L’association citoyenne La Maraude Marseille vient en aide aux plus démunis par différentes collectes tout au long de l’année. Ce dimanche, ils organisent leur nouvelle édition de la maraude de Noël à la gare Saint-Charles.
Elles venaient d’arriver à Marseille. Il y six ans, Zohra et Yousra se lancent alors dans une aventure humaine, celle d’aider les familles dans le besoin en leur apportant des repas, un soutien psychologique, ou encore une assistance à l’insertion sociale et professionnelle. Un réseau s’est rapidement créé autour des deux femmes, qui organisent aujourd’hui des maraudes une fois par mois, généralement autour de la gare Saint-Charles.
« On arrive toujours à obtenir des donations et à mobiliser les gens et les acteurs locaux autour des événements », confie Zohra, trésorière de l’association. Cette force et cet investissement, elle le partage avec une équipe de quatre personnes et une quarantaine de bénévoles.
En collaboration avec d’autres associations locales, un dimanche par mois, les maraudeurs donnent des denrées et autres produits à quelque 300 personnes, une action suivie par une maraude ambulante pour offrir des collations aux personnes les plus isolées. Des initiatives auxquelles se sont joints les commerces de proximité. « Des commerçants nous proposent leur aide, certains nous donnent les invendus du jour, comme la boulangerie Le Pain de l’Opéra ou celle qui fournit l’Intercontinental. Tout se fait essentiellement par le bouche-à-oreille, les gens préparent des choses, nous les donnent, ou, s’ils ne savent pas comment faire, nous demandent ce dont on a besoin. »
La solidarité sans frontière
Et l’esprit de solidarité ne connaît pas de limite d’âge. Il y a deux ans, un groupe d’élèves avaient collecté de l’argent pour acheter des denrées à la période de Noël, entre boîtes de chocolats et caisses d’oranges.
Cette année, c’est au tour des collégiens de Jean Giono (13e), en classe de sixième, de s’intéresser à ces maraudes. Ces derniers ont pu réunir dix cartons remplis d’affaires d’hiver ainsi que des livres et des jouets que les bénévoles pourront distribuer aux sans-abri. « C’est formidable, car beaucoup d’enfants défavorisés ne savent pas lire, et ils peuvent commencer par les livres d’éveil que leur ont donné leurs aînés », raconte Zohra.
La Maraude a su aussi se développer dans la capitale, un pôle où oeuvrent désormais une dizaine de membres actifs et près de 130 bénévoles. Un signe d’espoir pour Yousra, la présidente de l’association. « Nous avons commencé à Paris il y a deux ans, explique-t-elle, les maraudes se font en simultanée entre les deux villes. Ce qui est vraiment gratifiant pour tous est que, pendant la période de Noël, les gens cherchent à passer un réveillon autrement. En ce moment, chaque jour, je reçois une dizaine d’appels, ils me demandent si des maraudes sont organisées les 24 et 31 décembre. »
Une proximité jamais ternie
Comme l’explique Zohra, « Il n’y a jamais eu d’incident réel, de bagarre ou d’émeute pendant nos maraudes. Si les sans-abri ne peuvent pas venir à nous, nous allons vers eux. Au total, nous distribuons entre 250 et 400 repas les dimanches. Mais les personnes dans le besoin savent qu’elles peuvent toujours nous contacter par téléphone. C’est ça qui est important, nous sommes avec eux quoiqu’il arrive. »
Et ce dimanche, dès 13h, les bénévoles seront en effet au rendez-vous pour faire vivre la magie de Noël à ceux qui n’ont pas les moyens d’en profiter. Un moment privilégié auquel se joignent des étudiants, des familles, avec un seul mot d’ordre : « Viens si tu peux et si tu veux, mais si tu viens, sois prêt à donner de ta personne. Mais ça, nous n’avons même pas besoin de le dire, il y a à Marseille cette solidarité vraiment imprégnée, c’est toujours un moment de partage », se réjouit la trésorière.
L’association étant laïque, les temps forts religieux, comme Pâques, l’Aïd ou le Ramadan sont toujours une occasion pour être célébrés ensemble. Pour la 4e édition de la maraude de Noël, les bénévoles ne s’attendent cependant pas à voir seulement des sans-abri, mais aussi des familles dans le besoin ou des retraités.
« On sait qu’on touche une population mixte, souligne Zohra. Car celle des rues est moindre par rapport à celle des personnes en grande précarité. Pour beaucoup, ils ont une adresse mais n’arrivent pas à s’en sortir. Pendant la maraude, nous essayons de leur faire oublier le temps d’un instant cette situation. Dimanche, ils pourront participer à des jeux, profiteront des ateliers de maquillage et auront de belles surprises tout l’après-midi. »
Rendez-vous donc à 13h à la gare Saint-Charles dimanche 29 décembre, avec ou sans présent, mais le sourire aux lèvres. Car finalement, c’est aussi ça qui compte.