En marge du lancement du Grand Prix de France de F1 au circuit du Castellet (83), Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes Côte d’Azur, nous a accordé un entretien. L’occasion de faire le point sur la stratégie régionale, la course pour les élections municipales et ses ambitions personnelles.
Made in Marseille : Vous annoncez de fortes retombées économiques pour cette nouvelle édition du Grand Prix de Formule 1. Quelles sont vos attentes ?
Renaud Muselier : Nous voulons inscrire de façon pérenne cette compétition aux dimensions internationales pour la mise en avant de notre région. L’année dernière, le Grand Prix a rapporté 78 millions d’euros. Pour 1 euro d’argent public investi, ça nous a rapporté 8 euros. Il faut aussi comprendre que le Grand Prix représente un potentiel de développement très fort en termes de formation, car à partir de cet événement nous voulons fabriquer des centres de formation, dirigés vers cette filière d’excellence. Plus de 10 000 élèves et lycéens étaient présents aujourd’hui, on a vu les étoiles briller dans leurs yeux, cela a sans doute suscité des vocations.
Christophe Castaner sera présent demain après-midi sur le circuit, c’est un signal fort. Que pensez-vous des venues répétitives du Gouvernement en ce moment et des stratégies de rapprochement avec En Marche évoquées par Jean-Claude Gaudin ? (Ndlr : Brigitte Macron est venue à Marseille il y a quelques jours, Emmanuel Macron est annoncé lundi à Marseille pour le Sommet des deux rives)
R.M. Il y a des agitations qui se font au lendemain des élections… Je pense que c’est une stratégie qui vise à perturber les codes de lectures politiques pour compliquer les démarches. J’invite les marcheurs à faire attention, transposer les européennes sur les municipales est une faute lourde. J’invite les maires sortants à être fiers de leur bilan s’ils ont bien travaillé. Les élections municipales, c’est une autre démarche, et les électeurs voteront pour les figures qu’il connaissent, qui manifestent un programme, un projet et des alliances, pour des personnes compétentes.
Une alliance LREM et LR, vous y croyez ?
R.M. Les alliances se construisent sur la confiance, non sur l’opportunité. Demain, mon ami Christophe Castaner vient au circuit, la seule chose que je constate est que pour la première fois, depuis que nous avons réussi à obtenir ce Grand Prix, le gouvernement français nous soutient. Le ministre des Sports a donné des moyens sur la compétition, le ministre de l’Intérieur s’y déplace, ce qui va nous permettre d’avoir des arguments supplémentaires pour défendre la pérennité de notre candidature pour ce circuit. Tout n’est pas fondamentalement, en tout cas dans mon esprit, un montage politique, avec des arrières pensées permanentes. Si nous réussissons notre opération, en ayant balayé les difficultés de l’année passé, ce sera une victoire pour la région, l’emploi, les filières techniques, parce que tout ça offre des emplois à la clé.
Comment vous sentez-vous à la tête de la Région ? L’Europe ne vous manque-t-elle pas ?
Si beaucoup, parce que l’Europe est un endroit où on peut faire avancer le territoire, et je pense en tant que député, avoir été un ambassadeur intéressant pour notre territoire au niveau européen. Mais sur le plan personnel, je vous avoue que ça me repose, je suis maintenant plus disponible pour la région et plus en permanence dans un avion. Enfin, j’étais déjà disponible pour la région auparavant aussi, notamment dans le cadre du lobbying que j’effectuais pour récolter des fonds européens. Je mets d’ailleurs actuellement en place une structure là-bas avec des nouveaux élus, pour faire en sorte que nous ne soyons pas exclus des budgets européens qui s’annoncent, alors que nous étions en plein dedans.
Lundi vous accueillerez le président Macron au Sommet des deux rives qui se tient à Marseille, alors que vous rentrez tout juste d’un déplacement au Liban, comment appréhendez-vous la situation ?
Ce déplacement conforte ma vision de respiration sur le bassin méditerranéen. Nous avons besoin d’une politique euroméditerranéenne et mon expérience au niveau international montre que nous avons une crédibilité, que notre région a un sens. J’ai été reçu par les plus hauts responsables politiques du pays. Cette politique de diplomatie territoriale fait que nous apportons des propositions et des solutions au niveau du bassin méditerranéen. D’ailleurs, le Sommet des deux rives de lundi est la suite de cette démarche, où la France doit trouver sa place, avec la région comme fer de lance dans cette politique euroméditerranéenne. Ce créneau-là, dans le cadre de mes activités, il n’y a que moi pour le porter…
Justement, est-ce que ça vous donne des envies pour la suite ? Vous a-t-on a proposé des fonctions au gouvernement ?
D’abord, je ne cherche pas à être au gouvernement, même si je fais partie des personnalités qui peuvent être intéressantes du fait de leur expérience et leur capacité de travail. Personne ne me dit jamais que je suis sectaire, je suis un pragmatique, donc forcément je pense que cela peut intéresser. Mais, je me consacre à la région, et je tiens à rappeler qu’elle a des capacités incroyables ! Mon enjeu aujourd’hui est de réussir à fédérer sur le plan économique : les partenaires professionnels, les syndicats, les patrons, les chambres consulaires, et sur le plan de la direction : la totalité des métropoles, des départements et des communes. Ma démarche est également de mettre en place des pôles de compétence et de compétitivité afin de créer de l’emploi… Et, je pense que le message se comprend de plus en plus.