La Fondation Abbé-Pierre et 27 autres associations estiment que la question du logement n’est pas suffisamment traitée par les candidats aux municipales à Marseille. Ils proposent 60 mesures « applicables ». 

Le drame de la rue d’Aubagne est encore dans tous les esprits, et avec lui la question du logement et de l’habitat insalubre, qui reste une problématique majeure à Marseille. 

Alors que la campagne des municipales fait rage dans la cité phocéenne, la fondation Abbé-Pierre a décidé d’interpeller les candidats, estimant que leurs propositions restent bien pauvres dans ce domaine : « On s’étonne face à l’enjeu du logement, pas seulement à Marseille, mais sur l’ensemble de la métropole, que le sujet soit absent du débat. Les candidats ne sont pas à la hauteur de cet enjeu », insiste Florent Houdmon, directeur de l’agence Provence-Alpes-Côte d’Azur de la Fondation Abbé-Pierre. « Si les plus pauvres sont en grande difficulté, les classes moyennes peinent aussi à faire face aux coûts du loyer. On a l’impression, aujourd’hui, que c’est à qui plantera le plus d’arbres dans Marseille, alors qu’il y a urgence ».

14 engagements « pour un logement décent pour tous »

Ainsi, à un mois du scrutin, la Fondation et 27 autres associations, parmi lesquelles ATD Quart Monde Paca, l’Ampil, Compagnons Bâtisseurs Provence… ont adressé, il y a une dizaine de jours, une liste de « 14 engagements et 60 mesures pour un logement décent pour tous », à destination des candidats.

Le document de 17 pages met en avant des solutions qui ont déjà été mises en œuvre dans d’autres villes de France. « Il s’agit d’une véritable expertise, ce n’est pas un programme utopique, car toutes les mesures sont applicables », reprend Florent Houdmon. 

Un plan « Marshall » de lutte contre l’habitat indigne

Parmi les mesures phare : placer « l’habitat et le logement comme priorité numéro 1 », en rattachant cette délégation au maire ou à défaut au premier adjoint et au président de la Métropole ou son Premier vice-président. Les associations préconisent également le déploiement d’un plan « Marshall » de lutte contre l’habitat indigne, à l’échelle métropolitaine ; se doter d’un pilotage clair de la lutte contre l’habitat indigne et valoriser l’expertise de la société civile. 

Le document se penche aussi sur l’offre de logements pour les plus démunis. Les revendications portent, entre autres, sur le rééquilibrage territorial de l’offre de logement social ou encore favoriser la production de logements locatifs sociaux destinés aux plus faibles revenus. Cinq engagements visent à résorber durablement le « sans abrisme », avec l’objectif d’atteindre « 0 SDF ». 

Un stage en immersion pour les élus

Des propositions sur l’accès et le maintien dans le logement y sont aussi proposées, et même des stages en immersion à l’attention des élus au sein des associations pour être plus proche de la réalité du terrain et du quotidien des personnes en situation de précarité. [Voir la synthèse dans le document, ndlr].

Pour l’heure, Florent Houdmon laisse aux candidats le temps de la réponse, mais a déjà reçu quelques  éléments. «  Martine Vassal n’a pas encore répondu, mais dans son programme, les propositions sont dans le prolongement de mesures structurantes engagées par la Métropole qui, si elles sont poursuivies sont intéressantes. En revanche, ça reste, pour nous, très insuffisant en terme de production de logement social ».

Premiers éléments de réponse des candidats

La candidate (LR) propose de rompre avec la tradition des grands ensembles de logements sociaux. Pour favoriser la construction de logements sociaux de manière moins concentrée, le conseil de la Métropole, dont Martine Vassal est la présidente, a adopté en décembre 2019 plusieurs mesures dont l’obligation de résiliation de 30% de logements sociaux pour toute opération égale ou supérieure à 80 logements sur Marseille. « 80 logements, ça représente pour nous de grands ensembles », affirme Florent Houdmon, qui a également échangé avec Bruno Gilles. « C’était intéressant. Lui propose de ramener le socle de production de logement social à 50 et n’a rien contre la création de bain douche pour les sans abri ». En juin, le Sénat a adopté la proposition de loi visant à améliorer la lutte contre l’habitat insalubre ou dangereux, présentée par le candidat.

Michèle Rubirola, candidate du Printemps Marseillais, qui a signé la « déclaration des droits des personnes sans abri », de la Fondation Abbé Pierre s’engage, elle, à créer ces bains douches, et à abaisser à 20 l’obligation de logements sociaux. 

Les discussions se poursuivent avec Samia Ghali, qui entend renforcer la production de logements sociaux et leur répartition de manière « équilibrée et équitable sur l’ensemble du territoire communal ». Elle prône également l’extension du permis de louer dans toute la ville. 

Avec Sébastien Barles, de la liste écologiste et citoyenne Debout Marseille ! tout comme avec l’équipe d’Yvon Berland (LREM) « nous sommes au début des échanges et nous aurons un retour prochainement », poursuit le directeur, avant d’ajouter : « nous n’avons pas réussi à joindre Christophe Madrolle (UDE). »

La Fondation Abbé Pierre et le collectif d’associations ont pris la décision de ne pas solliciter le candidat du Rassemblement national, Stéphane Ravier, pour rester fidèles à leurs valeurs. 

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