À Endoume, le collectif Alt + se bat depuis des années pour offrir une nouvelle vie sociale et culturelle à l’ancienne ferronnerie Piana, que la Métropole destine à un parking. Alors que le collectif s’agrandit et se nomme désormais Miraa, les pouvoirs publics vont lancer une étude pour trancher sur l’avenir du site.
Le kiosque du square Léon Blum, le portail de l’Hôtel Dieu ou encore la verrière de la Criée… En se baladant dans les rues de Marseille, on peut contempler l’héritage encore bien vivant de la ferronnerie Piana. L’établissement a fermé définitivement ses portes dans les années 1960 pour devenir un bâtiment abandonné parmi d’autres, au 5 de la rue Sauveur Tobelem, dans le quartier d’Endoume.
Toutefois, il se démarque encore de ses voisins malgré le crépi défraîchi. Ses briques rouges, ses poutres métalliques encadrant des façades vitrées, sa porte entièrement forgée, témoignent encore de ce patrimoine industriel prestigieux. C’est ce qui a créé l’engouement d’un collectif d’architectes et d’urbanistes : Alt +. Ils ont investi les lieux en 2018 pour tenter de le remettre en valeur et lui donner un avenir culturel et social de quartier. Un projet de friche baptisé « La Belle d’Endoume ».
Friche VS parking
Mais dans le même temps, en 2019, la Métropole Aix-Marseille-Provence rachetait le bâtiment pour une toute autre vocation : un parking. Il doit répondre au fort besoin de stationnement du quartier qui devrait paradoxalement s’accentuer avec la création du tramway des Catalans, car ce dernier supprimera de nombreuses places sur son trajet. La collectivité prévoit de préserver les éléments architecturaux remarquables du site.
Après des années de concertations citoyennes, d’ateliers de réflexion et quelques discussions avec la Métropole et la Ville, le collectif Alt + a trouvé une écoute. Et ouvert la porte à une troisième voie : un projet mixte, où cohabiteraient parking et lieu de vie sur les 1 200 m2 d’emprise au sol, permettant d’imaginer le double de surface à exploiter.
Miraa : un nouveau souffle citoyen
Pour le collectif, le temps et l’énergie déployés ces trois dernières années a coûté. Alors qu’il commençait à s’essouffler, un vent nouveau arrivé de Paris redonne un élan au projet. Tombée amoureuse de Marseille, Kelly Merran y a posé ses valises l’année dernière avec un projet de tiers-lieu, nommé « l’école de la curiosité », nous dit-elle. « Un espace de vie, d’échanges, de lien, mais aussi de culture, d’artisanat, de restauration… Pensé autour de la connexion à soi et aux autres. Il mûrissait depuis longtemps. J’ai quitté l’écosystème de l’entrepreneuriat et des start-ups pour un projet avec du sens. Il ne manquait qu’un lieu pour le faire vivre ».
Elle a alors découvert la ferronnerie Piana et le travail déjà avancé du collectif Alt +. « Kelly a pris le lead et relancé la machine. Même si on reste dans le collectif pour continuer à travailler et apporter nos expertises », raconte l’architecte Stéphane Rutily. Il est le premier à avoir jeté son dévolu sur le bâtiment pour lui donner une nouvelle vocation. Le collectif, agrandi, porte désormais le nom de Miraa.
Et il a déjà repris le travail de co-constrution avec les habitants du quartier « ou ceux d’ailleurs qui l’aiment et le pratiquent », précise Kelly. « On a animé un premier atelier la semaine dernière autour du lien social et des rencontres ». D’autres suivront, et un questionnaire en ligne à cette adresse permet également de recueillir les avis et idées. « Pour connaître les manques dans le quartier, les causes prioritaires, identifier les activités à développer. Il a déjà été rempli par 350 participants, dont 50 % souhaitent s’investir dans le projet », assure-t-elle.
La Métropole lancera une étude dans les prochains mois
« L’idée, c’est d’avoir un projet bien ficelé, notamment financièrement, pour ensuite le proposer à la Métropole ». Le calendrier devrait s’imbriquer avec celui de la collectivité. Selon nos informations, elle lancera une étude sur le site dans les prochains mois pour trancher sur son avenir.
Ce travail doit aboutir à un triple diagnostic : urbain d’abord, pour définir les besoins du quartier. Patrimonial ensuite, pour cibler les éléments architecturaux à préserver sur le bâtiment. Et enfin, un diagnostic sur les différents acteurs engagés autour d’une vocation créative et innovante.
Ce dernier point devrait donner quelques espoirs au collectif Miraa, et laisse la porte ouverte à une seconde vie pour la ferronnerie Piana.