Arthothèque, bricothèque ou encore bibliothèque subjective. « Les Ateliers Blancarde » (4e) à Marseille, proposent de démocratiser l’accès à l’art grâce à une approche innovante. Un jardin partagé est aussi en projet sur une des parcelles situées derrière le métro.

Donnez un outil, utilisez-les tous ! Un œuvre d’art chez vous pendant deux mois ! Partager, échanger, mutualiser et même jardiner… C’est ce que propose l’association marseillaise Dos Mares au travers des « Ateliers Blancarde ». Créée à l’origine pour faire la promotion des artistes français et d’Amérique Latine, l’association s’est peu à peu ouverte à l’international, avec comme fil conducteur une question : « quelles solutions proposer aux problématiques que rencontrent les artistes ».

Depuis son programme de résidence internationale pour la recherche et l’expérimentation artistique, menée dans la cité phocéenne et destiné à trouver des réponses, enrichir la pratique artistique et développer le réseau professionnel, Dos Mares a fait du chemin. Elle met désormais en œuvre un ensemble de dispositifs innovants en faveur de l’artiste et du développement de son activité, dont les « Ateliers Blancarde ».

, A la Blancarde, un bâtiment SNCF transformé en atelier d’art, de bricolage et bibliothèque, Made in Marseille

Réinventer les espaces inoccupés des gares

Ce projet entre dans un contexte précis. En 2019, l’association répond à l’appel à projets « 1001 Gares », porté par la SNCF Gares & Connexions. L’ambition : réinventer les espaces inoccupés des gares en y implantant une activité, un service ou une association à vocation locale et ainsi à soutenir le développement économique.

L’un des critères à respecter était de proposer un projet d’innovation sociale. « Pour nous c’était intéressant, car nous avons déjà cette relation avec la mobilité internationale, explique Ronald Reyes-Sevilla, co-fondateur de Dos Mares. Nous avons ainsi proposé un projet qui mettait au centre le rôle de l’artiste dans la société, au travers de prestations de service. Le but est de permettre de développer une dynamique d’échanges et de rencontres, qui manque dans un quartier pourtant ultra-connecté ».

Dos Mares a pris ses quartiers dans un bâtiment vacant de la SNCF, au sein de la gare de la Blancarde, située dans le 4e arrondissement, à deux pas d’un parking, d’une station de métro, de deux lignes de tramway et du train. Pas moins de 10 000 personnes passent par ce pôle d’échange, et autant qui pourront découvrir les « Ateliers Blancarde », à commencer par son artothèque.

L’artothèque, une manière de découvrir l’art autrement

Le concept apparu dans les années 1980 est simple. « Vous pouvez emprunter un ou deux œuvres d’art chez vous, pendant deux mois renouvelables, explique Laurent Le Bourhis, l’autre co-fondateur de Los Mares. C’est une manière de découvrir l’art autrement par rapport à un musée, une galerie ou avec une exposition ».

Actuellement, le fonds est constitué de prêt d’artistes « amis » de la région, des étudiants diplômés de l’école d’art… Les œuvres sont assurées et disposent d’une fiche avec des recommandations d’usage. « Il y a une partie médiation très importante, car la personne qui va emprunter l’œuvre comprend aussi le contexte de création, la démarche artistique. Cet emprunt permet des rencontres, mais aussi des conversations en famille », insiste Ronald Reyes-Sevilla.

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Des œuvres « accessibles » au grand public

À terme, le public pourra emprunter des pièces d’artistes étrangers, grâce à la mise en place d’un comité de sélection. « 60 artistes sont passés en résidence. Nous avons la possibilité de présenter le travail de ces artistes qui ont travaillé à Marseille, mais qui habitent ailleurs », poursuit Ronald Reyes-Sevilla.

Il s’agit également de choisir des œuvres « accessibles » au grand public. « On est quand même dans la sensibilisation à l’art. L’idée est de permettre à des personnes qui n’ont pas une facilité naturelle avec l’art de se dire : « c’est aussi à ma portée ». C’est tout le but de l’artothèque ».

En France, il existe environ une quarantaine de structures de ce type. Le collège Antonin-Artaud, à Marseille, dispose de son artothèque réservée aux élèves et enseignants. Dans la métropole Aix-Marseille, l’autre se situe à Miramas, composée de 2500 œuvres. L’artobus de la commune viendra d’ailleurs stationner devant la gare de la Blancarde pour faire découvrir ses pièces.

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Rénover, restaurer, bricoler, créer… grâce à la bricothèque

En récupérant les clés du bâtiment, les membres de l’association se sont attelés à la tâche pour rendre les lieux accessibles au public. La structure a pris en charge tous les travaux de rénovation, réalisés dans le cadre de chantiers participatifs, et verse une redevance à la SNCF. « Ces chantiers ont créé une vraie dynamique. C’était sympa, et c’était aussi l’occasion pour certains d’apprendre à utiliser certains outils. Des choses qui parfois semblent toutes bêtes, mais importantes pour une autonomie de bricolage », sourit Ronald-Reyes-Sevilla.

Rénover, restaurer, bricoler et même créer. Dans le même esprit, Dos Mares a installé un « atelier de fabrication » entièrement équipé. Travail du bois, du métal et même réalisation artistique… Moyennant 10 euros par jour, les Marseillais auront accès à cet espace.

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Parallèlement, ils pourront également emprunter des outils à la bricothèque. Même principe qu’une bibliothèque, mais, vous l’aurez compris, réservée aux prêts d’outils.

Le fonds a été constitué à partir de « dons et non d’achat », précise Laurent Le Bourhis. « Il y a des outils qui dorment dans les caves et les placards, et la démarche c’est aussi de prendre conscience de tout ce que l’on a chez nous et qui pourrait service à beaucoup d’autres gens. Nous les entretenons. Et nous sommes d’ailleurs en pleine campagne de réception ».

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Qu’est-ce qu’une bibliothèque subjective ?

L’une des autres spécialités des « Ateliers Blancarde », c’est sa bibliothèque subjective. Elle présente des ouvrages d’artistes, ou de professionnels du monde de l’art. « L’idée est de leur permettre de proposer un ou plusieurs livres, dans lesquels l’artiste, l’historien… va noter la raison pour laquelle ce livre est important pour lui, de façon à ce que le lecteur découvre pourquoi ce livre se trouve là », explique Laurent Le Bourhis.

Tourner les pages de gare en gare

Une « bibliothèque d’urgence », sera installée dans le hall de la gare. Elle permettra d’emprunter des romans en tout genre, à la volée, sans obligation de retour. Tout particulier peut venir y déposer des livres dont ils souhaitent se séparer. Une expérimentation qui sera réajustée en fonction des premiers retours.

Dos Mares et Gares et Connexions travaillent d’ailleurs pour mettre en place d’autres bibliothèques, « afin de pouvoir déposer les livres de gare en gare ».

Un jardin partagé pour se réapproprier le bien commun

Pour poursuivre dans une démarche collaborative, une des parcelles situées derrière le métro sera transformée en jardin partagé. « C’est l’occasion d’aborder l’art et la l’agriculture, l’art et l’écologie ».

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La Ville de Marseille a donné son feu vert pour le lancement du projet. Une étude de sol sera réalisée pour déterminer s’il est possible de faire pousser des plantations comestibles. « Idéalement, il faudrait qu’au printemps tout soit en train de pousser, espèrent les co-fondateurs. C’est une façon de se réapproprier le bien commun ».

> Pour en savoir plus sur les « ateliers Blancarde »

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