Avec ses robes à motifs fusée et ses t-shirts ornés de voitures de course, la marque marseillaise Pourquoi Princesse souhaite casser les stéréotypes de la mode pour enfant. Fini le rose et les princesses pour les filles, le bleu et les astronautes pour les garçons : la marque espère montrer à la nouvelle génération qu’elle est capable « de devenir tout ce qu’elle veut »
Selon l’observatoire des inégalités, en 2019, les filles représentaient 31,2 % des élèves dans les classes préparatoires scientifiques, 27,7% en école d’ingénieur et 18% en polytechnique. Des chiffres très bas se traduisant par une sous-représentation des femmes dans les métiers de la tech et des sciences.
Dès le plus jeune âge, les filles sont encouragées à aimer le rose, les garçons le bleu. Les premières, à devenir des princesses, les deuxièmes des astronautes. Des clichés « réducteurs » avec un impact sur le long terme pour Laura Drewett et Murielle Sitruk. A travers leur marque militante Pourquoi Princesse, elles souhaitent casser les stéréotypes fille/garçon et permettre aux enfants de se projeter dans n’importe quel métier ou sport, sans distinction de genre.
« Qu’elle soit capable de devenir tout ce qu’elle veut »
« Pourquoi Princesse ? Pourquoi pas pilote ou astronaute ? », ces questions germent dans l’esprit de Laura au cours de sa première grossesse, en 2014 : « Lorsque mon mari a appris que nous attendions une fille, il m’a dit « Je veux qu’elle soit capable de devenir tout ce qu’elle veut, qu’elle ne se limite pas à être une princesse ». A l’époque, nous nous sommes penchés sur la question du sexisme et sommes devenus des passionnés d’égalité », explique la Marseillaise d’adoption, originaire de Virginie aux Etats-Unis.
Avec son mari, Marseillais d’origine, ils décident donc de mettre en place une éducation égalitaire à la maison : voitures, poupées et fusées sont disponibles, sans aucune question de genre. Mais à la naissance de son fils, Laura se rend compte que les clichés ne s’arrêtent pas au rayon « jouets » : « Niveau vêtements, c’est du rose et des licornes pour les filles, des voitures et des fusées pour les garçons. Et c’est à ce moment-là que ma fille, Camille, a souhaité avoir une robe avec des voitures de course », continue la créatrice. Après de longues recherches, elle en vient à la conclusion que ce genre de vêtement n’existe pas, « et ma fille, elle, que les voitures ne sont pas pour les filles… ».
Fusées, dragons, dinosaures…
Bouleversée par la réaction de sa fille, elle créé en 2019 la start-up Pourquoi Princesse, avec la Marseillaise Murielle Sitruk. Aujourd’hui, la marque propose des accessoires, des tatouages éphémères ainsi que des t-shirts et sweats bio fabriqués localement à Steezstudio (4e) à Marseille. Leurs créations sont ornées de fusées, de dinosaures mais également de slogans comme « Je suis la princesse qui terrasse le dragon » ou « Astronaute en herbe ». « Nous avons également créé une combinaison de pilote afin que chaque petite-fille ou petit-garçon puisse incarner son rêve », continue la créatrice.
Cette combinaison est accompagnée d’un livre intitulé « Je peux être pilote » dans lequel sont racontées les récits de femmes pilotes ayant marqué l’histoire. Mais ce n’est que le premier d’une longue série car les fondatrices de Pourquoi Princesse prévoient déjà de créer d’autres vêtements à l’image de métiers ou sports à « dominance » masculine, accompagnés de livres racontant les succès de femmes ayant « brisé le plafond de verre ».
Plus qu’une marque de vêtements, Pourquoi Princesse est aussi une communauté : « C’est important pour nous d’accompagner les parents dans leur prise de conscience. Chaque semaine, nous recevons de nombreux témoignages, des parents qui demandent des conseils, qui partagent leurs histoires… », nous confie la fondatrice.
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« Créer un univers de positivité et de possibilités »
Afin d’être au plus près de leur communauté, Laura et Murielle ont d’ailleurs réalisé en début d’année un questionnaire pour déterminer avec les parents les futurs projets de la marque : « Parmi les différents choix proposés, nous avons suggéré de créer des robes et c’est ce qui a le plus plu », se rappelle Laura.
Pour fabriquer cette collection, nommée Girl Rebel, elles ont donc lancé, le 2 novembre, une cagnotte Ulule avec un objectif de 150 préventes. Nous l’avons dépassé en 48 heures donc nous nous sommes fixé un nouvel objectif de 450 préventes », ajoute-t-elle. Clôturée le 17 décembre, la campagne comptabilise déjà plus de 400 commandes. Les robes seront ensuite fabriquées au Portugal puis livrées fin février 2021.
Des idées plein la tête, Laura n’a pas l’intention de s’arrêter là : « Mon fils Ulysses a 3 ans maintenant, il adore le rose et les licornes mais, encore une fois, ce genre de vêtements n’existe pas », déplore-t-elle. Après leur série de tenues et livres sur les métiers, les deux femmes envisagent donc de créer des vêtements pour les petits garçons qui, comme Ulysses, ne comptent pas se limiter aux codes de la mode. Car, pour Laura, l’idée est « de créer un univers de positivité et de possibilités », un moyen inventif de déconstruire les stéréotypes, un vêtement à la fois.