Depuis 2018, l’entreprise aixoise Bamboo For Life utilise un procédé innovant pour assainir les eaux usées avec du bambou. Une solution qui se veut plus économique que les traitements traditionnels, déjà mise en place en Afrique et au Mexique, où les eaux usées sont la cause de nombreuses maladies.
Nouvel allié pour la transition énergétique, le bambou s’impose sur le devant de la scène auprès de nombreuses enseignes à travers le monde. Tantôt utilisé pour ses vertus médicinales, tantôt dans l’alimentation ou comme substitut au plastique, le bambou se démarque par ses propriétés naturellement remarquables.
Des atouts qu’ont su remarquer et valoriser Bernard Benayoun et Myriam Lankry avec la création de Bamboo For Life en avril 2018. Les entrepreneurs, dont l’entreprise est aujourd’hui basée à Aix-en-Provence, sont partis d’un constat : 90% des eaux usées dans le monde ne sont pas traitées et représentent un vrai problème de santé publique, en plus d’être une ressource non exploitée.
Grâce à la technologie du Bambou-Assainissement, la société a créé une station d’épuration végétale. Elle exploite aujourd’hui les caractéristiques de la plante pour assainir les eaux usées en séquestrant le carbone, en produisant de la biomasse et en réduisant l’impact climatique.
Et la différenciation de cette technologie face à l’ensemble des autres processus d’assainissement réside notamment dans l’absence de sédiments résiduaires, appelés « boues d’épuration », produites par les stations d’épuration lors du traitement. Une petite révolution qui a déjà fait son chemin dans l’Hexagone.
50 stations en fonctionnement à travers la planète
Diplômé de l’École Boulle, qui forme les designers et ébénistes aux traditions du bois, Bernard Benayoun en aura fait du chemin avant de proposer dans le Sud de la France ce projet novateur.
« A l’époque on était à Marseille, on voulait un terrain agricole pour avoir un espace dédié à la multiplication des bambous et avoir l’approvisionnement nécessaire, nous explique le fondateur. On a trouvé par la suite, en 2002, un terrain de 27 hectares à Miramas où l’on a installé la pépinière, un laboratoire grandeur nature pour démontrer l’efficacité de notre technologie. On a commencé ensuite à faire des stations d’épuration dans milieu vinicole puis industriel ainsi que pour les collectivités. Grâce à cela, on s’est développé partout en France. L’activité a pu démarrer en 2018 ».
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— Bamboo For Life (@BambooForLife2) December 3, 2020
La start-up, couvée au technopôle de l’Arbois dans la pépinière CleanTech, développe désormais sa technologie à travers le monde, forte de 50 stations d’épuration et 100 000 m2 de bambous implantés. A ce jour, 40 000 personnes profitent de cette innovation.
Et, Bernard Benayoun ne cache pas l’ambition de s’implanter plus largement sur le territoire national et local, où il espère créer une quinzaine d’emplois d’ici 2022. « Malheureusement, nous n’avons pas beaucoup de réalisations dans les Bouches-du-Rhône. Nous allons nous y atteler. Nous avons commencé par les opportunités qui se présentaient au Mexique, aux Philippines et en Afrique de l’Ouest. Cette technologie est très adaptable, puisque c’est une solution fondée sur la nature. Nous avons l’objectif de créer 5 agences en France ».
Un enjeu global pour la société
Le procédé développé par Bambou For Life repose sur 3 piliers : l’environnement, l’économie et le social. « L’un de nos projets consiste à coupler reforestation et assainissement d’une forêt classée en Côte d’Ivoire. A la suite de nos rencontres à des niveaux ministériels lors des deux dernières COP, il a été convenu que nous aurions à disposition une forêt classée (forêt de N’Ganda N’Ganda) afin de traiter les eaux usées des habitants des faubourgs d’Abidjan et de procéder également à la reforestation avec des bambous et des espèces locales endémiques » nous explique le fondateur.
L’idée est aussi intéressante au niveau économique, puisqu’elle permet de réduire le coût par rapport aux traitements classiques des grands groupes pour assainir les eaux naturellement. Enfin, l’entreprise s’est aussi différenciée par son engagement auprès des pays en développement, en Afrique et en Asie, où la problématique des eaux usées est la principale cause de maladies. Une démarche caractérisée par la création de l’association OPEN (Organisation Pour l’Eau et la Nature).