Pour célébrer le déconfinement, et rendre hommage aux victimes du Covid-19 et aux personnels soignants, l’artiste marseillais MoJo a installé, dans la nuit, une sculpture sur le parvis de la cathédrale de la Major. Une exposition sauvage mais hautement symbolique.
11 mai 2020. La date est symbolique. Elle marque en France le premier jour du déconfinement. Et il fallait pour l’artiste marseillais MoJo un geste fort pour que ce jour ait du sens. Alors dans la nuit, il a installé sur le parvis de la cathédrale de la Major, une œuvre originale. Une imposante sculpture baptisée « la deudeuch de Lyam », symbole d’une nouvelle génération, que MoJo rêve « exemplaire, qui doit apprendre de ses erreurs et de ses excès ».
Il a fallu quelques bras et affronter la pluie, pour mettre en place le squelette de cette 2 Cv habillée d’un rouge vif, « mais le jour était trop symbolique pour repousser », confie MoJo, quelques heures avant l’installation.
L’artiste est spécialiste de la réalisation de sculptures à partir d’objets « perdus dans le temps. Je souhaite faire revivre ces objets-là par le biais de ce que j’appelle la momification contemporaine. Je fais mourir l’objet en lui enlevant ses parties vitales, qui lui servent à fonctionner ».
Éveiller les consciences
Depuis le début du confinement, il travaille sur cette nouvelle création. Un véhicule – qui évoque en lui-même, un autre temps, et sur lequel il a voulu « tuer » les fonctionnalités qui lui permettaient de rouler : « Cette mise à nue est importante dans le procédé, pour ainsi rendre immortel l’objet en le mettant sur un piédestal, afin de l’élever à celui de l’œuvre d’art. »
Cette personnification de l’objet est chez l’artiste « une réelle obsession pour la sauvegarde de notre patrimoine ». Une manière bien à lui « d’éveiller et réveiller les esprits ».
De Marseille à New-York, de New-York à Marseille
L’utilisation d’une peinture rouge vive a également tout son sens. Il s’agit de rendre « hommage à toutes les victimes du coronavirus dans le monde entier et rappeler qu’elles seront toujours dans nos mémoires. C’est aussi un appel à l’espoir, face à ce fléau immatériel, que nous vaincrons ».
MoJo est à l’origine d’une collection de sculptures utilisant les vélos solex, ces mobylettes des années soixante. Son travail est exposé dans une galerie new-yorkaise, 108 Central Park. Un rêve devenu réalité pour le jeune marseillais, qui marche dans les pas de Marcel Duchamp, le maître du « ready made », inventé dans les années 1970 et qui a impacté l’art contemporain.
Le temps de la révolution artistique est arrivé
Aujourd’hui, MoJo souhaite faire découvrir aux Marseillais et à la France son art très conceptuel, qui il l’espère « marquera nos mémoires et aujourd’hui matérialisera notre combat pour une nouvelle manière de penser et de voir le monde. Que sera le monde d’après ? »
Nul ne sait combien de temps « la deudeuch de Lyam » tiendra compagnie à la cathédrale de la Major. MoJo espère qu’elle ne laissera pas indifférent et qu’elle pourra être admirée quelque temps avec l’accord de la Ville, avant d’aller rejoindre le théâtre du Toursky où elle trônera, comme une œuvre symbolique de cette période inédite, mais aussi que « le temps de la révolution artistique est arrivée ».