C’est une première en France : L’Hôpital Nord se dote d’un robot de radiothérapie de dernière génération, le CyberKnife S7. Capable de cibler une tumeur à haute précision et en mouvement, il délivre des doses d’irradiation permettant de traiter un cancer du sein en 5 séances au lieu de 30.
Le timing est bien choisi. En plein Octobre rose, le mois dédié à la lutte contre le cancer du sein, et alors que l’Institut de radiothérapie stéréotaxique (IRS) de l’Hôpital Nord s’est vêtu de milliers de cigales de papier rose, un objet médical non identifié vient d’atterrir dans le service dédié au traitement du cancer.
Son nom ? Le CyberKnife S7. Une machine ultra-moderne, inspirée de la robotique industrielle automobile de haute précision. « Une révolution dans le traitement des tumeurs par radiothérapie », assure le chef de service, le professeur Didier Cowen, fier d’être le premier établissement de France à s’en doter.
L’Assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM) a tout de même dû mettre la main à la poche en déboursant 4,7 millions d’euros, « et l’entretien et la maintenance dépasseront le prix de la machine en quelques années », précise le chef de service.
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La haute précision permet une haute dose d’irradiation
Mais la santé n’a pas de prix, comme nous le rappelle cette période de crise sanitaire. Et si l’on en croit le médecin, ce robot « fait entrer la radiothérapie dans une nouvelle dimension ».
La première raison : « la très haute précision », qui permet à la machine de cibler une tumeur très précisément. « Avec les anciennes générations, on irradiait une zone plus large. Les tissus autour de la tumeur étaient aussi impactés », explique le radio-physicien et « pilote » du CyberKnife, Jérôme Champoudry. « On devait donc l’imiter les doses d’irradiation. Avec cette nouvelle précision, on passe à des doses très élevées car beaucoup mieux ciblées ».
D’autant que le robot intelligent est muni d’une tête chercheuse qui suit et prédit les mouvements de la tumeur « grâce à des leds positionnées sur le patient », explique l’expert. Car, en plus du mouvement naturel du corps, Didier Cowen nous apprend qu’une tumeur « a un mouvement propre, elle se déplace ». Grâce à sa tête pivotante et la triple articulation des bras, la machine peut utiliser tous les angles possibles pour le rayon de radiation « Cela permet aussi de traiter des tumeurs dans des zones sensibles », poursuit le professeur. « Pour des tumeurs au sein, mais aussi aux poumons par exemple ».
De 3 à 5 séances, contre 30 auparavant
Résultats : les séances de radiothérapie sont plus courtes et plus efficaces. « Elles durent environ 15 minutes avec cette nouvelle technique », affirme le professeur. Une efficacité qui bénéficie aussi aux patients face à des séances souvent éprouvantes. Dans le cas d’une radiothérapie pour un cancer du sein, il estime que « 3 à 5 séances suffisent, contre une trentaine auparavant ».
Un chiffre qui appuie la pertinence de se doter d’un tel outil dans le traitement du cancer. Cette nouvelle méthode peut notamment être une alternative à la chirurgie, qui dans bien des situations est impossible ou compliquée. « Pour les premiers traitements avec le CyberKnife, nous ferons tout de même une chirurgie après, afin de vérifier les bons résultats », précise Didier Cowen.
Le chef de service ajoute qu’en plus d’une efficacité de traitement renforcée, le robot offre à l’Hôpital Nord de nouvelles applications pour la recherche et l’enseignement dans la lutte contre le cancer.