Avec à sa tête un tout nouveau directeur régional, Serge Magdeleine, le Crédit Agricole Alpes Provence se pose comme un acteur majeur de financement de l’économie du territoire. Comment gère-t-elle la crise ? À quoi ressemblera la banque de demain ?

C’est un fait, la crise sanitaire entraîne avec elle une crise économique profonde. C’est dans ce contexte que Serge Magdeleine prendra ce 1er mai ses nouvelles fonctions de directeur général du Crédit Agricole Alpes Provence (CAAP). Une « maison » qu’il connaît bien pour avoir occupé il y a quelques années, le poste de directeur général adjoint, en charge du développement. Très attaché au territoire, il a tenu récemment une conférence de presse de présentation.

L’occasion de réaffirmer le rôle de la banque comme  « acteur majeur du financement de l’économie du territoire ». Et avec un message clair : « Toute entreprise viable avant le Covid-19 doit ressortir vivante après la crise ».

Habituellement sur les trois départements Bouches-du-Rhône, Hautes-Alpes et Vaucluse, périmètre couvert par la Caisse régionale, le « PIB est de 60 milliards d’euros par an. On crée environ 5 milliards de richesses par mois. À peu près 40% de l’économie est à l’arrêt, donc globalement on détruit 2 milliards d’euros, chaque mois de confinement », a souligné le nouveau DG.

Avec déjà deux mois de confinement, et quatre de plus pour trouver un « rythme nominal, on aura détruit sur le territoire 8 milliards de PIB cette année, soit 13%. Je ne crois pas que dans l’histoire du 20e siècle nous ayons déjà eu autant de décroissance, de décrochage de l’économie, même en 1929 ».

Quelle stratégie pour gérer la crise économique ?

Comment faire alors pour absorber un tel choc dans l’économie ? Le Crédit Agricole Alpes Provence a d’abord procédé à une pause massive dans les crédits de ses clients, professionnels ou particuliers.

Autre outil : le prêt garanti par l’État (PGE), soit 300 milliards d’euros pour éviter la faillite de beaucoup d’entreprises. À ce jour, au niveau national, le groupe a reçu 100 000 demandes et octroyé 20 milliards d’euros, avec un taux d’acceptation des dossiers de 97%. La Caisse régionale, elle, a enregistré 3 300 demandes pour un montant de 300 millions d’euros. 19 situations ont été refusées, pour cause de non-éligibilité au prêt. « Nous suivons ces 19 de très près, y compris moi personnellement, comme Jérôme Lebon, le directeur régional adjoint. Le réseau a toute délégation pour octroyer le plus rapidement les prêts ; tout est mis en place pour être le plus réactifs, et aider le plus vite possible nos professionnels.» Dans le cas où aucune solution favorable n’est possible, le dossier est réétudié par la direction générale, qui seule est habilitée à refuser définitivement le prêt, avant d’apporter une réponse au client.

Les demandes de PGE émanent de tous les secteurs d’activités, sauf le digital, qui connaît, en raison du confinement un boom, et tournent en moyenne autour de 100 000 euros. Pour Serge Magdeleine « il y a une vraie forme d’autoresponsabilisation des entreprises qui demandent le PGE. Elles comprennent que ce n’est pas de l’argent gratuit, puisqu’il faudra le rembourser. Je trouve que les chefs d’entreprises sont extrêmement modérés et calibrent au plus juste leurs besoins de PGE, sachant qu’ils pourront y revenir dans 3 mois ou 6 mois. Il n’y a pas d’effet d’aubaine ».

Sur les 300 000 millions demandés, 53 millions d’euros sont déjà sur les comptes des clients, « mais on reste sur un effet entonnoir, car très rapidement ce chiffre va rejoindre les 300 millions de demandes ».

Au Crédit Agricole, le délai de traitement des dossiers est estimé à environ 72 heures. Une réponse extrêmement rapide en raison de la mise en place d’une innovation technologique permettant la signature électronique des contrats. « Nous sommes la seule banque à avoir recours à ce dispositif », souligne Serge Magdeleine. Et pour cause, il en est à l’origine lorsqu’il occupait le poste de directeur de la transformation digitale et IT au sein du groupe.

Quelle banque pour demain ?

Comme toutes les entreprises, le Crédit Agricole prépare l’après 11 mai, même si au sein du groupe le déconfinement est tout relatif. En tant qu’organisme d’importance vitale (OIV), les banques ont continué de travailler. De nombreuses agences du groupe sont d’ailleurs restées ouvertes pour assurer l’accueil, l’information aux clients, effectuer les opérations interbancaires… « Il a fallu faire face à ce défi sanitaire de protection de nos collaborateurs, c’était une priorité ». Mises en place des gestes barrières, installation de Plexiglas de protection dans les agences, l’organisation a été revue avec du télétravail, des roulements d’équipe… Sur les 2200 collaborateurs, 1800 ont assuré leurs missions sur site ou en télétravail, les 400 autres étant soit en garde d’enfants, vulnérables donc autorisés à rester à domicile, ou encore atteints du Covid-19.

Dans cette lignée, pour garantir un retour des collaborateurs de manière sereine, restaurer la confiance, le Crédit Agricole va utiliser l’application « Copass », qu’elle développe actuellement avec la société Onepoint. Un nouveau compagnon de route qui démontre à quel point le quotidien sera différent.

S’il est encore « trop tôt » pour Serge Magdeleine pour dire si la crise va transformer la vision des missions de la banque, il estime que la technologie sera un point fondamental. « J’ai la conviction que ce sera différent d’un point de vue sociétal, et probablement très différent sur la façon dont les clients consommeront la banque demain. Il est clair que la façon dont on interagit avec les personnes à distance ou de manière physique sera différente. Pour la première fois, la technologie va avoir un rôle majeur dans la définition des usages. Avant, on inventait des usages bancaires et on demandait à la technologie de les développer. Aujourd’hui, la technologie existe avant l’usage ».

La technologie associée au constat « d’un retour de la confiance en l’humain et d’une grande solidarité », seront les deux piliers pour « construire demain une stratégie ou une évolution des missions de la banque ». Dans ce cadre, une réflexion va être menée sur le télétravail au sein du groupe. La question va être étudiée avec les organisations syndicales. « Il y a une forte demande. Il peut y avoir le télétravail à domicile, et le travail proche de chez soi dans une agence. Ce sont deux choses différentes, et je pense que nous aurons à ouvrir ces deux chantiers-là ».

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