Ce mardi 23 février, les acteurs de l’économie touristique en montagne se sont réunis autour du président de la Région Sud, Renaud Muselier, à l’occasion des Assises régionales de la montagne. 8 millions d’euros d’urgence et 200 millions d’euros d’investissement pour aider les professionnels des Alpes du Sud ont été annoncés au cours de cette table ronde.

Une seule activité vous manque et tout est dépeuplé. L’effet domino. Les sports d’hiver font vivre directement plus de 200 000 personnes en France et attirent près de 2 millions de touristes chaque hiver. Mais qui dit « année blanche » dit aussi « année noire » pour l’ensemble du secteur. « Nous sommes inquiets pour 2021, intervenait René Massette, président du Conseil départemental des Alpes de Haute-Provence. Nos capacités d’autofinancement seront réduites. Ça fait trop longtemps qu’on attend des aides. Il faut penser à ceux qui souffrent dans toutes les stations, c’est tout ça qui est en jeu. Peu de monde travaille, et à un moment, il faudra payer la note ».

Un sentiment d’exclusion, d’abandon, partagé par l’ensemble des professionnels réunis lors de ces Assises régionales de la montagne, présidées par le président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier. Après plusieurs mois de discussions avec le gouvernement, l’heure est au constat. Celui des pertes économiques accumulées depuis bientôt un an et d’un secteur bouleversé par la crise.

« La situation n’est plus tenable pour des milliers de professionnels et de familles. Nous devons mener le combat en pensant à aujourd’hui mais aussi à demain », annonce Renaud Muselier, dont la collectivité est toujours en ordre de marche malgré les déconvenues de ces derniers mois, dont la fermeture prolongée des remontées mécaniques. Pour répondre à l’urgence de la situation, « deux calendriers successifs » ont été évoqués.

, Alpes du Sud : les professionnels de montagne s’unissent pour remonter la pente, Made in Marseille
©Emmanuel Molle

200 millions d’euros sur 5 ans pour la politique montagne

Vendredi dernier, la Région votait un plan d’investissement d’urgence de 8 millions d’euros pour répondre aux difficultés de trésorerie des stations de ski. S’ensuivent d’autres dispositifs d’aides économiques*, parmi lesquels un plan de relance touristique, annoncé la semaine dernière.

Dans un second temps, « en attendant un éventuel Plan Montagne du Gouvernement, nous, c’est maintenant que nous nous engageons ». 100 millions d’euros avaient déjà été investis dans le cadre de la « politique montagne » de la Région Sud. Pour les 5 prochaines années, 200 millions d’euros seront consacrés au développement économique, social et culturel des vallées à travers les « Espaces valléens » et aux stations. Les résultats d’une étude prospective sur l’avenir des stations des Alpes du Sud est en cours pour orienter les prochains dispositifs, concernant notamment la diversification des activités touristiques saisonnières.

Ces aides font aussi suite à un appel unanime des acteurs de la montagne : le soutien financier annoncé par l’État, comme l’a rappelé Arnaud Murgia, maire de Briançon. « Est-ce que l’image de nos montagnes et de nos stations de ski était la bonne ? Si elle l’était, est-ce qu’on serait fermé aujourd’hui ? Cette question, on est obligé de se la poser quand on regarde ce qu’on a vécu. Cette crise a commencé en nous demandant de prendre notre outil industriel et de le casser. J’ai entendu beaucoup de paroles de la part du gouvernement. Aujourd’hui, les actes ne suivent pas. Une station comme Serre-Chevalier, à la fin du mois de mars, normalement, est en situation de cessation de paiement. La perte de recettes pour nos communes est faramineuse. L’impact que ça aura sur notre autofinancement pose question sur la capacité que l’on aura à rebondir. Il faut se serrer les coudes. On attend un certain nombre de réponses de la part des politiques sur la réalité des territoires ».

Penser l’avenir malgré la crise

Et si l’aspect pécuniaire continue de peser dans la balance touristique, celui de l’attractivité des territoires de montagne et son approche durable n’en est pas pour autant oublié. Les « Smart Mountains » restent au cœur des préoccupations concernant l’avenir des quelque 65 stations des Alpes du Sud, dont certaines ont déjà engagé leur transition écologique en adaptant leurs services.

Dans le cadre de son plan environnemental ambitieux une « COP d’avance », la Région déploie le volet « Montagne Préservée », avec le financement de nombreux projets d’énergies renouvelables dans les stations, à l’instar du domaine skiable de Serre-Chevalier.

D’autre part, pour développer une montagne plus vertueuse tout en répondant aux enjeux démocratiques dans les territoires alpins de la région, une consultation citoyenne, baptisée « Sudopolis » sera lancée dans les prochains jours. Celle-ci sera « ouverte à tous les habitants des Alpes du Sud et à tous les amoureux de la montagne qui voudront proposer, échanger, partager leurs idées et leur conception des Alpes du Sud de demain ».

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