Environ 3 000 baleines et une centaine de cachalots peuplent les fonds marins de la Méditerranée. Malgré leur taille, de 18 à 22 mètres de long, nombre d’entre eux perdent la vie lors de collision avec des navires. Pour éviter ces pertes, l’association Souffleurs d’Écume a peut-être trouvé la bonne solution : équiper les bateaux d’un logiciel leur permettant de partager les positions des baleines pour éviter de les percuter.
Malgré leur taille impressionnante, les géants des mers, rorquals et cachalots, ne font pas le poids face à nos bateaux. Les collisions entre les grands cétacés et les navires font partie des premières causes de mortalité de ces mammifères. Et ce, même en Méditerranée ! Une réalité dont est consciente depuis 15 ans l’association de sauvegarde des cétacés « Souffleurs d’Écume ». Basée dans le Var, à une trentaine de kilomètres des Bouches-du-Rhône, elle a imaginé une plateforme collaborative pour rendre la navigation des baleines plus sûre.
La collaboration au cœur du système
Pour éviter les collisions entre cétacés et navires, Souffleurs d’Écume a longuement réfléchi sur la façon d’empêcher les bateaux de percuter ces mammifères.
« On a eu l’idée de mettre en place une plateforme collaborative où les différentes compagnies maritimes pourraient communiquer entre elles en temps réel sur la position des baleines grâce à un logiciel », explique Pascal Mayol, directeur de l’association.
Un navire pourvu du logiciel REPCET, pour REPérage des CETacés, peut ainsi partager la position d’une baleine qu’il vient de croiser. Toute la flotte équipée du système en est informée instantanément ce qui permet à un équipage, proche de la zone signalée, d’adapter son comportement. Soit en renforçant sa veille, soit en réduisant sa vitesse ou encore en ajustant sa trajectoire pour éviter une éventuelle collision avec un cétacé.
Pour l’heure, si cinq compagnies maritimes françaises (La Méridionale, La SNCM, Orange Marine, Gazocéan et Someca Transports) sont impliquées dans le projet, seuls 10 navires disposent du logiciel, ce qui est trop peu. D’après Souffleurs d’Écume, au moins 30 bateaux doivent en être équipés pour réduire les risques de collision. L’association a lancé sa propre campagne de financement participatif qui permettra, si la collecte atteint les 100%, d’installer REPCET sur cinq nouveaux navires.
Objectif : 2017 au plus tard
Si aujourd’hui les navires subissent moins de dégâts qu’avant lors d’une collision avec un cétacé, tel n’est pas le cas de l’animal. L’accident est bien souvent fatal pour ces mammifères, bien que les individus méditerranéens mesurent entre 18 et 22 mètres pour un poids de 40 à 70 tonnes !
« D’après une étude italo-française menée en 2006, pour un à deux cas connus de collision mortelle pour une baleine, il y en aurait 8 à 40 tuées chaque année », explique Pascal Mayol.
La différence s’explique par le fait que tous les cas de collision ne peuvent être recensés. Parfois, lorsqu’il est question de gros bateaux, les accidents ne sont même pas ressentis à bord. Et lorsque l’animal ne reste pas empalé sur le navire après l’avoir percuté, il est alors difficile voire impossible de définir la cause de sa mort une fois que l’on retrouve son corps échoué sur une plage.
Réduire les collisions mortelles entre géants des mers et navires est primordial pour préserver les quelques milliers de baleines et centaines de cachalots de la Méditerranée. L’association Souffleurs d’Écume mise sur 2017, au plus tard, pour atteindre son objectif de 30 unités équipées du logiciel REPCET.
Par Agathe Perrier