Le collectif « Jardin école Longchamp », composé d’enseignants et de parents d’élèves, souhaite transformer une parcelle inoccupée du parc Longchamp en école pédagogique pour les classes marseillaises, et espère que la Ville se saisisse du projet.
C’est une idée qui a germé il y a un an. Alors que tous les matins, Stéphanie Morel, institutrice à l’école maternelle Longchamp, emprunte un chemin qui jouxte le Muséum et longe une parcelle abandonnée du parc Longchamp. « Je voyais cet espace inutilisé et je me suis dit qu’il fallait en faire quelque chose, créer un endroit dédié aux élèves », confie l’enseignante.
Il n’en fallait pas moins pour que des parents se saisissent de l’idée pour imaginer un projet : créer sur ce terrain d’environ 1 200 m2 une école pédagogique pour les classes de la cité phocéenne.
« D’une part, ce parc dispose de cet espace inutilisé, on peut même dire abandonné, et d’autre part, on a pu voir post-Covid que la nature avait repris ses droits. Il y avait, ici, une vraie forêt d’herbacées, mais aussi une faune. C’est très intéressant à observer. Ce serait bien de favoriser et valoriser ce site, pour que l’on puisse déjà faire ces observations dans de bonnes conditions », explique Marie-Ève Roques, maman très impliquée dans le projet. « Il faut que l’on puisse étudier le vivant, comme on va à la piscine, sur le temps scolaire ».
Les atouts de la parcelle convoitée
Au début du XXe siècle, des jardins potagers occupaient cette parcelle. À l’époque, elle était attenante au couvent des Carmélites [actuel emplacement de l’école maternelle Longchamp, ndlr]. Puis, il y a quelques années, elle servait de dépôt pour les coupes et tailles du parc. « C’est normalement une terre hyper fertile », reprend Marie-Ève Roques.
La parcelle est visible depuis la rue, car le terrain est en dévers sur le boulevard Philippon. Elle comporte trois entrées, dont une sur ce même boulevard, la rendant potentiellement indépendante des horaires du parc [les deux autres sont dans le parc]. Autres atouts avancés par le collectif : elle est ensoleillée une bonne partie de la journée, mais dispose d’arbres qui créent des espaces ombragés. « Une configuration idéale pour étudier la biodiversité avec des enfants. Elle comporte aussi différents recoins en restanque, ce qui peut permettre de délimiter plusieurs usages, de créer des paliers ».
Les parents et enseignants mettent également en avant, son accessibilité en transports puisque le parc se situe à proximité d’un arrêt de tramway, ou encore la présence d’un dévoiement de canalisation d’eaux pluviales pour garantir des économies d’arrosage.
Une parcelle, par ailleurs, très convoitée puisqu’elle a failli être déclassée dans le cadre du Plan local d’urbanisme intercommunal du territoire Marseille Provence, adoptée fin 2019.
Pour le collectif, le site ne nécessite que peu d’aménagements : « Il suffirait que ce soit entretenu de manière plus régulière, d’y installer un petit cabanon… des petites installations qui pourraient même être envisagées avec la participation de collèges et lycées. C’est un projet qui peut embrasser pas mal d’établissements scolaires. Il faut juste le décider. Il faut trouver la bonne manière de le faire et dans les règles ».
En faire un projet pilote porté par la Ville
Car, en effet, le parc Longchamp est classé monument historique, donc soumis à une réglementation particulière des espaces protégés. Pour cette raison, et parce que les parents engagés dans ce projet n’ont pas vocation à l’administrer sur le long terme, le collectif « Jardin école Longchamp », souhaite que la Ville de Marseille le porte. « La Ville s’est engagée dans une politique-cadre sur la mer et son littoral. Notre projet s’inscrit complètement dans cette stratégie locale et en particulier sur différents points », écrit le collectif dans le dossier remis à la municipalité.
À savoir : faire connaître la biodiversité et faire comprendre son rôle, développer la culture de la nature, promouvoir la création de nouvelles formes urbaines favorables à la biodiversité… « Nous en sommes aux prémices de ce projet », reprend Marie-Ève. « Il va falloir le démarrer en définissant des usages pour ce lieu, commencer à faire venir les classes, trouver la bonne manière de se frayer un chemin pour aller le plus vite possible ».
La possibilité de créer une association, notamment, pour obtenir des subventions est étudiée. « Mais nous souhaitons aussi nous entourer de sachants, ce qui nous permettra de garantir le maintien des espèces végétales méditerranéennes par exemple et favoriser l’enseignement. Dans nos rêves les plus fous, on espère que ce soit reproductible, que ce soit un projet pilote et c’est pourquoi il serait intéressant que la mairie le porte ». Objectif : une mise en service à la rentrée prochaine, et pourquoi pas dès le printemps 2021.
Des nombreuses demandes pour la création de jardins partagés
Nassera Benmarnia, adjointe en charge du retour de la nature en ville, des parcs et jardins, et espaces verts, confirme avoir pris connaissance de ce projet, et « qu’il sera étudié avec la plus grande attention. Nous verrons dans quelles mesures la création d’une école pédagogique est possible », explique l’élue, qui confie avoir beaucoup de dossiers sur la table, concernant principalement des demandes de créations de jardins partagés au sein de parc Longchamp.
« Effectivement, deux parcelles pourraient servir à ce type de demandes, mais n’oublions pas que le parc est classé, rappelle-t-elle. Il faut de la cohérence dans les projets, tenir compte de l’entretien sur le long terme… J’étudierai tous les dossiers avec sérieux et je recevrai également les porteurs de projets », assure l’élue.