Près de 2000 personnes sont venues écouter le candidat déclaré à la mairie de Marseille, au Manu Beach, vendredi soir. Dans son discours inspiré par Jacques Chirac, Bruno Gilles fait quelques mises au point. Un meeting-hommage où il réitère qu’il ne renoncera pas.
Il avait prévu les pommes. Rouges. Juteuses. Bien mûres. Longtemps avant que ne s’éteigne Jacques Chirac ce matin du jeudi 26 septembre. Cette pomme, c’est tout un symbole, celui de la « remontada » de Jacques Chirac dans la campagne présidentielle de 1995. Quand tous les sondages le donnaient perdant face à Balladur. « Et n’y voyait aucune allusion ».
A la tribune, vendredi soir, devant près de 2000 personnes, encerclant la piscine du Manu Beach, Bruno Gilles raconte et se raconte au travers de l’histoire d’un homme qui a marqué 42 années de sa vie (d’homme) politique. Pour le candidat (LR) à la mairie de Marseille, il ne pouvait en être autrement. Son discours est ponctué d’anecdotes habilement choisies pour adresser quelques messages clef à ses détracteurs. Il se souvient : alors qu’il était directeur de campagne de Jacques Chirac, pour le département, le grand rassemblement prévu au Dôme s’annonce désertique. « Nous ne sommes pas dans l’euphorie. C’est rien de le dire ».
« On ne peut pas courir tous les lièvres à la fois »
Peu de caméras, de micros, quelques journalistes de presse écrite… « Il remplira finalement la salle en grande configuration, soit 8 000 personnes : je me souviens, les gens couraient pour trouver une place assise, pour lui serrer la main et échanger quelques mots avec lui après son meeting. Nous n’avions pas commandé assez de pommes. Avec Claude Chirac et Renaud Muselier, nous n’en revenions pas », sourit le sénateur, en se tournant vers le président de Région, présent à ses côtés pour cette soirée hommage.
C’est ici l’occasion pour les deux hommes ; amis de longue date, « les bébés Chirac », de retracer leur parcours aux côtés de l’ancien président de la République, dont ils brossent, tour à tour, les qualités, au premier rang desquelles : la détermination. « A la question, la droite est-elle capable de se redresser ? Il faut penser à Chirac », répond son ancien ministre, qui se pose en garant de « l’unité » à Marseille. « On ne peut pas courir tous les lièvres à la fois, tout vouloir, tout prendre », déclare-t-il.
Et prévient de ne pas tenir compte des sondages (en référence à celui paru la veille). Bruno Gilles s’est d’ailleurs refusé à le commenter, jugeant la démarche « indécente », après la mort de Jacques Chirac, et non pas, parce que Martine Vassal y est grande favorite.
Pour mettre un terme à ce duel fratricide, Renaud Muselier propose « de bâtir un front marseillo-compatible » autour du travail que mène déjà Bruno Gilles. « Voilà l’alchimie qu’il faut arriver à mettre en place », dit-il, tout en assurant en coulisse, que les deux rivaux de la droite doivent trouver un accord. Reste que Bruno Gilles s’applique la recette chiraquienne qui a conduit son mentor à la victoire.
« Quel prix on est prêt à payer pour que je me désiste ? »
1995, « c’était le combat de sa vie ». 2020, le combat de la sienne. « Rien, ni personne n’aurait pu l’arrêter. Rien. Ni personne. Quand on est déterminé, rien ne peut vous arrêter. Rien », déclare-t-il, appuyant chacun de ses mots. Limpide donc. Et pour ceux qui doutent encore qu’il aille jusqu’au bout de cette campagne, il dégaine : « Je leur réponds comme Chirac au 20 heures d’Arlette Chabot, sur Antenne 2, au début de l’année 1995, vous parlez sérieusement ou vous faites de l’humour… ».
L’assistance rit, mais le sénateur est, on ne peut plus sérieux. « Jacques Chirac m’a appris à ne jamais abandonner ». 1995, c’est aussi cette campagne que les Guignols de l’info sur Canal + avait parodié avec Chirac criblé de poignards dans le dos. Une manière de faire allusion à sa propre situation au sein de sa famille politique.
Il ne jettera donc pas l’éponge, et met les points sur les « i » « sur un certain nombre de critiques » formulées à son encontre, quant à son choix d’une carrière nationale, comme l’a soulevé Martine Vassal (lire notre article précédent). « C’est ne pas comprendre que c’est au contraire une chance, un privilège, un honneur d’avoir aussi mené des mandats nationaux (il a été député puis sénateur, ndlr). D’ailleurs, Jean-Claude Gaudin l’a toujours dit, il faut connaître le national pour prétendre diriger une ville comme Marseille ». Il balaye ainsi d’un revers de main la proposition de mener la liste sénatoriale en septembre 2020, et s’amuse de toutes les tentatives de manœuvres en sous-marin : « Quel prix on est prêt à payer pour que je me désiste ? », confie-t-il, après le meeting, à quelques journalistes.
« La politique, ce n’est pas je, je, je… »
Sur l’estrade, une autre histoire vient ponctuer son propos : cette journée où « dans une petite salle un peu grise d’un hôtel sans âme », il organisait une rencontre pour Jacques Chirac qui voulait comprendre les problématiques de la toxicomanie et du Sida. « Trois heures de discussion avec des spécialistes. Une grande leçon de politique ». Un prétexte pour la suite : « La politique ce n’est pas je, je, je. La politique, c’est de l’empathie, c’est de l’écoute. La politique, c’est le nous, nous, nous ! ». Remerciant Renaud Muselier de sa confiance, le prenant à témoin : « Voilà pourquoi nous nous retrouvons sur des sujets aussi importants et que nous partageons une vision commune sur la nouvelle gouvernance pour Marseille et l’exigence d’une vraie éthique politique ».
Lui, qui s’est engagé en politique à l’âge de 16 ans, veut mener « son combat pour les enfants de Marseille », déclare-t-il, entouré de son épouse, et ses deux enfants venus le rejoindre à la tribune. Et de conclure en reprenant le célèbre slogan scandé au stade Vélodrome : « Vous êtes les Marseillais. Nous sommes les Marseillais. Et nous allons gagner ».
Chez les Républicains, désormais, on compte les points. Qui aura l’avantage ? Qui restera sur le carreau ? Le jeu de paume à commencé !