La période de Noël est un moment sacré en Provence où de nombreux rituels, culinaires et artistiques, sont à découvrir tout le mois de décembre. Made in Marseille vous propose un tour d’horizon des traditions provençales.

Fête de la lumière, la période de Noël est notamment remarquable par les illuminations publiques dont se parent les villes, ainsi que de nombreuses animations féeriques célébrant la magie de l’Avent. En Provence, nombreuses sont les traditions à avoir marqué le territoire. Désuettes ou toujours d’actualité, celles-ci sont toujours dans les esprits et sur les étals des marchés.

Les rituels anciens

Le blé de la Sainte-Barbe est un rite d’ouverture du cycle de l’Avent, le 4 décembre, jour de la Sainte-Barbe. Dans une soucoupe, les chrétiens sont invités à disposer de la ouate humide recouverte de grains de blé ou de lentilles. Ces petits sachets sont aujourd’hui vendus sur les marchés de Noël notamment, au profit d’associations locales. Ce blé verdoyant en l’hiver était considéré auparavant comme un présage de fécondité des terres agricoles.

Autre rituel, la veillée débutait autrefois par le cacho-fio, que Frédéric Mistral traduit comme « poser la bûche au feu ». Celui-ci est expliqué comme étant le transport d’une grosse bûche, en général d’arbre fruitier, dans l’âtre de la cheminée et son aspersion de vin ou d’huile par un aïeul ou par le plus jeune membre de la famille. Un acte effectué au moment de passer à table, en prononçant des paroles quasi sacramentelles : « Allégresse ! A l’an qui ven ! Se sian pas maï qué siguen pas mens ! » (« Allégresse ! A l’année qui arrive ! Si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins ! ») Une pratique aujourd’hui oubliée.

Au menu

Côté gastronomie, les 13 desserts sont évidemment dans tous les esprits. Au nombre de treize, non pour la superstition, mais pour rappeler les douze apôtres accompagnés de Jésus. Ils soulignent le caractère exceptionnel du souper où escargots, morue frite ou muge aux olives, cardon, scolie (chardon espagnol), céleri et poivrade sont à déguster en famille ou avec les « pauvres gens ».

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©T. DUVAL

Le repas s’achève par « un tas de friandises » comme l’écrit Frédéric Mistral, principal porte-parole de ces traditions locales. Des fruits frais, des fruits secs, des agrumes, des nougats sans oublier la célèbre pompe à huile. 

Le « gros souper » en Provence, le soir du 24 décembre, est un repas traditionnellement maigre pendant lequel les produits carnés sont absents et la préparation sans excès. Celui-ci doit comporter sept plats, un chiffre symbole faisant référence aux Sept douleurs de la Vierge. La tradition voudrait aussi que l’on couvre la table de trois belles nappes comme sur les autels des églises, en disposant des chandelles, bénies par la maître de maison.

Foires et crèches

La plus ancienne foire aux santons à Marseille était installée il y a de nombreuses années aux allées Meilhan, avant de prendre quartier sur la place Charles de Gaulle et de rejoindre, depuis peu, le marché de Noël au Vieux-Port. 

La Foire aux Santons d’Aix-en-Provence est quant à lui le plus grand rassemblement annuel de la ville, initié par la famille Fouque, où les chalands retrouvent chaque année de nouveaux personnages pour compléter leur décoration.

Dans les églises, les crèches prennent différentes formes : l’église des Chartreux, une crèche animée sur 25 m2 qui possède des santons automates ; la chapelle Notre-Dame du Château, à Allauch, représentant en partie le territoire oriental signifié par les habits des santons.

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La crèche de Noël de l’église Saint-Charles, rue Grignan à Marseille.

Qu’ils soient des figurines ou des « santons habillés », ces représentants du savoir-faire artisanal sont à admirer dès le début du mois de décembre dans les églises. Après la seconde guerre mondiale, les créateurs des deux principaux ateliers, Marcel Carbonel à Marseille et Paul Fouque à Aix-en-Provence, ont créé des santons aux formes fines et harmonieuses que l’on retrouve aujourd’hui notamment dans la chapelle de Notre-Dame de la Garde.

Une tradition bien ancrée, en atteste la 62e édition du salon international des santonniers à Arles qui se terminera le 12 janvier.

Parades

Les crèches vivantes représentent des saynètes interprétées par des figurants, généralement en prologue à la messe de minuit. Pendant celles-ci, les fidèles peuvent apprécier la présence des tambourinaires et des chorales qui interprètent les cantiques en langue provençale.

Le pastrage pendant cette messe est une procession des bergers, pêcheurs ou cultivateurs en costumes anciens qui apportent leurs produits de la terre ou de la mer en offrande, un vieux rite aujourd’hui perpétué dans les petites communes.

A Allauch, chaque premier dimanche de décembre, l’âne est mis à l’honneur lors d’une journée ponctuée de festivités. Les maquignons viennent des quatre coins de la région pour participer à l’une des plus grandes foires à l’âne.

Pour finir en beauté sur l’une des plus vieilles traditions, le 24 décembre au soir, la Descente des Bergers, spectacle féerique d’une crèche vivante, commence depuis la colline de Notre-Dame, à Allauch, suivie de la messe de minuit qui attire toujours de nombreux visiteurs.

Autant de rappels qui pourront vous aider à peaufiner vos fêtes. E Boni fèsto !

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