Cagole Nomade est une jeune marque marseillaise spécialisée dans le prêt-à-porter et accessoires éco-conçus. En collaboration avec des couturières du Panier, la start-up locale a pour vocation de sensibiliser les Marseillais sur les questions du genre et de l’environnement.
Libre. Féministe. Responsable. Trois termes qui résument le positionnement de la marque de prêt-à-porter et accessoires Cagole Nomade, lancée en 2019 par deux Marseillaises. Aussi jeunes qu’entreprenantes, Lisa Markarian et Moranne Deroff font aujourd’hui partie des représentantes d’une génération qui prône la liberté, à commencer par celle du genre.
Sur son e-shop, mais aussi dans les boutiques Chez Laurette et Aux Deux Comptoirs, les intéressés y retrouvent d’ores et déjà des produits unisexe, entre les vestes et les sweats aux allures sportswear, ainsi que des accessoires comme les bonnets, protège-passeport et trousses de voyage. Le tout conçu à partir de matières biologiques, recyclées et upcyclées, comme des chambres à air et de vieux tissus. Pour affirmer son positionnement, Cagole Nomade vient de dévoiler sa nouvelle collection.
Cagole Nomade : sensibilisation environnementale et symbolique
L’aventure commence d’une passion commune, celle du voyage. Canada, Colombie et Sénégal pour Lisa, Pérou et Irlande pour Moranne. « On était amies au lycée, raconte Lisa. C’est en revenant chacune de nos périples que l’on s’est retrouvées. À l’époque, j’avais l’envie de lancer un blog de voyages, qui s’appellerait “Cagole Nomade”, puisque la cagole est un terme typiquement marseillais. C’est Moranne qui a soumis l’idée qu’on reprenne le nom pour en faire quelque chose de plus intéressant, en y associant la vente de produits sur fonds de sensibilisation environnementale ».
Aussitôt dit, aussitôt fait. En juillet 2019, elles lançaient une campagne de crowdfunding. Pari gagné puisqu’en un mois seulement, 8 000 euros ont été récoltés. « L’idée a plu, car elle met en avant des valeurs qui concernent tout le monde. La première production a donc pu être lancée avec un atelier de textile bio à Marseille, SteezStudio, puis on faisait broder les produits dans les quartiers Nord ».
« Une manière de combattre une forme de mépris social »
Les premiers temps, la vente directe s’organise dans les pop-up stores, notamment à Paris où, contre toute attente, la marque trouve son public. L’occasion aussi de sensibiliser les potentiels clients quant aux thématiques que soulève l’entreprise et déconstruire les stéréotypes.
« Le terme “cagole” est généralement mal perçu, évoque Lisa. Pour beaucoup, c’est la femme sans classe, qui dérange. Mais, dans l’étymologie, “cagoulo” est le nom du tablier de l’ouvrière marseillaise qui travaillait dans les usines de dattes. Certaines devaient combiner plusieurs métiers pour s’en sortir financièrement. Cagole Nomade, c’est une manière de combattre une forme de mépris social, quand il s’agit d’un mode de vie et d’un état d’esprit. Les personnes sont libres d’être respectées pour ce qu’elles sont, et non discriminées parce qu’elles dérangent ».
Des pièces uniques upcyclées
Outre son message prônant l’ouverture, Cagole Nomade veut s’inscrire dans une dimension environnementale marquée et remarquée. Petits volumes d’articles, pré-vente… Chacune des pièces est unique, milite pour “l’anti-gaspi”, élaborée à partir de matières recyclées, comme des chambres à air et des tissus récupérés auprès d’associations comme Emmaüs.
Pour cela, les jeunes femmes se sont associées à deux couturières indépendantes du Panier (2e), l’une chargée de la partie upcycling, l’autre du design des pièces. Cette nouvelle collection rassemble des pièces comme des porte-gourdes munies d’une poche pour le téléphone et assorties aux vestes de style années 90, de taille “universelle”. Les clients peuvent aussi choisir de personnaliser leurs produits à la demande.
« Si aujourd’hui on fait vraiment un travail artisanal, l’idée est de faire davantage de ventes en travaillant avec un atelier de couture du 15e arrondissement. On veut d’abord s’associer avec des graffeurs pour donner une autre dimension aux produits et valoriser les artistes marseillais. On veut d’autre part s’imposer dans l’univers féministe en proposant les premières robes unisexes. On nous a dit que nos vêtements faisaient très masculins, ça nous a donné l’idée de partir sur un nouveau type de produit, histoire que tout le monde se sente inclus, sans que le genre soit une barrière », indique Lisa.
Devenir une référence dans le Sud
La start-up est aujourd’hui incubée dans le programme d’accompagnement Les Déterminés, lancé à l’Orange Vélodrome, et a été sélectionnée parmi les finalistes du concours du Phare de l’Entrepreneuriat qui aura lieu le 11 mars, à la Kedge Business School. 100 000 euros à partager à la clé pour les projets retenus. Un coup de pouce conséquent qui devrait accélérer le développement de la boîte.
« L’entreprise a été créée grâce au soutien des internautes et les ventes qui ont été générées par la suite, il n’y a pas eu d’appui de banques ou de collectivités jusqu’à maintenant, souligne la fondatrice. Ce genre de concours peut être décisif pour nous, pour grandir et se faire connaître. On est des artistes mais on doit aussi savoir faire du business et s’adapter à notre communauté. L’idéal serait de pouvoir faire du co-développement de produit, d’ici 2022, tout en devenant une référence dans le Sud par le biais de notre engagement, qui met en avant l’art de la jeunesse marseillaise ».