Les Champignons de Marseille pousseront bientôt sur de la paille de riz bio recyclée grâce à une solution portée par d’autres innovateurs marseillais : Mycoconcept. Le projet d’agriculture urbaine en circuit court continue ainsi sa croissance. Il fournit désormais de grandes enseignes comme Métro et Biocoop.
Voilà deux ans que Maxime Quemin et Nicolas d’Azémar ont décidé faire concurrence aux champignons de Paris avec les champignons de Marseille. Le concept : faire pousser des pleurotes sur du marc de café dans des caves marseillaises. De l’agriculture urbaine en circuit court permettant de valoriser un déchet conséquent de la restauration.
Si les champignons ont trouvé leur public et se vendent comme des petits pains, la collecte de marc de café s’est avérée trop coûteuse et compliquée. « C’est une filière encore trop difficile à développer à Marseille. Il n’y a pas encore assez de volonté. Seuls l’hôtel Intercontinental et la société Ricard continuent de nous fournir », explique Nicolas d’Azémar.
C’est donc avec un substrat biologique alternatif que l’agriculteur fait aujourd’hui pousser la majorité de ses pleurotes. Mais sa rencontre avec des innovateurs de l’agriculture eco-responsable va bientôt changer la donne.
De la paille de riz camarguais bio pour faire pousser des pleurotes
En effet, un projet d’économie sociale et circulaire marseillais, Mycoconcept, propose des solutions pour valoriser les déchets agricoles en utilisant le champignon. Soit pour transformer ces déchets en matériaux compostables afin de proposer une alternative aux produits pétrochimiques, « soit pour utiliser ces déchets agricoles comme substrat pour faire pousser des champignons biologiques, sains et goûtus », explique Clément Coulon, co-fondateur du projet.
Mycoconcept développe ainsi un partenariat avec des producteurs camarguais pour utiliser la paille de riz, un déchet habituellement brûlé, afin d’y faire pousser des champignons. C’est sur cette solution que les Champignons de Marseille compte bientôt s’appuyer pour leur production. « Il s’agira de paille de riz bio, ce qui nous permettra de certifier nos champignons, alors qu’il était difficile de tracer le marc de café recyclé » poursuit Nicolas d’Azémar.
Un remplaçant de choix, donc, pour soutenir la production grandissante de ses pleurotes.
Les champignons de Marseille entrent chez Métro et Biocoop
Car le succès des champignons de Marseille est bien établi. Les 400 kilos de pleurotes bio produits chaque mois dans les caves du lycée agricole des Calanques ont trouvé leur clientèle.
Le grossiste des commerçants, Métro, écoule déjà près de la moitié de la production dans ses établissements des Pennes-Mirabeau et de Venelles. Depuis la semaine dernière, un acteur majeur du commerce alimentaire bio a jeté son dévolu sur les champignons made in marseille : Biocoop. La chaîne les proposera à la vente dans ses établissements marseillais, à la place de pleurotes bretonnes, favorisant ainsi le circuit-court.
Un exemple de réussite pour l’agriculture urbaine à Marseille
Alors que l’agriculture urbaine se développe chaque jour un peu plus sur le territoire, les Champignons de Marseille se positionnent en modèle de réussite. « On a un bon produit, que beaucoup de gens apprécient », se réjouit Nicolas d’Azémar, aujourd’hui salarié à plein temps. « C’est un combat, mais on est très heureux que tout se concrétise, notamment grâce à l’excellente symbiose avec le lycée des Calanques qui nous accueille depuis un an ».
Avec la réussite économique du projet, « l’association va devenir trop étroite », explique le producteur. Société coopérative et participative (Scop) ou SAS ? Le futur modèle n’est pas encore défini alors que Nicolas songe déjà à recruter. « Il ne faut pas brûler les étapes, mais après une bonne année de production prévue en 2020, les champignons de Marseille feront un nouveau pas ».