C’est un monument du patrimoine du Sud de la France qui pourrait être sauvé. La bergerie la Favouillane, dernier témoin de l’architecture camarguaise avec sa toiture en roseau, fait partie des monuments du Loto du Patrimoine animé par Stéphane Bern, lancé ce lundi. C’est le seul monument concerné dans les Bouches-du-Rhône.
La bergerie de la Favouillanne se cache sur les terres acquises par le Grand Port Maritime de Marseille près de Port-Saint-Louis-du-Rhône. L’association de la Maison de la Transhumance se bat depuis plusieurs années pour la reconnaissance et l’entretien de l’unique témoin d’un type de construction répandue au XIXe siècle en Camargue.
« Une grande cabane couverte de roseaux, avec des piliers et supports en pierre qui sert à renfermer les bêtes à laine, en très bon état, les montants en pierre de l’entrée venant d’être refaits à neuf depuis peu », écrivaient les chevaliers de Malte en 1784 lorsqu’ils découvrent, perdue au milieu des herbes folles, une grande bergerie à la forme singulière.
Des centaines d’années plus tard, elle se dresse encore, imposante, au sein du domaine du Radeau, près de l’actuel Port-Saint-Louis. Toujours debout donc, mais en mauvais état. Jean-Claude Duclos, vice-président et cofondateur de la Maison de la Transhumance nous confiait en 2018 à l’occasion d’un reportage sur place : « La bergerie est détentrice d’une histoire, d’un patrimoine local. Comment peut-on se permettre de la laisser tomber en ruines comme ça ? ».
Une architecture symbolique de la Camargue
En effet, ce long bâtiment présente une architecture emblématique, avec ses 50 m de long, 12 m de large et 8 m de haut. Dotée d’une charpente à deux rampants, inclinés à 45°, supportés par 9 fermes prenant appui, chacune, sur deux contreforts latéraux, la bergerie est bâtie au nord en abside (extrémité construite en demi-cercle comme dans une église) pour résister au mistral, elle s’ancre, au sud sur un mur pignon triangulaire. Conçues pour abriter de 800 à 1 000 ovins et présentes autrefois sur la plupart des mas, ces bergeries, appelées aussi cabanes ou jasses, témoignent sur le temps long de l’importance économique de cet élevage dans le delta. La laine étant, des siècles durant, sa production principale, ces bergeries témoignent aussi de la volonté d’en améliorer la qualité en abritant les bêtes la nuit et pendant les intempéries.
Cette sélection au Loto du Patrimoine devrait permettre de sauver la bergerie, via la Fondation du patrimoine qui profite des recettes tirées de la Française des jeux. L’animateur de télévision Stéphane Bern conduit depuis trois ans la mission patrimoine confiée par Emmanuel Macron. Selon lui, trois critères qui doivent se cumuler pour faire partie de la sélection : « L’état de péril, un plan de financement bien ficelé et un projet de revalorisation pour redonner une vocation culturelle au site rénové ».
Depuis trois ans, la mission patrimoine s’est engagée dans la restauration de 509 sites, dont 180 sont d’ores et déjà sauvés : 43 sont achevés et les travaux sont en cours pour 137.
Les monuments du Loto du Patrimoine en Provence-Alpes-Côte d’Azur
- Fort de Tournoux à La Condamine-Châtelard (04)
- Moulin de Sachas à Villard-Saint-Pancrace (05)
- Bastion de la Turbie de la Citadelle à Villefranche-sur-Mer (06)
- Bergerie de la Favouillane à Port-Saint-Louis-du-Rhône (13)
- Moulin de l’Adrech à La Garde-Freinet (83)
- Rocher de la cathédrale Sainte-Marie de l’Assomption à Vaison-la-Romaine (84)