Le Premier adjoint à la Ville de Marseille, Benoît Payan, a vivement réagi aux annonces du ministre de la Santé. Il demande au gouvernement un délai de 10 jours. Pour la municipalité, « Marseille, deuxième ville de France doit être entendue et respectée ».
L’instant est solennel. Soigné. A l’occasion d’une conférence de presse, le Premier adjoint à la Ville de Marseille, Benoît Payan, a réagi aux nouvelles mesures annoncées par le ministre de la Santé, hier.
Benoît Payan a commencé son propos par remercier les Marseillaises et les Marseillais pour leur sens des responsabilités. « Les Marseillais s’adaptent, se restreignent, se contraignent », avant de détailler comment la Ville avait oeuvré pour « protéger, dépister, traiter » la population.
« Le territoire le plus testé de France »
A titre d’exemple, la distribution gratuite des 500 000 masques réutilisables. Le Premier adjoint a mis en avant l’aide des polices municipale et nationale pour faire respecter le port du masque dans l’ensemble de la ville. « Chaque jour, des dizaines de marins-pompiers réalisent des tests surfaciques, ce que peu de villes mettent actuellement en place ». Ajoutant que Marseille est « la première ville de France à avoir mis en place les tests quotidiens sur les eaux usées. Quelle autre ville le fait ? Nous sommes la seule à mettre en place ce système. Ce qui fait de notre territoire le plus testé en France ».
L’élu a insisté sur le déploiement des tests. « 10 000 tests par jour, soit 34% de plus qu’à Paris », en concertation avec l’IHU, le BMPM, les laboratoires de la ville et l’Agence régionale de santé. « Avec le Bataillon de marins-pompier, nous avons été les premiers en France à mettre en place des dispositifs de tests gratuits au plus proche de la population, notamment pour ceux dont l’accès aux soins est le plus difficile ».
L’incompréhension
Et d’égrainer les chiffres de Santé publique France : « Notre territoire a un RO inférieur à 1, soit un des taux de contamination le plus bas de France. C’est le signe que la situation peut s’améliorer dans les prochains jours. Les derniers chiffres officiels du ministère de la Santé indiquent que le pic de cette phase de l’épidémie a été atteint dans la semaine du 3 au 9 septembre. Depuis, le taux de positivité ne fait que reculer. Il est à 8,2, ici, contre 10% pour Paris selon Santé publique France ».
Pour la municipalité, ces résultats sont encourageants « et auraient mérité d’être salués par le Ministre de la Santé et le gouvernement. Vous comprendrez aujourd’hui que nous soyons dans l’incompréhension », ajoute l’adjoint, prévenu de ce re-confinement des bars et restaurants d’Aix-Marseille par un appel du préfet de région, une heure avant la conférence de presse d’Olivier Véran.
Si la Ville et la Préfecture travaillent dans la « concertation », le préfet « étant à l’écoute », Benoît Payan a indiqué avoir appelé le Premier ministre pour faire part de son incompréhension. « Cette concertation, nous l’avions pourtant voulu au niveau local avec le préfet, l’ARS et les collectivités locales. Jamais de telles mesures n’ont été évoquées, même face à la remontée du virus au mois d’août ».
« Nous n’avons pas peur des décisions fortes »
Se faisant le porte-parole des Marseillais.es l’élu estime que « se voir imposer ces mesures est vécu pour Marseille comme un affront. Nous n’acceptons pas d’être l’outil d’une politique spectacle. Marseille ne doit pas être utilisée pour des démonstrations de force. Les annonces d’hier sont irrationnelles. Je veux que l’on retrouve de la sérénité dans ce moment : une sérénité scientifique, qui s’appuie sur des chiffres concrets, pas sur un ressenti, pas sur une interprétation, pas sur des opérations de communication ministérielle ».
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« Nous réalisons 10 000 tests par jour, c’est 34% plus qu’à Paris. Notre territoire est le plus testé de France, ces nouvelles mesures sont vécues par Marseille comme un affront »
Benoit Payan, suite aux annonces du ministre de la Santé. pic.twitter.com/RYmd80voYE
— made in marseille (@MadeMarseille) September 24, 2020
En s’appuyant sur ces éléments, Benoît Payan a demandé « au ministre de revoir sa politique avec ces nouvelles données, de discuter avec les acteurs locaux pour trouver des mesures adaptées et demande au gouvernement 10 jours avant la mise en place de nouvelles mesures ».
Si à la fin de la semaine prochaine cette inflexion ne se confirme pas, « nous serons prêts à prendre les mesures qui s’imposent et qui seront comprises par tout le monde. Nous n’avons pas peur des décisions fortes, affirme Benoît Payan. Il est de notre responsabilité de sortir de cette situation dramatique et ubuesque pour les Marseillais ».
« Ouvrez des lits, ne fermez pas les restaurants »
Une cellule de suivi de la Covid-19 sera convoquée quotidiennement pour suivre l’évolution de la situation. Le premier adjoint ne « perd pas espoir de ramener le gouvernement français à la raison. Il faut impérativement que les annonces de l’Etat soit gelées ». L’élu a d’ailleurs invité le ministre de la Santé à venir à Marseille.
Cette après-midi, Benoît Payan a rendez-vous avec le préfet des Bouches-du-Rhône et de la région. Il s’y rend avec une « demande claire : ouvrez des lits, ne fermez pas les restaurants. Marseille, deuxième ville de France doit être entendue et respectée ! »