La Région Sud a présenté ce jeudi 4 septembre le dispositif « Escales zéro fumée », en présence de la ministre de la Transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne et de son secrétaire d’Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari. 30 millions d’euros pour réduire la pollution maritime de trois villes portuaires du territoire. Objectif : le branchement à quai de tous les navires d’ici à 2025.
15,8%. C’est ce que représente la Méditerranée sur le marché mondial de la croisière maritime, en seconde position derrière les Caraïbes. Dans la région Sud, cette filière représente 2,7 millions de passagers. Une activité maritime croissante qui a pour impact la dégradation de la qualité de l’air dans les villes portuaires. La majorité des émissions du transport maritime sont émises lors du stationnement à quai et dans la zone de navigation à vitesse réduite à l’entrée des ports. Un paquebot consomme entre 500 à 2000 L/H de fioul dit « lourd » (très chargé en soufre), soit l’équivalent, lorsqu’il est à quai, d’environ 250 voitures.
L’ennemi est clairement identifié : les émissions polluantes dans les villes-ports. À Marseille, les navires sont responsables de 40% des émissions d’oxyde d’azote (NOx), 32% des émissions de dioxyde de soufre (SOx) et 15% de particules fines. La part du secteur maritime est estimée entre 10 et 15% du total des pollutions atmosphériques sur l’air marseillais. Aujourd’hui, 20% de la population de Provence-Alpes-Côte d’Azur est exposée à au moins un dépassement des normes de qualité de l’air, imposées par l’Europe et l’Organisation mondiale de la santé.
Dans ce contexte étouffant, le projet de branchements à quai des navires de croisières représente un enjeu majeur. Et c’est le sens du dispositif « Escales zéro fumée », présenté en grande pompe, ce jeudi 4 septembre, à l’Hôtel de région. « Depuis l’antiquité, nos ports sont le trait d’union de nos territoires », a introduit Renaud Muselier, président de la Région Sud, devant un parterre de personnalités du monde politique, économique, universitaire, scientifique, de la croisière, de la réparation navale, administrateurs d’autorités portuaires, armateurs, collectivités… « Nos ports font vivre nos territoires. La force de nos ports n’est pas seulement une histoire de bilan comptable, ils sont un lieu d’échanges, de transits et d’histoires souvent remarquables ».
5 millions d’euros pour permettre aux compagnies maritimes de verdir leur flotte
Avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), la Région Sud va investir 30 millions d’euros pour réduire la pollution maritime. Cette somme permettra de financer les infrastructures nécessaires pour le branchement à quai des navires, qui se présente comme l’une des solutions les plus performantes d’un point de vue environnemental. Au Grand Port Maritime de Marseille, la Méridionale est la première compagnie à s’être engagée dans l’électrification à quai des navires.
Pour soutenir ces actions, 5 millions d’euros seront fléchés à destination de compagnies maritimes pour le verdissement de leur flotte et un million d’euro sera réservé à l’accompagnement de l’équipement de « scrubbers », filtres amovibles fixés sur les cheminées de bateaux, « essentiels pour faire disparaître les fumées au démarrage des navires », reprend Renaud Muselier.
La Méridionale, comme la Corsica Linea, (principales compagnies qui assurent la liaison entre la Corse et Marseille) ont déjà équipé certains de leurs navires de ce dispositif de traitement de fumées. Par ailleurs, la compagnie aux couleurs rouge et blanche a investi dans l’électrification à quai et a acquis, cet été, son premier navire neuf propulsé au GNL.
Le premier hub GNL en Méditerranée
Le gaz naturel liquéfié (GNL) est également appelé à se développer. La propulsion au GNL permet de réduire jusqu’à 25% les émissions de CO2, de 99% les émissions de soufre et de particules fines et de 85% les émissions d’oxyde d’azote. En la matière, la CMA CGM a ouvert la voie. L’armateur, leader mondial du transport maritime et de la logistique a pris livraison depuis 2018 de ses deux premiers navires propulsés au GNL et recevra au total 20 porte-conteneurs au GNL d’ici à 2022, dont 9 navires d’une capacité de 22 000 EVP (Équivalent vingt pieds) à partir de l’année prochaine.
Pour rendre sa flotte plus éco-responsable, le Groupe a introduit ces dernières années de nombreuses innovations permettant de diminuer ses émissions de CO2 par conteneur transporté de 50% entre 2005 et 2015 et de 17% entre 2015 et 2018, avec l’objectif de réduction de 30% supplémentaires à l’horizon 2025.
Pour poursuivre dans cette dynamique vertueuse et favoriser le mix énergétique, 1 million d’euros sont donc prévus pour le développement de cette filière. Une somme qui permettra la structuration avec le Grand Port Maritime de Marseille du premier hub GNL en Méditerranée, en utilisant les infrastructures de deux terminaux méthaniers d’Elengy. Cela permettra la mise en place d’un service de soutage au GNL par les énergéticiens. (Total Marine, Fuels, Shell…)
100% des navires de croisières branchés à quai d’ici en 2025
Avec le projet « escales zéro fumée », le Grand Port Maritime de Marseille amorce une nouvelle phase de sa transition énergétique. Ainsi 20 millions d’euros sont investis pour l’électrification des quais : 10 millions sur les 30 millions du dispositif. Une somme qui vient s’ajouter à celle attribuée par le Département des Bouches-du-Rhône (6 millions d’euros), soit 80% de subventions pour mener à bien ce projet.
Dans les années à venir, le GPMM va équiper le secteur porte 4 Cap Janet d’un apport de puissance de 25 MW en 50 Hz avec la création d’un nouveau poste électrique en lisière portuaire du terminal Maghreb et des terminaux de réparation navale.
Avec #escaleszerofumee @MaRegionSud et @ademe investissent 30 M€ pour réduire la pollution maritime. Objectif : brancher à quai tous les bateaux d’ici 2025, soit une réduction de 10% de la pollution globale #GPMM #qualiteair #croisieres pic.twitter.com/ffjNbZC2os
— made in marseille (@MadeMarseille) September 5, 2019
« Escales zéro fumée », prévoit le branchement de la totalité des ferries à l’horizon 2023, et tous les navires de croisière en escale en 2025, soit une réduction de 10% de la pollution globale.
Création d’une zone Eca en Méditerranée
« C’est une très belle avancée » a assuré Elisabeth Borne. « Les transports ont un rôle particulier à jouer dans la transition écologique de notre pays. La transition écologique est un enjeu qui doit tous nous rassembler ; c’est le pari que vous faites avec ce dispositif dans lequel nous sommes tous engagés. Cette longueur d’avance que vont prendre nos ports c’est une chance, une opportunité pour eux ».
Aujourd’hui à Marseille : @Elisabeth_Borne et @Djebbari_JB en visite sur le Piana, navire de @lameridionale. Ce navire est équipé d’un filtre à particules et c’est une première mondiale ! pic.twitter.com/cW0TJMxTIr
— ARMATEURS DE FRANCE (@ArmateursFR) September 5, 2019
Dans son discours, la ministre a également mis en avant la désignation de la Métropole Aix-Marseille-Provence parmi les 19 lauréats retenus par les services de l’État dans le cadre de l’appel à projets « Zones à faibles émissions (ZFE) ». Sur ce sujet, elle a réitéré la volonté de l’Etat de mettre en place une zone internationale de limitation de la pollution des navires (Eca) à l’échelle de la Méditerranée afin de réduire la pollution atmosphérique du secteur maritime. Une telle zone permet d’introduire une réglementation plus stricte en matière d’émissions des navires, avec une norme de soufre abaissée à 0,1% dans cet espace.