Afin de développer la production d’énergies renouvelables à Marseille, la Ville va lancer des études pour couvrir les bâtiments municipaux en panneaux photovoltaïques. Priorité aux écoles, qui profiteront du plan de rénovation scolaire pour être équipées. Mais des sites divers sont étudiés, comme les piscines, gymnases et les friches polluées.

Comme nous vous l’annoncions dans cet article, depuis le 1er janvier, l’électricité achetée pour tous les équipements municipaux (éclairages publics, écoles…) est désormais 100% issue des énergies renouvelables (EnR). La Ville entend aller plus loin avec une électricité verte produite localement dans les prochaines années.

Pour développer la filière et encourager les acteurs du territoire, un plan de couverture photovoltaïque des bâtiments municipaux est dans les tuyaux. Dans les prochaines semaines, la Mairie lancera une étude visant à équiper les toitures des bâtiments municipaux de panneaux photovoltaïques. Une délibération en ce sens pourrait être votée au Conseil municipal du 8 février 2021. De premiers panneaux solaires pourraient couvrir des toits dès la mi-2021.

Déjà 46 000 m2 de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments municipaux

Cette démarche s’appuie sur le travail déjà engagé par ses prédécesseurs. En 2009, la Ville a souhaité équiper les toitures de ses équipements municipaux de panneaux photovoltaïques pour répondre aux impératifs de la loi Grenelle. Le pôle média de la Belle de Mai, les archives municipales et trois écoles ont été équipés. Dans la foulée, un appel à des « tiers investisseurs » a été lancé sur environ 200 sites municipaux.

Seuls quatre opérateurs ont maintenu leurs offres, en les réduisant : EDF, Engie, Solar Solution et Tenergie. À ce jour, la Ville compte « environ 77 000 m2 de toitures équipées sur une soixantaine de bâtiments publics », nous précise Sébastien Barles, adjoint à la transition écologique. « Cela représente 46 000 m2 de panneaux photovoltaïques, générant 7,5 GWh d’électricité renouvelable par an ».

Mais lors de leurs réponses à ce premier appel à projets, les opérateurs ont remis des études de faisabilité, dont dispose toujours la municipalité. « Nous avons 55 « pré-études » de sites sur lesquels il est démontré que l’installation de panneaux photovoltaïques serait intéressante », explique Sébastien Barles. « On va s’appuyer sur elles dans un premier temps pour aller plus vite. Mais il faut les affiner car elles sont très théoriques et ne montrent que la surface « potentielle » de photovoltaïque ».

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L’école Chutes Lavie HLM Méditerranée est entièrement couverte de panneaux solaires

Profiter de la rénovation des écoles pour les équiper de panneaux solaires

En s’entourant de spécialistes locaux, comme Enercoop Paca « qui a déjà analysé une quinzaine de sites », la Ville va approfondir les études existantes. « On doit vérifier leur fiabilité et surtout faire le « dérisquage » [vérification de la faisabilité et de la pertinence, ndlr] : leur orientation au soleil, si la solidité du toit le permet, si des éléments comme des arbres ou des projets immobiliers futurs vont faire de l’ombre… ».

La majorité des sites étudiés font partie du patrimoine scolaire marseillais. Il sera la priorité dans cette stratégie de développement photovoltaïque. « L’idée est de réaliser un programme global à développer par grappes », poursuit l’élu. La Ville pourra s’appuyer dessus pour équiper les toitures dans le cadre du plan de rénovation des écoles : « Lorsque Pierre-Marie Ganozzi [adjoint au Maire de Marseille en charge du plan école, ndlr] va dire « on rénove telle école », qu’on puisse lui répondre « celle-là a un super potentiel, on en profite pour la couvrir en panneaux photovoltaïques » ».

Il précise que des aides nationales et régionales (Plan de relance, subventions de la Région Sud) peuvent être obtenues pour financer ces équipements. Un retour sur investissement attendu sur 3 ans et demi avec ce genre d’installations. « Une fois l’investissement amorti, nous passerons en autoconsommation collective. Et lorsqu’il n’y aura pas de consommation sur le site, l’énergie pourra être réinjectée dans le réseau afin que les familles en situation de précarité énergétique aux alentours de l’école puissent en bénéficier », imagine-t-il.

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Une première centrale citoyenne « d’ici 3 à 4 mois » à la Cité des arts de la rue ? 

Au-delà des écoles, l’adjoint à la transition écologique travaille sur d’autres projets avec des partenaires du territoire spécialisés. Comme Valorem, ou la société portée par des citoyens, Massilia Sun System. À l’actif de cette dernière : un chantier participatif pour l’installation d’une centrale solaire à la Déviation, une friche industrielle reconvertie en centre de création et résidence artistique à l’Estaque.

Selon Timothée Demont, membre de Massilia Sun System, une première centrale « citoyenne » devrait voir le jour « d’ici 3 à 4 mois sur un bâtiment municipal. Sébastien Barles a lancé des groupes de travail, notamment sur la production des EnR et l’exploitation des patrimoines municipaux. Nous sommes en train de voir ce qu’il est possible de faire et établir un calendrier », ajoute-t-il. Parmi les sites étudiés, comme les piscines « tournesol », les dépôts RTM, la cuisine centrale, certains bailleurs sociaux… « la Cité des arts de la rue tient la corde », confie Sébastien Barles.

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Panneaux photovoltaïques installés sur le toit de la Déviation, à l’Estaque © Massilia Sun System

Les panneaux hybrides sur les piscines et les gymnases

Mais qu’en est-il des autres bâtiments de la ville, aux toitures inexploitées ? Les innovations de structures locales, comme Dualsun (Château-Gombert) et Popsun (Saint-Cannat), pourraient également être installées sur des complexe sportifs : « Dualsun a inventé des panneaux hybrides [produisant de l’électricité et de la chaleur], ce sont les seuls à le faire », précise l’adjoint. « L’idée serait de les installer sur les parkings des piscines afin de les alimenter en eau chaude et en énergie pour l’ensemble de la structure. Idem pour les gymnases ».

De parcs photovoltaïques sur les friches polluées

Enfin, le photovoltaïque peut devenir une solution de réhabilitation pour les nombreuses friches polluées du territoire « qui offrent peu de possibilités de reconversion », estime Sébastien Barles. « Pour leur rendre une utilité […] On pense à Metaleurop à l’Estaque [ancienne usine d’arsenic, ndlr] », site pour lequel la Ville candidate auprès de l’État pour l’enveloppe « Friches » du Plan de relance, avec Legré Mante

Marseille et ses abords ne manquent pas d’autres sites pollués, déjà identifiés. « Le Plan local d’urbanisme (PLUi) a classé ces sites en zone naturelle d’énergie (Ne) », précise Bertrand Maljournal, responsable d’agence de Valorem à Aix-en-Provence.

En effet, sept sites sont protégés pour des projets d’énergies renouvelables sur le territoire métropolitain, dont trois à Marseille : l’installation de stockage de déchets inertes (ISDI) Palama (13e), avec 12 ha potentiels pour une production estimée à 7 MWc (mégawatts en puissance maximale); les sites industriels des Riaux (ancien site Metaleurop dans le 16e) avec 7 ha exploitables pour une production estimée à 7 MWc; et la carrière du massif de la Nerthe avec 10 ha exploitables (potentiel de production à étudier).

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Les 3 sites classés Ne par le PLUi à Marseille. Dans la Métropole, 4 autres sites sont classés : ISDND du Mentaure à la Ciotat, une friche et un ISDND à Septèmes, et le bois de Maougavi à Ceyreste.

Illona Bellier avec Loïs Elziere

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