Il aura fallu six mois de tests auprès de chirurgiens et experts dans le secteur de la santé pour permettre à la genouillère connectée, Ted Orthopedics, de se retrouver sur les étals des pharmacies. Le mois dernier, la start-up avait été sélectionnée pour faire partie des 12 lauréats en lice pour le prix EDF Pulse mettant en avant les nouvelles entreprises françaises et européennes dédiées à l’invention du monde de demain.
Arnaud Pioli, jeune entrepreneur marseillais, voit aujourd’hui son innovation commercialisée au niveau national. Un produit permettant aux patients de se rééduquer chez eux grâce à la prescription de leur médecin, lequel s’assure du bon déroulé de son utilisation via une application.
Comment a germé l’idée de votre innovation ?
On connaît tous des personnes qui ont des problèmes aux genoux, que ce soit lié à l’arthrose ou à des blessures au cours d’activités physiques. Avant, les patients bénéficiaient d’injections d’acide hyaluronique qui étaient alors remboursées. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas et cela coûte très cher.
L’idée était de mettre une nouvelle technologie à leur disposition, en partant du postulat que la rééducation permet de diminuer la douleur de 40% en quelques semaines. De plus, en France, 1 personne sur 2 de plus de 50 ans souffre d’arthrose. Il est donc primordial d’offrir une solution adaptée et peu contraignante qui permet de les soulager plus rapidement.
Je me suis rapproché d’Eric Truchet, qui est ostéopathe à La Valentine, à Marseille. Nous avons lancé la société ensemble en 2017 et l’avons conçue en collaboration avec des professionnels de la santé. Nous avons bénéficié de nombreuses subventions au niveau local et le produit a ainsi été créé en deux ans. La genouillère vient d’ailleurs de sortir dans certaines pharmacies.
Comment fonctionne la genouillère ?
C’est un véritable assistant de rééducation. Elle est certifiée dispositif médical, délivrée sur prescription du chirurgien, kinésithérapeute, rhumatologue ou médecin et est remboursée en partie par la mutuelle et la sécurité sociale, ce qui permet d’autre part de réduire les coûts médicaux. L’idée est de donner la possibilité au patient de gagner en autonomie dans sa rééducation grâce à une application qui propose des exercices.
Il suffit pour cela d’ajouter le nom du médecin, ce qui donne accès à ce dernier aux données de son patient. La prescription du protocole détermine ensuite la séance personnalisée de rééducation. Il y a un retour au médecin pour qu’il voit si tout se passe bien et qu’il puisse surveiller à distance la progression de la personne.
A qui s’adresse-t-elle ?
Nous avons trois cibles principales. La première sont les sportifs qui souffrent des ligaments croisés par exemple. Leur rééducation est toujours longue, cela leur permet de gagner du temps à domicile.
Ensuite, elle s’adresse à des personnes souffrant d’arthrose non opérée, les premiers symptômes apparaissent généralement aux alentours de 50 ans, c’est une maladie dégénérative. Pour les soulager, la rééducation fréquente est recommandée.
Enfin, nous avons ciblé les patients dotés d’une prothèse de genou. Ceux-ci se sont faits opérer de l’arthrose et ont aussi à suivre une rééducation.
Le produit a-t-il trouvé sa place chez les professionnels de la santé ?
Vingt cabinets de kinésithérapeutes sont déjà équipés. En décembre, une dizaine de médecins, rhumatologues et chirurgiens supplémentaires y auront aussi accès. La genouillère peut être commandée directement en pharmacie.
Nous lançons notre première levée de fonds qui va permettre de recruter pour le lancement de la commercialisation en France et de poursuivre la recherche sur les algorithmes et les études cliniques. Nous souhaiterions nous développer sur tout le territoire ; nous sommes déjà présents dans le Sud, autour de Marseille, et dans l’Ouest vers Bordeaux. Il semble que cette avancée technologique intéresse et nous espérons susciter l’intérêt du plus grand nombre.
Quel est votre parcours professionnel ?
J’ai suivi des études en école préparatoire au lycée Thiers, où j’étais en section MP (Mathématiques et Physiques NDLR). J’ai ensuite réussi le concours polytechnique et suis parti deux ans à Paris pour suivre une spécialité en « business development » de start-up. Puis je suis allé à Singapour un an avant de revenir m’installer à Marseille.
La campagne de financement de la genouillère arrivera à sa fin ce week-end, le 24 novembre. La plateforme Wiseed permet aux personnes intéressées d’investir sur cette innovation et participer à son rayonnement. Toutes les informations sont à retrouver sur le site de Ted Orthopedics.