A la demande du premier ministre, Jean Castex, les élus locaux ont planché tout le week-end avec le préfet des Bouches-du-Rhône pour proposer aujourd’hui à 17 h des mesures complémentaires en vue d’empêcher une seconde vague de l’épidémie de Covid-19 à Marseille, déjà fortement touchée.
Situation cocasse ce lundi matin. Au lendemain d’une victoire de l’Olympique de Marseille face à son éternel rival, le PSG, et à une déferlante de scènes de liesse des supporters venus fêter ce moment historique dans les rues du centre-ville, le préfet, Christophe Mirmand, doit remettre, ce jour, ses préconisations au Premier ministre pour empêcher la propagation de la Covid-19. « Des mesures complémentaires », sollicitées par Jean Castex, lors de son allocution vendredi après-midi, à l’issue du conseil de défense, alors que les chiffres dans la cité phocéenne restent préoccupants.
Les élus locaux, qui avaient déjà fait connaître quelques jours plus tôt leur opposition à un reconfinement, ont ainsi travaillé directement tout le weed-end avec le préfet de région pour mettre en oeuvre des mesures adaptées au territoire.
Une satisfaction également pour les élus qui avaient dénoncé au mois d’août, des « décisions prises de Paris », et dont le mécontentement s’est cristallisé à l’occasion d’une conférence de presse organisée symboliquement à l’IHU en présence de la maire de Marseille Michèle Rubirola, Martine Vassal, présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence et du Département des Bouche-du-Rhône, autour du professeur Didier Raoult.
« Suite à la déclaration du Premier Ministre, je salue le fait que l’État s’appuie sur les collectivités locales pour répondre dans la concertation à une situation sanitaire exceptionnelle », a exprimé Michèle Rubirola. « Il est indispensable que les mesures prises soient les plus adaptées au contexte local pour faire face à cette crise sanitaire, économique et sociale. Le seul choix possible, c’est celui du bon sens, du pragmatisme et de l’esprit de responsabilité. Seuls l’écoute, l’échange, la concertation et la coordination nous permettront d’atteindre, collectivement, notre objectif », a réagi a son tour Martine Vassal. Renaud Muselier, président de la Région Sud, a également salué la position du Gouvernement, remerciant le Premier ministre pour la confiance accordée aux acteurs locaux.
Les élus locaux avancent leurs propositions
D’autant qu’en amont du Conseil de défense, Renaud Muselier, avait demandé au gouvernement de ne pas « reconfiner la région Sud », en réponse au président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy qui avait qualifié le niveau de l’épidémie de la Covid-19 «inquiétant » dans notre région. Sur cette même ligne, invité du « Grand Jury » RTL-Le Figaro-LCI ce dimanche, il a dévoilé plusieurs propositions soumises au préfet : à savoir « fermer à 20 heures plages et parcs », pas de fêtes après le mariage, même chose pour les enterrements qu’il faut « limiter à 20 personnes », comme au printemps dernier. L’élu réclame aussi des « renforts de police nationale ». Un effectif de 250 personnes pour que « les mauvais élèves soient punis ».
La présidente de la Métropole et du Département a plaidé pour un contrôle renforcé du port du masque dans les espaces clos. « Voir encore des personnes en intérieur se refuser à mettre le masque n’est désormais plus acceptable et doit être réprimé sévèrement », a-t-elle exprimé à l’AFP. Et d’insister dans un communiqué de presse sur le fait de « protéger la population en lui permettant de travailler, de se déplacer, et de rester en bonne santé, en facilitant le respect des gestes barrières et des mesures de prévention. C’est pourquoi, chacun d’entre nous doit continuer à les appliquer de la manière la plus stricte dans sa vie quotidienne, aussi bien dans un contexte professionnel que dans le cadre privé », avait souligné l’élue dans un communiqué de presse.
Le Département s’est d’ores et déjà « mobilisé pour augmenter la capacité de test, notamment pour les cas les plus urgents nécessitant des résultats rapides afin d’appliquer les mesures d’isolement individuelles ».
La Ville de Marseille estime de son côté que les mesures de répression n’ont d’effet qu’un temps, et privilégie un accompagnement pour responsabiliser les Marseillais. « Il faut verbaliser le non-respect des règles dans les lieux où la promiscuité est réelle. Je suis entièrement d’accord pour fermer les lieux à risque, qui ne respectent pas les mesures barrières imposées », confie la maire de Marseille dans un entretien accordé au journal Le Monde, et paru ce lundi. « Dans les rues à haute fréquentation, dans les centres-villes, les centres commerciaux, le port du masque doit être obligatoire. Dans les espaces aérés où l’on est seul, il n’y a pas de risque avéré », a estimé Michèle Rubirola. Dans la deuxième ville de France, le port du masque est obligatoire partout depuis la fin août.
Avant de se mettre en indisponibilité pour cause d’intervention chirurgicale, Michèle Rubirola, a échangé avec les services de l’État. L’élue a fait savoir qu’elle ne souhaitait pas toucher aux horaires de fermeture des bars et des restaurants à 0 h 30. Elle estime également que c’est « la notion de rassemblement public sans distanciation physique qu’il faut interdire, pas l’accès à l’espace balnéaire », contrairement à ce que préconise Renaud Muselier.
Par ailleurs, elle a également requis une augmentation de la fréquence des transports en commun, « pour éviter que les utilisateurs s’agglutinent sur les plates-formes. J’ai soulevé également la question des bars à chicha, où les risques de transmission, favorisés par la vapeur d’eau, ne sont pas pris en compte. Si quelqu’un veut fumer une chicha tout seul, dehors, c’est possible. Mais à plusieurs et à l’intérieur, c’est dangereux », poursuit-elle chez nos confrères. Et de préciser que l’application des mesures barrières doit constituer un « véritable enjeu de démocratie ».
Sans revirement de dernière minute, le préfet des Bouches-du-Rhône devrait annoncer aujourd’hui, aux alentours de 17 h, ces mesures « complémentaires », réclamées par le gouvernement.