Voilà un espace de coworking pas comme les autres. Share-Wood (14e) propose aux particuliers et professionnels un espace de 1500 m2 dédié aux métiers du bois. Son ambition : accompagner les jeunes entrepreneurs dans le lancement de leur activité, favoriser la mixité et la coopération sociales et valoriser le bois produit sur le territoire.
Dans une ancienne concession automobile du quartier Bon-Secours (14e), Vincent Chevillot, Simon Laisné, Romain Abbühl et Jonathan Wainwright ont créé Share-Wood, un espace de coworking de 1500 m2 spécialisé dans le travail du bois : « Le projet a démarré d’une envie d’avoir une machine dans un garage. Finalement, le garage est plus grand que prévu… » plaisante Vincent Chevillot, co-fondateur de Share-Wood.
Accéléré par l’incubateur Inter-Made, le lieu a ouvert ses portes en janvier 2019 après trois ans de recherche et 300 000 euros d’investissement. Il accueille désormais près de 40 adhérents particuliers ainsi que dix artisans professionnels présents dans les locaux au quotidien.
« Les artisans n’ont qu’à se concentrer sur leur cœur de métier »
Pour entrer à Share-Wood, pas besoin d’être bricoleur, « les particuliers souhaitant nous rejoindre peuvent partir du niveau zéro, ils ont simplement à remplir un dossier d’inscription », précise le co-fondateur, et pour les artisans, il suffit de fournir le numéro Siret de son entreprise déjà créée ou en cours de création, « et nous, on s’occupe de l’entretien des machines et de tout ce qu’il faut. Les artisans n’ont qu’à se concentrer sur leur cœur de métier », continue Vincent Chevillot.
Un espace constitué d’ateliers privés est réservé aux professionnels résidents. Suivant les principes d’un espace de coworking, il leur est possible de « faire de la co-traitance, travailler avec d’autres professionnels… Il n’y a pas de notion de concurrence directe, le but est de créer du lien professionnel », appuie l’entrepreneur. Les particuliers, eux, sont accompagnés tout au long de leur projet par les artisans salariés de Share-Wood.
Question sécurité, un stage de formation obligatoire de 4h pour les particuliers et 1h pour les professionnels est dispensé aux nouveaux entrants, afin de les former à la sécurité des machines.
Défi environnemental et économique
« Après des études d’architecture à l’école de Marseille, avec une spécialisation dans le bois, je suis entré dans la lutte contre le mal-logement. C’est pourquoi, à travers cet espace de coworking, nous souhaitons répondre à trois enjeux : le premier, environnemental, le deuxième économique et le dernier, social », nous explique-t-il.
Ici, du bois bien spécifique est donc utilisé : tout d’abord, du bois neuf venu exclusivement de distributeurs locaux, avec un label de bonne gestion des forêts. Et pour le reste, Share-Wood utilise du bois de récupération – des chutes ou fins de série venues de menuiseries – afin de valoriser les déchets produits sur le territoire marseillais.
Il est également important pour les fondateurs de « dynamiser l’émergence de jeunes professionnels » avec la mise en place de tarifs préférentiels sur l’abonnement, visant à soutenir et accompagner le lancement de leur activité.
Mixité et coopération sociales
Une des raisons pour laquelle Share-Wood a décidé de s’installer dans les quartiers Nord est pour favoriser la mixité sociale : « Nous souhaitions être à proximité des associations et des quartiers prioritaires de la ville afin d’encourager l’inclusion sociale et l’insertion professionnelle », explique Vincent Chevillot.
Autre défi, la coopération sociale : « Dans l’atelier, les gens s’entraident, particuliers, artisans… il y a une transmission du savoir-faire quotidienne, un professionnel aguerri peut recevoir le coup de main d’un étudiant qui n’y connait pas grand chose. Il y a une multitude de gens, de backgrounds différents et c’est magique », continue le co-créateur.
Afin d’ouvrir les métiers du bois au plus grand nombre, Share-Wood accueille également des associations s’occupant de personnes éloignées de l’emploi comme des jeunes en situation de décrochage scolaire. Enfin, un jardin participatif a récemment vu le jour dans les locaux. « Les adhérents viennent y passer du temps, s’occuper de la forêt de Share-Wood, comme on aime l’appeler. Des ateliers de plantation et de travail de la terre y sont déjà organisés par des institutions thérapeutiques », se réjouit l’ancien architecte.
Nouvel espace dédié aux artisans résidents
Le concept de Share-Wood plaît visiblement aux Marseillais puisque, depuis le déconfinement, 25 personnes sont sur liste d’attente pour intégrer l’espace de coworking. Pour éviter que cette liste ne s’allonge davantage, l’équipe prévoit déjà de développer un nouvel espace dédié aux artisans résidents avec l’aménagement d’un hangar de 700 m2 accolé au bâtiment principal. Cinq espaces privatifs supplémentaires devraient être créés avec l’installation de nouveaux équipements numériques. Ce projet, encore dans les cartons, devrait voir le jour en début d’année 2021.
Un atelier de 60 m2 dédié au travail du métal devrait également être créé d’ici début décembre et « pour continuer à transmettre notre savoir-faire, nous aimerions, courant 2021, devenir un organisme de formation afin d’accueillir plus de stages, d’alternances et de formations », conclut Vincent Chevillot.