En projet depuis 2015, l’écoquartier des Fabriques, implanté sur le périmètre d’Euromed 2, fait cette année l’objet des premiers travaux d’aménagement. Parmi eux, un jardin d’expérimentation temporaire, imaginé comme un laboratoire à ciel ouvert pour les futurs espaces publics du secteur.
Le rendez-vous est donné dans l’un des lieux déjà emblématiques du quartier : la manufacture collective et solidaire géante ICI Marseille (15e). Ce projet est le premier à avoir vu le jour dans le périmètre d’Euromed 2, préfigurant la dynamique que cherchent à impulser Euroméditerranée et les collectivités locales dans les quartiers Nord.
Inclusion sociale, mixité des usages et exemplarité environnementale. Telle est l’ambition du futur écoquartier des Fabriques. Cette partie de l’extension de la zone d’Euroméditerranée, baptisée Euromed 2, fait suite à la première phase d’aménagement, Euromed 1.
Depuis 2007, ce projet, concernant 169 hectares entre la rue de Lyon et le Grand port de Marseille, a pour objectif la revalorisation de différentes zones laissées à l’abandon. Parmi elles, celle où va bientôt sortir de terre l’écoquartier des Fabriques, installé sur 14 hectares aux alentours du métro Gèze.
Les travaux commencent cette année pour 5 projets de ce futur quartier : 4 destinés aux logements, commerces et école, ainsi qu’un dédié pour un parking. Au cœur de ce projet d’aménagement : associer l’écologie et la nature en ville. Un objectif déjà valorisé par la création d’un jardin d’expérimentation à deux pas du fablab ICI Marseille.
Réintroduire la nature en ville
« Le terrassement a commencé au début de l’année 2020, les plantations ont été faites en novembre et de nouveaux aménagements sont en train d’être effectués », nous indique Brice Chandon, en charge de la direction de la maîtrise d’ouvrage publique pour Euroméditerranée. Sur place, une trentaine de plantes méditerranéennes ont déjà pris racine, parmi lesquelles le chêne kermès, l’arbousier, le ciste, ou encore du thym et du romarin. Des espèces dites « indigènes », soit locales, qui seront transplantées dans l’écoquartier.
Un projet signé par l’entreprise Ilex, chargée de la maîtrise d’œuvre des espaces publics pour Les Fabriques, et Egis, en partenariat avec Euroméditerranée. Leur mission : imaginer la ville de demain grâce à l’introduction de la nature par des systèmes d’exploitation innovants.
Et Ilex n’en est pas à son coup d’essai dans le paysage local. « Nous travaillons depuis plus de 20 ans sur Marseille, rappelle Isabelle Vignolles, architecte et paysagiste-concepteur de la société. Nous avons notamment œuvré sur la conception du boulevard du littoral, l’aménagement du parvis de la gare Saint-Charles ainsi qu’à l’aménagement du parc de la Moline ». Missionnée en 2018, cela fait maintenant un an que l’équipe prépare le projet de végétalisation du quartier par le biais d’un jardin temporaire.
3 ans d’expérimentation
Car, à ce jour, son nouveau challenge réside sur cette parcelle des quartiers Nord, Euromed 2, dont les îlots ont pour vocation d’être végétalisés, grâce à des aménagements pérennes et durables. Une approche innovante, réalisée en collaboration avec la Métropole, la Ville de Marseille et les entreprises du territoire.
De l’autre côté du grillage, les ouvriers sont d’ores et déjà à l’œuvre pour faire sortir de terre les premiers logements et commerces qui prendront place dans le quartier. « Avec ce jardin d’expérimentation, nous préparons le projet définitif, souligne Maël Camus, architecte-paysagiste et urbaniste pour Ilex. Pendant 3 ans, cet espace va nous servir d’expérimentation sur plusieurs plans : l’arrosage raisonné par irrigation, la gestion des eaux pluviales, la perméabilité des sols l’esthétisme des aménagements ou encore le réemploi des matériaux utilisés ».
Dans la réalisation sont utilisés 36 planches d’essai de régénération des sols urbains associées à des palettes végétales ; 12 planches de mélanges terres-pierres végétalisés ; 3 modes d’arrosage différents ; et 30 planches d’essai de revêtements drainants (enrobés, bétons, pierre naturelles à joint poreux, stabilisés).
Pour exemple, sur place, la grande allée est bétonnée par différents procédés, lesquels sont pour le moment soumis à des tests. D’ici un an, les équipes auront une première idée sur la sélection des meilleurs modèles à utiliser pour l’ensemble de l’écoquartier. « On va continuer à expérimenter des procédés sur les espaces du jardin qui sont encore vides, si certains viennent à s’ajouter. Tout cela va évoluer pour nous permettre d’avoir le meilleur rendu ».
De la pratique à la recherche innovante
Et si cette expérimentation a pour but d’agrémenter le quartier sur plusieurs plans, elle est d’autre part soumise à une étude plus approfondie. Le CNRS et l’Université de Montpellier sont en effet associés à l’équipe de maîtrise d’œuvre pour mener une recherche scientifique sur le sujet.
Objectif : déterminer l’utilité et la valeur de l’utilisation de la diversité fongique (champignons) dans la qualité des sols urbains. Pour cela, une thèse expérimentale est menée tout au long du projet par une biologiste doctorante pour la société Ilex. « Les résultats qui en découleront seront appliqués sur le chantier, et nous nous servirons de cette étude pour sensibiliser les publics à la question de la végétalisation en ville », conclut Maël.