Un grand atelier de transformation alimentaire vient d’ouvrir au MIN des Arnavaux sous l’impulsion de la Banque alimentaire : Fruits & légumes solidarité. Dons, surplus ou invendus sont cuisinés et conditionnés par des employés en insertion à destination des plus démunis. En revendant une partie de la production, ce projet solidaire vise l’équilibre économique d’ici trois ans.
En plein cœur du marché d’intérêt national des Arnavaux (MIN), le grand atelier de transformation alimentaire lancé le 1er décembre 2020 tourne déjà à un rythme soutenu. Ce matin, trois employés s’affairent autour d’une immense marmite électrique flambant neuve. Ils préparent de la confiture orange-ananas. Des fruits issus de dons, surplus ou invendus de producteurs et distributeurs. Comme les poireaux que deux autres cuisent et mettent sous vide dans la salle attenante.
Tous ces salariés sont en emploi d’insertion, et tous ces produits sont destinés à la Banque alimentaire des Bouches-du-Rhône pour être redistribués aux personnes dans le besoin. Faire rimer antigaspi, insertion et solidarité : c’est le pari de l’Association fruits et légumes solidarité (AFLS) qui gère le site.
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Une expérience unique en France dans cette ampleur
Si des initiatives de ce type existent en France, aucune n’est de cette ampleur affirme Dro Kilndjian*, le directeur d’exploitation : « Cet atelier est immense, beaucoup plus complet et multi-services ». Il dispose en effet d’une grande gamme d’outils professionnels qui permettent de transformer et conditionner les fruits et légumes frais de diverses manières. « Et on est au cœur du sujet au MIN, car tous les fruits et légumes qui partent ou arrivent dans les Bouches-du-Rhône transitent par ici ».
Une implantation permise grâce à un partenariat avec la SOMIMAR qui gère le marché d’intérêt national. Mais ce projet initié par la Banque alimentaire est financé à 98,7 % par le Département des Bouches-du-Rhône avec une participation de 764 544 €. La Direction régionale de l’alimentation, l’agriculture et la forêt (DRAAF) complète via une subvention de 10 000 €.
Augmenter la capacité de la Banque alimentaire en pleine crise sociale
Au départ, l’atelier répond à un besoin particulier de la Banque alimentaire : la gestion de stocks de produits frais. « Il n’est pas rare que des tonnages très importants (10 à 20 tonnes) soient proposés à l’organisme qui n’a pas la possibilité de les écouler sur une période très courte », explique le Département. « La Banque alimentaire récupère aujourd’hui près de 1 000 tonnes de fruits et légumes par an. Mais après tri et distribution en frais, il peut y avoir jusqu’à 20 % de déchets ».
Avec la transformation et le conditionnement, l’atelier permet donc une meilleure conservation des denrées. Mais aussi d’augmenter les stocks grâce à son implantation de choix au MIN, et de proposer aux bénéficiaires des produits transformés de qualité (fruits et légumes de saison, sans agents, etc.). « Ce n’est pas fait exprès, mais le timing est bienvenu avec la crise du Covid qui a fait exploser la demande alimentaire », rappelle Dro Kilndjian.
« Démontrer qu’une activité solidaire de ce type peut être viable économiquement »
Sans compter les 6 emplois d’insertion déjà créés pour faire tourner le site, « et nous atteindrons 12 emplois d’insertion d’ici trois mois » précise le directeur d’exploitation. Ce dernier entend d’ailleurs que ce projet soit économiquement autosuffisant sans subvention d’ici trois ans, en lançant la marque alimentaire Fruits & Légumes Solidarité : « À terme, 20 % à 25 % de la production de cet atelier seront destinés à être commercialisés dans un réseau de vente qui est en train de se mettre en place. Grâce à ça, on va réussir à équilibrer financièrement son fonctionnement. Démontrer qu’une activité solidaire de ce type peut être viable économiquement ».