Le projet d’hôpital privé à Saint-Barnabé sur le site de l’ancien collège Louis Armand n’aura pas lieu. La Ville de Marseille a refusé le permis de construire et va lancer un appel à idées pour un vaste projet de tiers-lieu.
Quel avenir pour l’ancien collège Louis-Armand dans le 12ème arrondissement de Marseille ? Ce que l’on sait déjà, c’est qu’il doit être rasé et désamianté. Une future friche, donc, qui a déjà attiré les convoitises.
Comme les cliniques Beauregard et Vert-Coteau, qui projetaient de fusionner dans un projet d’hôpital privé de 6 étages pour 655 lits. Deux enquêtes publiques ont émis des avis défavorables. Mais le projet a été définitivement enterré en décembre dernier, avec le refus du permis de construire.
La Ville de Marseille, propriétaire du terrain de 2 hectares, l’a annoncé ce vendredi 12 mars. L’adjointe à l’Urbanisme, Mathilde Chaboche, et son homologue à la sécurité, Yannick Ohanessian, ont fait le point sur site.
Exit le projet d’hôpital
Un collège à 100 mètres, une zone bordée d’habitations, ce projet était « inadapté aux besoins et problématiques du quartier » selon les mots de l’adjoint. « Nous sommes fiers de vous annoncer que ce projet n’aura pas lieu ici. C’est la victoire du bon sens ».
Toutefois, Yannick Ohanessian assure que la relation n’est pas rompue avec le Groupement d’intérêt économique (GIE) porteur du projet hospitalier. « Nous continuons de travailler avec eux pour voir quelles sont les autres possibilités de projet à l’échelle de la ville. Et peut-être trouver un équilibre public-privé ».
Sécuriser le site
Élu des 11-12èmes arrondissement, il a surtout justifié sa venue en tant qu’adjoint à la sécurité de la Ville. Car le site est aujourd’hui une vaste zone à l’abandon, polluée, amiantée, dont le délabrement dangereux n’empêche pas les nombreuses visites, dont « beaucoup de jeunes, des enfants, des collégiens ».
Pour autant, il n’y a pas de calendrier fixé pour l’instant concernant la « démolition-dépollution » des nombreux bâtiments sur plusieurs étages. Le désamiantage est pour l’instant estimé à 1,5 million d’euros. Dans une période où la mairie alerte sur l’état de ses finances, Mathilde Chaboche assure que « tout bon projet trouve ses financements », évoquant des aides diverses, comme celles de l’Europe.
Un appel à idées pour définir la vocation du site
Opposé au projet d’hôpital depuis le début, le collectif Nos quartiers demain travaille sur une alternative à l’hôpital depuis plus de deux ans. Ateliers, concertations, questionnaires, en collaboration avec les riverains, des architectes, des sociologues… Ils en ont établi un cahier des charges de plus de 50 pages définissant un grand projet de tiers-lieu participatif autour de la transition écologique.
« Nous sommes très contents de cette annonce », lance André Poussier, membre du collectif. « D’abord, pour l’abandon du projet d’hôpital. On n’avait aucune visibilité sur l’avancement du projet ». Mais il se réjouit surtout de l’autre annonce du jour de Mathilde Chaboche : le lancement d’un « appel à idées » dans les deux prochains mois pour trouver un avenir aux 2 hectares du sites. « Et en incluant aussi les trois autres parcelles municipales, de l’autre côté du boulevard Louis Armand, représentant 36 000 m2 », précise l’adjointe.
Pour deux d’entre-elles, le jardin Félicien David et la piscine Louis Armand, il devrait surtout être question de les articuler avec le projet sans en changer la vocation. Mais la troisième parcelle, aujourd’hui occupée par des forains juste derrière le métro, devrait trouver un usage public.
Des premiers projets en occupation temporaire
Malgré deux années de travail, un rôle fort dans l’annulation du projet privé, et une proposition ficelée, le collectif ne se sent pas écarté par l’ouverture de l’appel à idées. « On n’imagine même pas ne pas faire partie du projet », lance André Poussier. « Mais on ne veut rien imposer non plus. L’important, c’est la concertation et l’ouverture au quartier ».
Les résultats de l’appel à idées devraient être connus avant la fin de l’année. En parallèle, « des études urbaines et architecturales vont être lancées », assure Mathilde Chaboche, qui n’exclut pas la possibilité d’intégrer des logements. « Mais nous souhaitons le moins de béton possible, et préserver la perméabilité du site ». Les premiers projets de la friche Louis Armand pourraient être lancés dès 2022 « en occupation temporaire, pour tester le site », estime l’élue.