Alors que l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) refuse à l’IHU dirigé par le professeur Didier Raoult l’utilisation de l’hydroxychloroquine pour traiter la Covid-19, Sanofi semble avoir arrêté de distribuer la molécule à l’institut marseillais. L’infectiologue et le président de la Région, Renaud Muselier, interpellent le ministre de la Santé, Olivier Véran pour débloquer la situation.

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a refusé au Professeur Didier Raoult une utilisation plus étendue de l’hydroxychloroquine. La molécule est utilisée par le spécialiste français des maladies infectieuses à la tête de l’Institut Hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (IHU) depuis le début de la crise. Un traitement qui a largement divisé la communauté scientifique et les pouvoirs publics. Ces derniers s’opposent à son utilisation en France.

Cela n’a pas empêché les médecins de l’IHU de traiter depuis mars plus de 5 000 patients avec l’association hydroxychloroquine-azithromycine, faisant valoir régulièrement le serment d’Hippocrate et le code de déontologie des médecins : « nous utilisons le traitement que nous pensons le meilleur possible pour la santé des patients », affirme Didier Raoult.

Mais, alors que Sanofi aurait arrêté la distribution de Plaquénil (nom commercial de l’hydroxychloroquine) à l’IHU selon les informations de La Provence, l’ANSM a refusé la demande de l’institut marseillais d’une « recommandation temporaire d’utilisation (RTU) de l’hydroxychloroquine dans la prise en charge de la maladie Covid-19 ».

« Actuellement, nous ne pouvons plus traiter tous les patients qui arrivent »

Pas de dérogation donc pour les équipes du professeur Raoult, qui semblent confirmer que Sanofi ne livre déjà plus l’établissement en Plaquénil : « Actuellement, nous ne pouvons plus traiter tous les patients qui arrivent », explique-t-il dans sa dernière communication vidéo.

« Donc, nous allons commencer à faire du tri comme dans les réanimations, pour prioriser ceux qui ont le plus de risques vital. Ces mesures et les conséquences impactent la santé des gens qui nous l’ont confiée ».

Renaud Muselier et Didier Raoult demandent au ministère d’autoriser la distribution

Pour Didier Raoult, « le ministère [de la Santé] met des freins à la distribution de l’hydroxychloroquine […] sur les commandes qui sont faites à partir de l’IHU ». Information qu’il tiendrait de Sanofi, et dont il a demandé directement la confirmation au ministère. « Ça voudrait dire qu’on nous empêche de soigner selon le traitement que nous pensons le meilleur possible ».

Le président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, et médecin, Renaud Muselier, est intervenu publiquement afin de demander à Olivier Véran de débloquer la situation. Faisant valoir le travail et les résultats de l’IHU (5 807 patients traités à l’hydroxychloroquine pour 30 décès, selon lui), pose la question très directement : « Allez-vous laisser cette agence [ANSM, ndlr], des soins prodigués par des practiciens hospitaliers, des professeurs de médecine dépendants de la faculté de médecine de Marseille, nommés par le Ministère, et ceci en totale contradiction avec les principes fondamentaux de la médecine ? »

Reste que la communauté scientifique ne semble pas suivre les positions du professeur Raoult et du président de Région. L’étude Discovery qui testait l’efficacité de l’hydroxychloroquine a été stoppée car les premiers résultats ne montrent « aucun effet » sur la maladie, ont affirmé les auteurs de l’étude à l’AFP. Pour le professeur Raoult, cet arrêt est dû à la publication d’un article de The Lancet qui confirmait l’inefficacité de la chloroquine. Mais, si le journal s’est rétracté sur les conclusions de l’article, les études en cours n’ont pas repris selon l’infectiologue marseillais.

Par ailleurs, le vaste essai clinique international « Solidarity » porté par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) donne des résultats intermédiaires confirmant l’inefficacité de quatre molécules pour les patients infectés par la Covid-19, dont l’hydroxychloroquine.

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