Emmanuel Macron l’annonçait mardi, les stations de ski ne pourront pas ouvrir aux vacanciers avant 2021. A l’occasion d’une conférence de presse ce jeudi 26 novembre, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a marqué son soutien aux professionnels de la montagne, et fait plusieurs propositions pour une ouverture des pistes à Noël.
Alors que le Président de la République déclarait mardi que les stations de ski ne pourraient pas rouvrir avant la mi-janvier, de nombreux représentants locaux se sont joints à la marche organisée depuis l’Hôtel de Ville jusqu’à la préfecture cet après-midi, rassemblant des milliers de manifestants. A la suite de cet événement, la tête de cortège a été reçue par le Préfet afin de discuter des conditions économiques alarmantes de plusieurs branches professionnelles, fortement impactées par les mesures sanitaires.
Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et président de Régions de France, était lui aussi présent lors de cette entrevue avant de faire le point sur la situation économique des professionnels de montagne lors d’une conférence de presse. Le mot d’ordre était au combat. Un combat commun entre les représentants et professionnels des Alpes, « abasourdis » par cette situation dite « incohérente » par le président de Région.
Et pour cause, comme il le rappelait en préambule, 15 domaines dépendent de cette décision dans les Alpes du Sud, deuxième massif de France, étendu sur 3 départements et englobant 65 stations et centres de ski. Près de 2 millions de touristes y sont accueillis chaque hiver. Les décisions gouvernementales impliquent donc une perte économique évaluée à 25% du chiffre d’affaires du territoire, soit plus d’un milliard d’euros dans la région et 10 milliards au niveau national. « Pourtant, les courbes nous montrent que nous sommes en-dessous de la barre des 5 000 cas, en-dessous donc de la moyenne nationale, c’est une situation injuste ».
Des protocoles sanitaires mis de côté
Une « catastrophe » économique pour les représentants, qui indiquent pourtant que tout est prêt pour la réouverture. « Ce qui arrive est tout à fait anormal parce que la décision a été prise malgré un protocole mis en place avec un préfet dédié et l’ensemble des professionnels, au cours de réunions de travail avec le gouvernement, en envisageant tous les scénarios possibles de réouverture, martèle Renaud Muselier. Nous en sommes à la 10e version de crise validée par le gouvernement au niveau national. Tout est fait de manière responsable et organisée, les professionnels de montagne sont résilients et méritent qu’on leur accorde de la confiance ».
Parmi les protocoles proposés, la désinfection des perches ou encore l’obligation du port du masque sur les remontées, entre autres mesures, étaient envisagées. Des efforts qui n’ont pourtant pas été entendus à leur juste valeur selon lui, qui voit en cette décision une « humiliation » pour les saisonniers et acteurs de l’économie touristique alpine.
« Nous sommes atterrés par cette décision brutale après avoir mis en place tous ces protocoles, alors que l’on fournit un environnement sain, que l’on peut accueillir nos clients dans ce contexte, et que l’on a même proposé de faire des tests massifs au niveau de nos saisonniers pour que clients viennent en sécurité, se désole Pierre Vollaire, vice-président de l’association nationale des maires de stations de montagne et maire des Orres. Le préjudice est en marche aujourd’hui, cela va peser lourd au niveau économique et humain parce que les populations de montagne vivent avec les ressources de Noël ».
Aux grands maux les grands remèdes
Pour pallier à cette situation qui s’annonce d’une grande complexité pour de nombreux secteurs, les représentants territoriaux ont donc décidé de faire front commun, en essayant de faire réfléchir de nouveau l’Etat sur une possible réouverture au 15 décembre. François De Canson, président du CRT et maire de la Londe les Maures, soulignait que l’élan serait collectif « pour trouver des solutions dans le monde de la montagne autour de la marque Alpes. Nous allons de nouveau lancer la campagne de promotion « On a tous besoin du Sud » qui avait été de rigueur avant l’été. Il est hors de question de ne pas ouvrir les stations » a-t-il conclu.
D’autre part, une cartographie permettant de localiser les sources de contamination sur le territoire par quartier, voire établissement, est annoncée dans le courant de la semaine prochaine. Elle se base sur l’analyse des eaux usées, méthode déjà utilisée à Marseille qui permet de « prendre de l’avance sur la maladie », estime Renaud Muselier. Tests, masques et machines sont aussi au programme de cette préparation.
Un manifeste rassemblant les représentants territoriaux et l’ensemble des acteurs économiques alpins sera quant à lui adressé au gouvernement. Un ultime recours donc, qui fera suite à une réunion lundi prochain avec le Premier ministre. « On ne peut pas mettre toutes les régions sur le même plan. Des propositions sont à faire pour revenir à du bon sens en mettant en avant la responsabilité de chacun, notifiait le président de la Région Sud. Lundi, on y verra déjà plus clair. Nous sommes ouverts à toutes les idées pour pouvoir remédier à cette situation ».