Les banques se sont mises en ordre de bataille et ont déployé un dispositif en un temps record pour pouvoir soutenir au plus vite l’économie régionale. Entretien avec Jérôme Lebon, directeur général adjoint du Crédit Agricole Alpes Provence : « Nous sommes dans un moment totalement exceptionnel, inédit, que personne n’a jamais vécu« .

C’est dans un contexte exceptionnel de crise sanitaire et économique, que Jérôme Lebon, directeur général adjoint du Crédit Agricole Alpes Provence, a accepté de répondre à nos questions, pour témoigner des mesures sans précédent que les banques mettent en place dans la région pour les entreprises, professionnels et agriculteurs, dans le cadre de l’annonce du déblocage de 300 milliards d’euros du Gouvernement en soutien des banques.

, Entretien avec Jérôme Lebon (CAAP) : Les banques mobilisées pour soutenir l’économie régionale, Made in Marseille
Jérôme Lebon / DR

Comment le Crédit Agricole Alpes-Provence s’est mobilisé dans les premiers instants de la crise ? 

Immédiatement, on a affirmé notre rôle auprès des entreprises et de l’économie du territoire. Nous sommes un service dans une fonction vitale, celle de faire tourner l’économie des entreprises, tout en ayant un équilibre, en protégeant nos collaborateurs et nos équipes. C’est cette recherche d’équilibre permanent qui nous guide au jour le jour. Dans le cadre de ce service, la plupart de nos agences sont restées ouvertes pour que chacun puisse continuer à s’y rendre et d’autre part pouvoir accompagner les entreprises qui ont besoin d’accompagnement et de trésorerie.

Dans le cadre de cet accompagnement, quelles sont les aides mises en place ?

Avant la mise en place de ce prêt garanti par l’Etat, nous avons proposé à nos clients (artisans, commerçants, professions libérales…) de faire une pause dans leur(s) crédit(s) existants(s) jusqu’à six mois. Cela permet déjà d’offrir l’oxygène pendant six mois. Ce sont aujourd’hui, 10 000 pauses crédits sur le territoire (Bouches-du-Rhône, Vaucluse et Hautes-Alpes). Les particuliers sont aussi concernés, et là, c’est à la demande de chacun. On a quand même des particuliers qui ont des revenus variables, comme des commerciaux, qui ont des commissions sur chiffre d’affaires. Donc, au cas par cas, nous pouvons faire cette pause pour les crédits en cours.

Au-delà, vous proposez aussi un dispositif inédit de prêts garantis par l’Etat. Comment ça marche ?

Le deuxième échelon de soutien aux entreprises, c’est ce prêt garanti par l’Etat. Les niveaux de garanties sont différents selon la taille de l’entreprise, qui a un coût de 0,25% pour le client. Ce coût de 0,25%, c’est uniquement la garantie d’Etat, la banque ne prend aucune marge, et ne se rémunère pas du tout sur ce crédit. C’est un crédit sur un an, maximum trois mois du chiffre d’affaires ; et au-delà, à l’issue de cette première année, le client peut soit rembourser le crédit s’il le peut, sur un an supplémentaire et jusqu’à cinq ans. Si les entreprises n’ont pas de chiffre d’affaires, on va regarder la masse salariale. Et ça sera au cas par cas, pour faire un accompagnement sur-mesure.

D’autres banques vont-elles proposer ce dispositif ?

Il n’y a aucune logique de concurrence entre les banques. Globalement et objectivement, toutes les banques et la sphère financière vont proposer ce dispositif. On est dans une période qui est tellement exceptionnelle que tout le monde doit être solidaire. Toutes les banques, les experts-comptables… tous les partenaires des entreprises pour pouvoir accompagner et sauver les entreprises en difficulté. C’est vraiment une mission d’intérêt national où tout le monde doit être mobilisés et solidaires.

Avez-vous déjà des demandes sur ce prêt ?

C’est le début, mais nous avons déjà des centaines de demandes. Et s’il y a un message à faire passer, dans ce contexte, c’est de surtout, surtout, donner la priorité aux entreprises le plus en difficultés. Certaines entreprises disposent encore de trésorerie et sont un peu plus à l’aise. Elles ont donc un peu plus le temps pour mettre en oeuvre le dispositif, puisqu’il s’étend jusqu’au 31 décembre 2020. Nous devons nous concentrer sur les entreprises avec des critères d’urgence.

Avez-vous réorganisé vos services pour répondre aux demandes ?

Pour répondre à la demande, nous nous sommes réorganisés en « task-force ». Ce sont environ 300 personnes qui sont mobilisées pour répondre aux entreprises. Ça va être une période compliquée et difficile. Nous allons avoir besoin de beaucoup de solidarité de la part de l’ensemble des partenaires, car c’est une secousse économique comme on en a jamais vu. L’Etat a mis en place un dispositif exceptionnel. Je sens beaucoup de solidarité dans ces moments-là, qui fait du bien, pour les entreprises, les particuliers, mais on va essayer aussi d’aider nos personnels soignants. Il faut qu’un maximum d’entreprises arrive à passer cette crise. On va beaucoup apprendre. Je pense qu’on vivra différemment et on agira aussi différemment après cette crise.

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