Depuis le début du confinement, Richard Loyen, délégué général d’Enerplan, nous régale de sa cuisine solaire, avec ses petits plats faits maison et concoctés grâce aux pouvoirs des rayons du soleil, dont il partage les photos sur les réseaux sociaux. Une initiative pour « faire réfléchir » et penser le monde d’après… Reportage.

Tournedo avec sa petite sauce onctueuse au vieux Banyuls, compotés de fruits, risotto à l’encre de sèches cuit à l’étuvée, velouté d’asperges blanches, tartes… et même gâteaux ! Depuis le début du confinement, Richard Loyen, délégué général d’Enerplan, partage les photos de ses petits plats sur les réseaux sociaux. Jusqu’ici rien de très original direz-vous. Eh bien si !

Adepte de la cuisine saine et équilibrée, le chef mitonne solaire, tous les jours. Privilégiant les produits frais qu’il achète dans son quartier, il en est à son 28e menu de confinement. Entrée/plat et parfois dessert, « l’idée est de montrer que la cuisine solaire ça existe. Ça peut être beau, à défaut de suggérer que ce soit bon, de donner envie. C’est aussi une manière de réhabiliter la chaleur solaire et d’éveiller les consciences sur la transition écologique », explique Richard Loyen, également fondateur des Festins Photoniques. Créée en 2017, cette association fait la promotion de la cuisine solaire, créative et conviviale.

« On peut à peu près faire tout ce qu’on veut »

À défaut de cuisiner dans la rue, c’est chez lui qu’il passe des bons moments derrière les fourneaux. Son installation est constituée d’un morceau de tube sous vide et d’un réflecteur. Grâce à ce four solaire qui peut monter jusqu’à 180°, il réalise même un gâteau par semaine : « Les fours à tubes sont assez nouveaux. Leur avantage, c’est de monter à 180°- 200°/250° max l’été, mais déjà à partir de 180°, on peut à peu près faire tout ce qu’on veut ».

, Penser le monde d’après avec la cuisine 100% solaire d’un Marseillais confiné, Made in Marseille

Il cuisine en fonction de l’ensoleillement et fait aussi du réchauffé parfois, « car il y a juste assez d’ultraviolets. En ce moment, je fais de la cuisine en bocal, je commence à bien maîtriser les temps de cuisson pour faire des œufs mollets, servi avec une petite salade de lentilles ».

« C’est peut-être la voie gourmande qui va faire réfléchir »

Richard Loyen commence à avoir quelques aficionados qui suivent son feuilleton gastronomique solaire. « Alors qu’est-ce qu’on mange aujourd’hui ? Est-ce que je peux m’inviter ? »

Il oriente ses « fans », vers l’association des Festins Photoniques, car c’est aussi pour lui une bonne occasion de penser à l’après-confinement. « On sera bien contents, car la cuisine de rue, c’est très convivial, avec des outils complètement nouveaux, des goûts assez innovants aussi. Les gens sont d’ailleurs toujours très intrigués et on partage un bon moment, on parle transition écologique. Le solaire apporte largement d’énergie pour assurer nos besoins en eau chaude et en chauffage. Nous disposons de la technologie adaptée. C’est peut-être la voie gourmande qui va faire réfléchir », sourit le chef d’entreprise.

Le solaire permet d’ailleurs de voir émerger une nouvelle écriture culinaire et rayonnante. Le premier restaurant solaire de France, Le Présage, dont la première expérimentation avait eu lieu à Aubagne, s’inscrit d’ailleurs dans cette tendance. L’établissement prépare sa transformation pour proposer, peut-être dès cet été, une version « guinguette » avant le développement du projet global à Marseille. 

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Des fours solaires en kits

Pour continuer à régaler les papilles, Richard Loyen travaille à la conception d’un nouveau cuiseur solaire, avec Polythech Marseille.

Juste avant le confinement, il a reçu trois tubes importés des Etats-Unis, de 15 cm de diamètre, pour pouvoir concevoir des nouveaux fours solaires à destination des familles. « L’idée est d’avoir un produit accessible, car cela reste quand même un produit de luxe, en revisitant le concept et en le simplifiant. Cela permettrait, de manière simple et ludique, aux gens de fabriquer eux-mêmes leur four, grâce à un tutoriel, en mode DIY ».

Entre deux menus, il planche également sur une station solaire de tubes pour l’activité de l’association. Un équipement qui permettrait « d’envoyer des tournées, entrées, plats, desserts, du matin 10 heures jusqu’en milieu d’après-midi, si on fait salon de thé avec pâtisseries ».

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© Les Festins Photoniques

Le solaire : filière de relance post-crise Covid-19

Pour Richard Loyen, le solaire sera sans aucun doute l’une des filières de la relance de l’économie, mise à mal par l’épidémie de Covid-19. « Même s’il y a des effets sur la baisse du pétrole, sur le long-terme, le solaire est nécessaire. Le marché mondial, aujourd’hui, est de l’ordre de 130 gigawatts. C’est une technologie qui se déploie massivement et dont les coûts continuent de baisser (de l’ordre de 90% de baisse depuis le début des années 2000), c’est l’une des sources les plus compétitives pour produire de l’électricité, elle est « skylable » : on a des grandes centrales sur des dizaines et centaines d’hectares ou juste adaptées à mon toit ».

Le solaire est aussi également une piste sérieuse dans le domaine de l’électromobilité, notamment dans le secteur tertiaire : « Aujourd’hui, nous avons des parkings avec de l’asphalte, avec des voitures qui dorment au soleil. On pourrait très bien mettre des ombrières solaires, des bornes de recharges et que les collaborateurs puissent recharger leur véhicule lorsqu’ils sont au bureau, avec des électrons solaires et repartir le soir ».

Un potentiel à exploiter notamment dans la région Sud. « 1 kilowatt de photovoltaïque représente 8 m². Cela offre, en termes d’autonomie de déplacement et en quantité d’électricité de ça produit, entre 5 et 10 000 kilomètres par an, selon le modèle de véhicule utilisé. Donc il y a un bel avenir », conclut le représentant des professionnels du solaire.

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