement engagée avec un investissement de l’État de 7 milliards d’ici à 2030, dont 2 milliards dans le cadre de France relance. « Notre objectif est clair : conjuguer le développement technologique et la transition écologique », précisaient Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique et Bruno Le Maire.
La richesse de l’écosystème territorial
Cette politique est déjà à l’œuvre dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Capenergie, HySiLabs, Proviridis, Helion Power, Alcrys, GRT Gaz, Air Liquide, Engie, Total, EDF, KemOne… au regard de la richesse de l’écosystème sur le territoire, le Conseil régional a débloqué en 2019, 5 millions d’euros pour sa structuration et son développement ; puis voté en décembre 2020 un « Plan hydrogène », dans le cadre de sa Cop d’avance.
Convaincu du potentiel dans le mix énergétique sur le territoire, la Métropole Aix-Marseille Provence avait amorcé un début de stratégie en inscrivant dans son agenda de la mobilité métropolitaine, plusieurs intentions de projets comme l’acquisition de bus à hydrogène sur les lignes de l’ouest de l’étang de Berre, la locomotive de fret pour le transport des déchets ménagers vers l’incinérateur de Fos-sur-Mer ou encore le déploiement de solutions piles à combustible dans les entrepôts logistiques…
A relire
Trois bus métropolitains roulant à l’hydrogène entre Marseille et Fos
La feuille de route présentée en conseil de la Métropole aujourd’hui vise à « réduire, à l’horizon de 10 ans, les coûts de production, de stockage et de distribution de l’hydrogène vert, tout en enracinant sur le territoire une filière industrielle 100% française ». Elle entend s’appuyer pour cela sur les acteurs et les équipements existants, à l’image des infrastructures portuaires et les nombreux pipelines, dont l’hydrogénoduc de 42 kms reliant Lavera à plateforme industrielle d’innovation de Caban Tonkin (Piicto), opéré par Air Liquide.
Jupiter 1000 qui possède la première station de poids lourds à hydrogène ou la plateforme de formation, unique en Europe, sur la sécurité hydrogène installé à l’Ensosp. La Métropole est partenaire de projets d’envergure tels que Hyammed à Fos-sur-Mer porté par Air Liquide encore. Cette station d’avitaillement dédiée à la mobilité lourde, alimentée en hydrogène, sera mise en test fin 2021 et ouverte officiellement en mars 2022 avec 8 camions hydrogène de logistique longue distance (200 à 800 km) en tests qui viendront s’y avitailler et 3 bus métropolitains des lignes 4 et 5 du réseau Ulysse (pour la durée du marché 2022-2024).
Pour l’acquisition de ces bus pour circuler entre Marseille et Fos, elle prévoit de solliciter des subventions auprès du Plan hydrogène de la Région, mais aussi de déposer un dossier conjoint avec Air Liquide dans le cadre de l’appel à projets « Écosystèmes territoriaux hydrogène » de France relance.
Massylia : centre international d’expertise en hydrogène
Preuve encore de la dynamique sur le territoire, avec la signature il y a quelques semaines, d’un accord de coopération entre Total et Engie pour porter ensemble un projet baptisé MassHylia. Le plus grand site français de production d’hydrogène vert à partir de l’électricité 100% renouvelable devrait voir le jour en 2024 en Provence, sur les terres de la bioraffinerie de Châteauneuf-les-Martigues.
Une nouvelle brique énergétique pour attendre la neutralité carbone en 2050. Intégrant différentes innovations, Massylia s’impose comme un centre international d’expertise en hydrogène. Une annonce d’ailleurs intervenue au moment même où l’État a installé le Conseil National de l’Hydrogène, qui réunit les grands industriels avec comme ambition de parvenir à une filière compétitive de l’hydrogène décarboné d’ici dix ans.
A lire
Des navettes à hydrogène jusqu’au Frioul
La Métropole ambitionne de faire du territoire métropolitain, un hub de production et de distribution de l’hydrogène vert, en direction de l’hinterland régional, à moyen terme et à long terme à l’international (terminaux méthaniers à Fos-sur-Mer). Pour devenir un leader dans le développement de cette énergie avec un premier marché « industriel » qui prépare à la mobilité de demain, la Métropole va lancer plusieurs expérimentations et analyses de faisabilité technique. La première sur l’opportunité de faire naviguer des bateaux à hydrogène pour les lignes RTM entre l’Estaque et le Vieux-Port puis la Pointe-Rouge mais aussi vers le Frioul.
Dans le but de créer une plateforme logistique à mobilité décarbonée autour de Fos/Miramas, elle souhaite expérimenter un train fret à hydrogène en lien avec sa régie la RDT 13, notamment sur le train des ordures ménagères qu’elle opère entre Marseille et Fos-sur-Mer.
En s’appuyant sur Capernergie, la Métropole inscrit dans sa stratégie un accompagnement aux acteurs de la filière implantés sur le territoire, ainsi qu’un soutien aux expérimentations. Là encore à Marseille, les innovations sont au rendez-vous. À titre d’exemple, l’Energy Observer, le bateau entièrement autonome et propulsé aux énergies renouvelables et à l’hydrogène. Hynova 40, le premier bateau de plaisance au monde utilisant de l’hydrogène stocké à bord pour naviguer sans polluer.
A relire
JO 2024, comme vitrine des innovations
Pour définitivement hisser les voiles de la filière, les Jeux Olympiques 2024 apparaissent comme une vitrine idéale pour promouvoir les innovations du territoire. En vue de cette échéance, l’ambition est de développer la mobilité propre pour les équipes et les athlètes, équiper les sites et village olympique de piles à combustibles (PAC) en fonction des besoins et « si c’est réalisable dans les délais » disposer d’une navette maritime à propulsion électrique/H2 sur les lignes de la RTM.
Enfin, à l’heure de la ZFE, un travail sera mené sur la logistique du dernier kilomètre vers ou dans les pôles urbains afin d’inciter les logisticiens à faire basculer leur flotte captive à l’électrique ou l’hydrogène « lorsque c’est opportun ».