Les projets présentés par la Métropole à l’État dans le cadre du Plan de relance ne font pas l’unanimité. En conseil de territoire mardi 16 février, les élus marseillais du groupe « Pour une métropole du bien commun » ont décidé de ne pas prendre part au vote sur le contrat métropolitain, dénonçant un manque de concertation.

Les élus de la majorité municipale marseillaise se réservent pour le conseil de la Métropole, jeudi 18 février, mais ont donné le ton hier à l’occasion du conseil de territoire Marseille-Provence, organisé en distanciel. Plus structurés avec la création d’un groupe politique baptisé « Pour une métropole du bien commun », présidé par la maire des 1-7e Sophie Camard (LFI), ils ont décidé de ne pas prendre part au vote du rapport 6.

Celui-ci fait, en effet, état des projets de la Métropole proposés dans le cadre de la relance, en vue d’un contrat métropolitain ingérant les financements de l’État, la Région, du Département et des fonds européens. Sur le même modèle que le Contrat d’avenir État-Région, la présidente LR de la Métropole, Martine Vassal, a proposé cette idée au Premier ministre, Jean Castex ainsi qu’au ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire. « Les projets ont été reçus favorablement », nous confiait-elle, lors de notre grand entretien la semaine dernière. Elle indiquait, par ailleurs, avoir discuté avec le maire de Marseille, Benoît Payan sur le sujet.

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Le point de départ « d’une concertation »

« Pour une métropole du bien commun » perçoit cette délibération comme « une simple information ». « Vous nous demandez un avis favorable sur une liste de projets sur lesquels vous nous avez dit qu’il fallait faire vite, nous avons des téléphones portables, des directeurs de cabinet, nous aurions pu échanger sur cette liste, même en urgence », déclare Sophie Camard, considérant que le contrat métropolitain n’est que le point de départ « d’une concertation ».

Des prises de positions « incompréhensibles » pour Yves Moraine (LR), vice-président du conseil du Territoire Marseille Provence délégué au développement économique. « Où c’est trop tôt, ou trop tard, ironise-t-il. Que n’aurait-on pas entendu si l’on avait raté le train ? », dit-il, rappelant que dans ce Plan de relance à 4 milliards, 80% des financements sont réservés au Territoire Marseille-Provence. « Cela ne veut pas dire que l’on va imposer à la majorité marseillaise n’importe quoi. Le processus de décision politique et de concertation va arriver, mais il fallait faire vite pour être éligible et pour permettre aux opérateurs d’être prêts ».

Aller plus loin dans le domaine de la transition écologique

De son côté, s’il comprend la contrainte de temps, Sébastien Barles (EELV), adjoint au maire de Marseille, en charge de la transition écologique, explique que la liste présentée n’est pas assez engagée dans la transition écologique ; alors que “France relance” fait la part belle à cette thématique avec 30 milliards qui y sont consacrés sur 100 milliards d’euros.

« Pour notre territoire, c’est une chance et ce qui nous manque ce sont des grands projets structurants et de la volonté politique ». À titre d’exemple, l’élu cite le Plan Vélo : « il faut réaliser ces seize itinéraires et non pas faire du saupoudrage. Il y a une question de cohérence sur les mobilités douces. Ce qui est important c’est d’aller sur des projets de court terme »Pour lui, le Plan de relance métropolitain doit non seulement s’appuyer, mais « soutenir » des projets proposés par les acteurs du territoire qui « peuvent permettre d’améliorer le quotidien des Marseillais, pour mieux se déplacer ».

Il évoque également la candidature de la Ville de Marseille au programme « 100 villes européennes neutres pour le climat en 2030 » comme opportunité à saisir en partenariat avec la Métropole. [A lire ici]

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Des réserves injustifiées pour la droite

Des réserves marseillaises injustifiées pour Roland Giberti (DVD), président du conseil de territoire. « Je crois que vous n’avez pas été spécialement oubliés », rétorque-t-il, précisant que dans le contrat métropolitain, 1,7 milliard est consacré à Marseille. « Vous n’allez pas nous dire toute la soirée que vous n’avez pas été consultés. Moi, je vous demande de voter « pour » ».

Quant à Lionel Royer-Perreaut (LR), vice-président délégué à l’habitat, il regrette ce « débat politicien. Le contexte économique et social dans lequel nous évoluons devrait nous amener à un peu plus de responsabilités. Les acteurs économiques sont inquiets et c’est notre responsabilité à chacun que nous unissions nos efforts pour nous saisir des opportunités dans le cadre du Plan de relance pour être à la hauteur du rendez-vous ».

Saisir les opportunités offertes par le Plan de relance

Le Plan de relance fonctionne sur la base d’appels à projets auxquels répondent les collectivités [lire par ailleurs]. « Les territoires se livrent une âpre concurrence »,  rappelle le maire des 9-10. « Soit nous sommes en capacité d’être suffisamment agile pour être dans le tempo fixé par l’État, soit on va s’enfermer dans ces débats politiciens et typiquement marseillais et dans ces cas-là les trains nous allons les voir passer ».

Jugeant « la posture » des élus d’opposition « décrédibilisante », il rappelle l’automatisation du métro (600 millions d’euros) et dresse aussi la liste de quelques projets autour de la transition écologique et énergétique en réponse à Sébastien Barles : dans le solaire photovoltaïque, dans l’éolien flottant, dans les réseaux de chaleur et la méthanisation, « pour réduire les dépenses énergétiques des habitants, lutter contre la précarité énergétique en offrant une solution moins dépendante des énergies fossiles, diversifier le mix énergétique et améliorer la qualité de l’air du quartier ciblé », insiste d’ailleurs la collectivité.

En début de soirée, Roland Giberti s’est exprimé dans un communiqué de presse intitulé « La Ville de Marseille refuse l’argent du Plan de relance ! » « La majorité municipale prétend ne pas avoir été consultée sur ce plan. Il s’agit en effet du plan de relance métropolitain, sur des compétences métropolitaines. Pourquoi le Maire de la deuxième ville de France ne porte-t-il pas ses projets auprès du gouvernement ? Pour les écoles ? Pour les équipements publics municipaux ? ».

Nul doute que ce jeudi, le conseil de la Métropole risque d’être agité.

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