Dans un courrier adressé à la Maire de Marseille, Michèle Rubirola, le président de la Région Sud, Renaud Muselier, revient sur les récentes déclarations de Benoît Payan. Le Premier adjoint a interpellé le Premier ministre, lui demandant de débloquer des crédits pour aider les hôpitaux de Marseille.

Ces dernières heures, la situation sanitaire de Marseille déclenche des réactions en chaîne de la part des élus locaux. Dans le viseur du gouvernement qui entend durcir les mesures pour enrayer l’épidémie de la Covid19, la cité phocéenne devient le théâtre de mises au point, par communiqués de presse et courriers interposés.

Le premier coup vient de la part de Benoît Payan, premier adjoint à la Ville de Marseille, mécontent des déclarations du ministre de la Santé, le jeudi 17 septembre, qui selon l’élu « fait encore jouer le mauvais rôle à Marseille dans la crise sanitaire actuelle, en focalisant l’attention des médias sur la situation dans notre ville. Marseille n’est ni un bouc-émissaire ni un faire-valoir ». (lire ci-dessous)

Le milliard d’euros de la discorde

L’élu avait déjà fait passer le message, lundi, à l’occasion de la conférence de presse du préfet des Bouches-du-Rhône, et de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, annonçant les nouvelles mesures sanitaires. « Marseille ne pourra pas assumer seule, le poids de cet immense défi sanitaire. On ne peut se faire affronter la Ville et les Marseillais à l’Etat. Au contraire, il faut travailler main dans la main. On a besoin de l’Etat. Nous demandons à l’Etat d’être présent auprès des Marseillais. Nous voulons agir pour préserver un service public de haute qualité. C’est un défi important pour nous ».

En ce sens, dans un courrier, le maire par intérim, [en l’absence pour cause de convalescence de Michèle Rubirola, ndlr], va plus loin et interpelle le Premier ministre, Jean Castex, sur le rôle de l’État, réitérant ses appels à l’aide, au travers d’une requête claire : un investissement d’un milliard d’euros pour l’AP-HM.

C’est justement là que le bât blesse, pour le président de la Région Sud. Renaud Muselier a d’ailleurs adressé un courrier sur cette question précisément à Michèle Rubirola.

Il débute sa missive en lui souhaitant « ses meilleurs vœux de bonne santé et de retour en forme, le plus tôt possible ». Puis il poursuit en faisant part de sa surprise face à la demande de Benoît Payan, dont « l’agitation médiatique » lui semble « indécente » et le moment « mal choisi ». 

« Sur un sujet aussi sérieux, et dans des circonstances aussi graves, je crois que ce n’est pas à un Premier adjoint de s’exprimer. Les Marseillaises et les Marseillais qui vous ont choisi ne comprendraient pas qu’un second s’exprime comme un capitaine dès que l’occasion se présente ».

Le projet Copermo

Position d’autant plus surprenante estime-t-il au regard de l’avancée, depuis deux ans, du dossier Copermo de l’Assistance-Publique des Hôpitaux de Marseille.

Pour rappel, la Timone, l’un des plus anciens CHU de France – le deuxième par son importance – fait l’objet d’un vaste plan de réhabilitation. Le projet prévoit également la construction d’un hôpital pour enfants, d’une maternité et d’un nouveau Samu.

Le projet de l’AP-HM pour le transformer en structure performante et adaptée aux besoins actuels a été validé il y a plusieurs mois par le Comité interministériel de performance et de modernisation de l’offre de soins (le Copermo) ; pour un montant total de 360 millions d’euros, dont 150 millions à la charge des collectivités. Concernant l’hôpital Nord, celui-ci sera réhabilité et son service de réanimation étendu.

La Mairie de Marseille est engagée dans ce projet à hauteur de 25 millions d’euros. La Région a sécurisé 31 millions d’euros. Le Département des Bouches-du-Rhône et la Métropole Aix- Marseille-Provence, se sont engagés en juillet 2019 à apporter 75 millions d’euros au financement du projet.

Benoît Payan : « Nous, on s’occupe des Marseillais »

Face à ce constat, Renaud Muselier juge que « la situation est donc simple : au lieu de réclamer en permanence des crédits nationaux, la Mairie doit déjà commencer par honorer ses propres engagements et pourquoi pas les renforcer, afin de pousser l’État à augmenter sa part d’investissement », sans pour autant une volonté de polémiquer, précise le courrier.

« Je ne me permettrai jamais de vous donner mon sentiment ou mon avis sur vos modalités de gouvernance. Cependant, dans une telle situation sanitaire, face à l’angoisse de nos concitoyens, la voix de la Maire doit être la seule à s’exprimer au nom de la ville. J’ai occupé la fonction de Premier adjoint au maire de Marseille pendant deux mandats et je n’ai jamais trahi ce principe majeur », conclut-il.

Benoît Payan n’a pas plus d’intention de polémiquer sur la situation. Entre sa demande à l’État pour soutenir les hôpitaux publics de Marseille et le Copermo, « les choses sont claires ».

Et pour répondre à Renaud Muselier : la Mairie de Marseille ne prévoit pas de se désengager du projet Copermo assure le Premier adjoint. « Nous, on s’occupe des Marseillais, je laisse à Renaud Muselier le soin de s’occuper des habitants de la Région, et de ses compétences. Il semble beaucoup s’occuper de moi au quotidien », nous confie le Premier adjoint.

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