Les deux concert-tests de 1 000 personnes initialement prévus au Dôme de Marseille en février sont reportés en mars ou avril. En cause : la situation sanitaire et l’avancement des discussions avec les décideurs publics. Le collectif à l’initiative de cette étude scientifique nous précise le protocole de l’événement. Il n’y aura pas de fosse pour danser, mais des places délimitées.
Tout le monde les attend, et pourtant, seuls quelques heureux élus pourront y assister. Deux concerts-tests de 1 000 personnes sont prévus au Dôme de Marseille. Une expérimentation scientifique pour laquelle il ne servira à rien de chercher des billets sur internet. « Même si quelques annonces frauduleuses circulent déjà », raconte Vincent Estornel.
Ce médecin-urgentiste spécialisé dans la médicalisation des événements fait partie du collectif Do3me, regroupant des acteurs marseillais de la culture et de l’événementiel. Ils sont à l’initiative de cette étude qui sera réalisée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). C’est lui qui sélectionnera les candidats, et vérifiera, ou non, « qu’avec un protocole sanitaire rigoureux, il n’y a pas de sur-risque d’infection de Covid-19 dans un concert ».
Mais quand ? Prévue initialement pour la seconde partie de février « l’expérience aura plus probablement lieu en mars, voire début avril », précise-t-il.
En attente d’une accalmie de l’épidémie et de soutien politique
Un report qui s’appuie sur deux raisons : La première : « le virus circule encore trop, explique le médecin. Cela pourrait fausser les résultats de l’étude. Et on veut qu’elle soit fiable pour s’appuyer dessus et sur notre protocole dans une stratégie de réouverture des salles de spectacle ».
La deuxième cause est plus politique. La Ville de Marseille, propriétaire du Dôme, n’a pas encore tranché sur la mise à disposition du site. « On est prêt à prêter la salle et à mettre à disposition nos marins-pompiers pour la supervision sanitaire, mais il faut que ça serve à quelque chose », nous précisait l’adjoint à la culture, Jean-Marc Coppola.
Pour être clair, il souhaite des garanties de l’État pour que l’étude, si les résultats sont rassurants, « serve à déconfiner la culture et le spectacle. On ne veut pas juste faire un coup de buzz inutile ».
Roselyne Bachelot va présenter un plan d’urgence pour sauver les festivals
Une position municipale confirmée par le maire Benoît Payan lors de notre grand entretien : « Si le gouvernement fait comme si ça n’existait pas, je ne participerai pas à une expérience qui n’a pas d’intérêt et qui n’a pas de but. Je veux que le gouvernement comprenne justement que c’est très sérieux cette affaire-là ».
La ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, annonçait sur France info avoir regardé « avec beaucoup d’intérêt » les expérimentations similaires à Barcelone et Liebzig. À cette date, elle n’a pas pris d’engagement sur l’expérience marseillaise, mais pourrait le faire lorsqu’elle présentera un plan d’urgence aux festivals le 15 février prochain.
Les personnes positives ne seront pas exclues du concert
En attendant, le protocole scientifique et sanitaire pour les concerts-tests marseillais est « en cours de finalisation avec l’Inserm. Il comprend 13 mesures précises », explique Vincent Estornel. Les 2 000 « cobayes » vont être sélectionnés par les chercheurs. Ils devront être sains (entre 20 et 40 ans, bonne santé, sans pathologie pouvant aboutir à des formes graves de Covid-19). Parmi eux, 1 000 personnes seront tirées au sort pour assister au premier concert, pendant que les autres serviront de groupe contrôle. Les rôles devraient être inversés pour un second concert.
Ils seront tous soumis à un test PCR, avant et après, pour comparer si les contaminations sont plus importantes lors du spectacle ou non. Mais « il n’y aura pas de filtrage des personnes positives » qui assisteront aux concerts puisqu’il s’agit de mesurer la propagation du virus. « Mais aussi parce que nous cherchons à définir un protocole pour les festivals, qui ne peuvent pas tester tout le monde ».
Pas de fosse mais des placements délimités
Pour les conditions du concert, pas de fosse ou de pogos en vue. « Il y aura une place et une zone par personne. Mais elles pourront se lever et danser. Il n’y aura sûrement pas de distanciation de type une place sur deux. Car nous testons un protocole qui doit permettre aux salles de rentrer dans leurs frais », rappelle Vincent Estornel.
Les mesures sanitaires concernent surtout la gestion des flux « pour éviter que les gens se croisent trop ». Pour cela, il n’y aura pas de place numérotée, mais « une numérotation par rang. Ça permet de faire rentrer par créneau. Le premier arrivé au rang va au bout du rang, et ne se frotte pas à toute la rangée », explique le médecin. Toujours pour éviter les attroupements, il n’y aura ni entracte, ni merchandising, ni buvette en libre accès. « Seuls les trajets aux toilettes seront libres ».
Pour le reste, le port du masque sera obligatoire, et la salle sera désinfectée avant et après le concert « grâce à un canon à neige transformé en pulvérisateur de désinfectant géant ».
Qui pour accompagner IAM ? « Ni Jul, ni Soprano »
Le plateau artistique est composé par le collectif des acteurs marseillais du spectacle. Si le groupe IAM s’est lui-même dévoilé lors d’un podcast, l’organisation garde le secret sur les potentiels autres artistes. « Déjà, parce que ce n’est pas encore définitivement programmé, nous dit Vincent Estornel. Mais aussi parce qu’il s’agit d’une étude scientifique, et que toute communication doit se faire lors de sa publication finale ».
Toutefois, le médecin nous concède que les pistes concernent « des groupes locaux à envergure nationale. Mais ni Jul, ni Soprano », précise-t-il.